Critique Le Lac des Morts-Vivants [1981]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le samedi 2 août 2008 à 18h10

La vengeance des zombies moisis

Malgré que les apparences tendent à prouver le contraire (avec ses petites maisons provençales, un véhicule avec un autocollant corse et des comédiens portant des fringues des années 80), l’histoire du Lac des morts-vivants se déroulent dans les années 50, quelque part dans un pays des républiques slaves. En Russie, probablement, si l’on se fie aux noms des différents protagonistes (Helena, Irina… ) et à l’une des phrases du film : « c’est surement l’œuvre d’une bête sauvage, venue de la toundra avec les rigueurs de l’hiver ». Bon, c’est vrai, j’avoue que comme indices, tout ça est un peu maigre (surtout qu’en ce moment, il fait super beau, la preuve ? : tout le monde se baigne dans cette eau croupie). On reste donc dans le flou sur la nature des lieux, mais bon, peu importe... D’ailleurs, j’ai la ferme impression que chez Eurociné, ce détail était le cadet de leurs soucis.


Venons-en plutôt aux faits. Ce village est établi près d’un lac, baptisé le lac Maudit, ou le lac des Maudits (ou le lac Maudit des Maudits, précisera le maire à une journaliste). Au début du film, une jeune fille, probablement grisée par la musique jazz composée sur un Bontempi par Daniel White (compositeur attitré de la maison Eurociné), se met totalement nue et après quelques poses lascives sur un tronc d’arbre (usage d’un symbole ?), décide de se baigner dans les eaux boueuses de l’étang (et cela malgré qu’un panneau portant une tête de mort soit planté sur la berge en guise d’avertissement). La fille se met alors à barboter et à effectuer quelques brasses, ce qui donne l’occasion à Jean Rollin (réalisateur officieux de ce film) de réaliser quelques plans sous-marins fripons nous dévoilant l’entrecuisse de la belle (ce ne sera pas les seuls, rassurez-vous, bande de pervers !). Ce (charmant ?) spectacle ne laisse pas de marbre un soldat allemand moisi qui se planque au fond du lac. Saisie et entrainée au fond des eaux, la jeune fille est alors la première victime des zombies ; en même temps, ça lui apprendra à se débarrasser de sa jugeote en même temps que de ses effets.
Les soldats zombies vont alors sortir tous les soirs (enfin, on veut nous faire croire que c’est le soir, mais franchement…) pour assassiner des villageoises en leur faisant des bisous dans le cou (si, si, des bisous, on voit très bien que les comédiens ne mordent pas leurs partenaires). Ah, ils ont fier allures ces gars de la Wermarcht, avec leurs uniformes déchirés, leurs visages dégoulinant de peinture verte (ils n’ont même pas utilisés du maquillage waterproof !) et leurs yeux rougeauds. Après avoir tué une lavandière (dont le corps, tel un vieux sac de patates, sera porté par les villageois devant le perron de la mairie et balancé au sol, la culotte Petit Bateau à l’air), les zombies passent aux choses sérieuses quand une équipe de basket féminine décide de s’encanailler un peu dans les eaux du lac. S'ensuit alors une séquence rigolote et décalée où, sur une musique de comédie friponne (style les films de Max Pécas), ces impudiques sportives (enfin, vu l’embonpoint de certaines, cette équipe ne doit pas être très performante) ôtent shorts et t-shirts, se jettent à l’eau et se mettent à chahuter entre elles, petits rires coquins en sus.

