Critique Anthropophagous [1980]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le vendredi 29 juin 2007 à 15h04

Sandwiches grecs ...

Des touristes visitent une île grecque et y découvrent un village apparemment déserté par sa population. Ils font alors l’erreur de vouloir s’y établir provisoirement, car en plus d’égarer rapidement Maguy, une jeune femme enceinte, il avoir la mauvaise surprise devoir jaillir de ces lieux sordides un monstre affamé de chair humaine…


Alors que les cris des gardes nationaux de la Colline a des Yeux 2 résonnent encore dans ma tête, je me suis décidé à rejeter un œil sur l’un des fleurons du cinéma dégueu des années 80, à savoir Anthropophagous. Un véritable chef d’œuvre du cinéma bis transalpin qui poussait la provocation et l’horreur graphique dans ses derniers retranchements - comme tente aujourd’hui de le faire le jeune réalisateur allemand Martin Weisz. Il m’a en effet semblé intéressant de sortir ma cassette de son carton poussiéreux, afin de rendre un hommage mérité à ce style très particulier qui a marqué dix ans de cinéma et retrouve depuis peu ses rangs de « noblesse ».
Mais qu’est-ce Anthropophagous (que je vous défie d’écrire d’une seule traite sans faire la moindre faute) ? En fait, pour ce film, le pornographe Joe d’Amato réunit en un lieu isolé une poignée d’individus sans relief. Ceci étant, il les massacre devant ses caméras par l’intermédiaire d’un fou furieux avide de chair humaine et notamment de viscères bien sanguinolents. C’est tout. Basta. Le scénario ne va pas chercher plus loin que ça, c’est très basique, très direct, à la manière d’un film pornographique.
Sachant donc que le climax horrifique de son film ne viendra pas d’un quelconque suspens, l’alter ego italien de Jésus Franco choisit la voie du classicisme de l’école italienne afin de construire une imagerie lourde et oppressante - de plus il nous préserve de ces zooms chiants si chers à l’espagnol. Et force est d’admettre que, hormis la présence d’une bande originale aujourd’hui bien trop datée, il y parvient très bien. Filmée avec lenteur, voire somnolence, la visite du village s’imprègne d’une atmosphère étouffante et sinistre. Il se dégage un climat de malaise très dérangeant qui ne va pas lâcher le film jusqu’à ce que le cannibale s’attaque aux visiteurs comme une bête fauve.
Et là, on passe dans le domaine du paroxysme vomitif ! Joe d’Amato avait fait déjà très fort avec Blue Holocaust, un film plus recherché et plus « réfléchi », ce coup-ci, comme il sait que son œuvre est dépourvue de tout intérêt intellectuel (quoique l’on peut toujours philosopher sur la symbolique du cannibalisme, ultime acte d’amour pour certains), il grimpe encore d’un cran le niveau de l’abject. Ça étripe, éventre, ampute, écrabouille, arrache, le tout dans les excès démonstratifs vraiment peu crédibles mais efficaces - en fait, c’est plus gerbant que terrifiant. De plus, avec l’arrivée d’un orage qui oblige le silence de morgue à céder la place au vacarme, le spectateur se retrouve soudainement totalement agressé par la narration. Cet important renversement d’ambiance ainsi la violence de ces massacres (filmés en plan large, limite voyeuristes), accentuent encore plus le sentiment de malaise d’un spectateur qui n’a jamais peur mais qui se voit poussé dans ses derniers retranchements – du moins dans le registre du soutenable.
Certaines scènes sont restées célèbres car foncièrement contre nature, inhumaines. Des séquences qui vont au-delà de la simple anthropophagie comme lorsque le cannibale dévore le fœtus arraché à une femme enceinte, et devant les yeux de son mari agonisant qui plus est ! Ou quand, éventré et les intestins à l’air, le cannibale en vient à se dévorer lui-même de manière vorace.Bref, Joe d’Amato ne met pas de gants, jusqu’au-boutiste évoluant régulièrement dans le milieu du X, il imprime à ses scènes d’horreur la même violence, la même laideur, la même mécanique que les actes sexuels de ses films porno (pas tous cependant, Joe d’Amato ayant également réalisé des films érotiques plus sensuels, évitons donc de cataloguer le personnage comme un pervers incurable), réduisant celui-ci à un pur exutoire organique. Dans Anthropophagous, on ne baise pas la viande, on la mange, mais le concept est le même…

La conclusion de à propos du Film : Anthropophagous [1980]

Auteur Nicolas L.
65

Bien qu’il soit loin d’être le film le plus gore du cinéma bis transalpin, Anthropophagous est un classique, un incontournable de par sa manière à filmer le malsain et la souillure. Et s’il n’est pas non plus le meilleur film de Joe d’Amato – Blue Holocaust lui est bien supérieure – ce film mérite cependant de figurer dans les vidéothèques et les « dvdthèques » de tout amateur de film d’horreur qui se respecte.

On a aimé

  • Scénario inexistant
  • Réalisation parfois bâclée
  • Musique nase et chiante

On a moins bien aimé

  • Des scènes d’anthologie
  • Une atmosphère lourde et écoeurante

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