C’est à ce moment que se produit l’un des plus hilarants faux raccords de l’histoire du cinéma (ce film en est d’ailleurs rempli, comme le soldat allemand morts qui se fait piquer ses bottes et qui revient en zombie botté). On note en effet que sur les plans extérieurs, les jeunes filles ont de l’eau (vaseuse et pleine de nénuphars visqueux) qui leur arrive à peine jusqu’à la taille, alors que les prises de vue sous-marines nous montrent des nageuses qui sont loin d’avoir pied (des plans probablement tournés dans un bassin, car il me semble en avoir entraperçu les parois). Et tout cela pourquoi ? Pour tout bonnement accentuer l’angle de la contre-plongée, histoire de mieux nous dévoiler l’intimité des jeunes filles ! Puis les zombies surgissent du fond de la piscine et attrapent les naïades de leurs mains verdâtres et viriles (j’en ai même vu un qui, discrètement, en profitait pour tripoter un peu les fesses dodues de l’une des filles). Toutes sont entrainées vers le fond, sauf une, qui, tel Philipidès à Marathon, parvient à alerter le village avant de tomber, inanimée et les nichons à l’air, dans les bras de figurants goguenards.
Pendant ce temps, le maire, inquiet, essaye en vain d’alerter les autorités. Pour le moment, il n’a eu comme visiteuse qu’une journaliste, ce qui nous permet cependant de savoir d’où viennent ces ridicules créatures qui, en guise de peau en décomposition, se voient dotés de bouts de papier toilette collés maladroitement sur leur visage. En effet, le maire se confie à la charmante (mais exécrable actrice) journaliste. Il donne même des précisions qu’il ne peut, selon toute logique, connaître, comme des détails sur la nuit d’amour entre un soldat allemand et une villageoise. Et puisque l’on y est, parlons-en, tiens, de ces étreintes amoureuses. On a ici l’une des séquences de baise comptant parmi les plus chiantes de l’histoire du cinéma : effroyablement longue, bercée par une ritournelle au violon totalement nulle (qui reviendra régulièrement au cours du métrage), bref un spectacle aussi sensuel qu’un bain de minuit de Raymond Barre. C’en est presque douloureux. Le maire (interprété par un Howard Vernon qui essaye de faire correctement son travail de comédien) confie alors à la journaliste que ces zombies sont des soldats tués par les villageois durant la guerre, et dont les corps ont été jetés dans le lac. Un lac, qui, au moyen-âge, servait de lieu de sacrifice impie. Et c’est pour ça que, aujourd’hui, ils reviennent (ah bon ?).

Les flics finissent par arriver, deux ploucs interprétés par Jean Rollin himself et Antonio Mayans. Ils se rendent au bar, ne pensent même pas à interroger la basketteuse survivante et finissent par succomber sur les rives du lac, victimes passives de zombies mous comme des chiffes. Le fait est que, la police étant impuissante (et surtout composée d’incapables), le maire et les villageois décident de prendre les choses en main au cours d’une réunion à la postsynchronisation digne d’une pub pour lessive. Ils commencent par tirer au fusil et au pistolet sur les morts-vivants, mais c’est peine perdue car ils sont insensibles au balles (de toutes façon, malgré les dizaines de cartouches et de balles tirées à bout portant, il semblerait qu’aucune n’ait atteint sa cible). Ils vont alors utiliser Héléna - Anouchka, une enfant qui parle comme un robot - car elle est la fille de l’un des soldats allemands. La gamine, équipée d’un bol de sang (la classe, hein ?), va alors attirer les zombies dans un vieux moulin, que les villageois vont nettoyer au lance-flamme.

La conclusion de à propos du Film : Le Lac des Morts-Vivants [1981]

Auteur Nicolas L.
10

Le Lac des morts-vivants est l’un des films les plus mauvais du catalogue Eurociné (qui n’en manque pas). Non reconnu par Jean Rollin (il est signé par un certains J.A. Lazer), ce nanar bis est pourtant son œuvre. On peut cependant comprendre la réticence du cinéaste devant la qualité exécrable de ce produit, si nul qu’il en devient hilarant, comme dans la première apparition des zombies, ou l’un d’entre eux émerge de l’eau avec un nénuphar sur la tête. Très mal interprété (sauf Howard Vernon, qui essaye de sauver les meubles), doté de maquillages lamentables, bourré de faux raccords honteux, et pilonné par une musique insupportable, le Lac des morts-vivants est un véritable bonheur pour les amateurs de nanars… et un désespoir pour les autres.

On a aimé

  • Howard Vernon
  • Involontairement drôle

On a moins bien aimé

  • Réalisation hasardeuse
  • Interprétation catastrophique
  • Maquillages minables
  • Musique horripilante

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