Critique Wonderland, le royaume sans pluie [2019]

Avis critique rédigé par Bastien L. le mercredi 25 octobre 2023 à 09h00

Akane au pays des merveilles

L'animation japonaise compte en ses rangs de nombreux maîtres qu'ils soient anciens (Hayao Miyazaki, Isao Takahata...) ou plus jeunes (Mamoru Hosoda, Makoto Shinkai...) mais aussi des réalisateurs moins côtés à l'image de Keiichi Hara.

Ayant débuté à la télévision, l'homme est d'abord connu pour être rattaché aux séries (ainsi que leurs films dérivés) Doraemon, 21 Emon et Crayon Shin-chan qui l'occupèrent des années 1980 jusqu'au début des années 2000. C'est en 2007 que l'homme se fit réellement connaître internationalement via son premier film d'animation plus personnel à savoir l'excellent Un été avec Coo. Cette œuvre fantastique largement inspirée du folklore nippon fut suivie par deux autres films d'animation : Colorful (2011) et Miss Hokusai (2015) ayant eux aussi une solide réputation. Il se vit ensuite proposer l'adaptation d'un livre pour enfant de Sachiko Kashiwaba inédit en France et intitulé Chikashitsu kara no fushigi na tabi. Keiichi Hara décide d'en proposer une adaptation libre en confiant le scénario à sa collaboratrice et femme Miho Maruo reprenant un poste qu'elle occupait sur ses deux précédents long-métrages. Coproduit notamment par Warner Bros. Japan et la Fuji, le projet est animé par le studio Signal MD alors assez récent puisque créé en 2014. Le film sortit au printemps 2019 au Japon puis l'été chez nous pour un résultat en demi-teinte puisque Wonderland, le royaume sans pluie est passé relativement inaperçu...

L'histoire démarre de nos jours alors que la lycéenne Akane décide de sécher les cours et de rester traîner chez elle. Sa mère, qui n'est pas dupe de ses justifications, décide de l'envoyer à l'échoppe de Chii, une jeune femme ayant baroudé partout dans le monde, récupérer son cadeau d’anniversaire prévu le lendemain. En fouillant dans le magasin, Akane appose sa main sur une étrange empreinte entraînant l'arrivée de l'étrange alchimiste Hippocrate et son apprenti Pipo à l'allure de fée. Hipporcrate annonce à Akane qu'elle est la Déesse du Vent Vert et qu'elle doit les suivre dans son monde de Wonderland qui est en grand danger. Akane suit Hipporcrate bien malgré elle accompagnée de Chii pour découvrir un monde parallèle plutôt rural et sublime. Sur place, elle apprend que le monde est menacé d'une grande sécheresse alors que le Prince est censé effectuer un rituel mais qu'il manque à l'appel au même titre que le grand mage du coin. En parallèle, l'inquiétant Zang terrorise la population au volant d'une sorte de blindé tout en dérobant tout le métal qu'il trouve pour, semble-t-il, de noirs desseins.

Si Wonderland, le royaume sans pluie ne semble pas avoir convaincu les spectateurs en 2019 c'est sûrement à cause de son scénario. Quand on visionne le film, on pense évidemment à Alice au pays des merveilles ou Le Magicien d'Oz avec une adolescente plongée dans un univers parallèle tout en se retrouvant au milieu d’événements la dépassant. Des œuvres cultes qui sont aussi les témoins de leur époque et il est difficile en 2019 d'apprécier une héroïne aussi peu charismatique et passive que Akane. Le personnage est littéralement traîné dans les différents lieux de Wonderland en devenant enfin importante à la toute fin de l'aventure sans que cela soit non plus extraordinaire. L'univers créé manque cruellement de consistance car on a du mal à en comprendre son organisation comme sa géographie. On ne comprend pas réellement ce qu'est la Déesse du Vent Vert et les personnages aux pouvoirs magiques sont décevants ou font de la figuration... Chii est peut-être plus attachante via sa joie de vivre et son impertinence offrant quelques moments comiques notamment avec le trop sérieux Hippocrate. Le méchant de l'histoire Zang se montre plus digne d'intérêt car étant aussi plus développé. C'est à travers ce personnage que l'on comprend que le film veut nous parler de la destinée et du poids écrasant que cette dernière peut avoir pour des personnes devant parfois enfiler un costume rendu trop grand par un cruel manque de confiance en soi. Un message plutôt bien amené.

Ce message s'accompagne aussi d'une thématique écologique puisque Wonderland semble être un monde n'ayant pas connu de révolution industrielle si ce n'est un lieu ayant des allures d'univers steampunk. Wonderland est ainsi un monde à la beauté naturelle que nos héroïnes vont prendre plaisir à découvrir. De même que les spectateurs tant le monde qui se dévoile sous nos yeux souhaite nous offrir des éléments familiers mais avec un aspect fantastique/fantasy. Un lac aux poissons gigantesques, un troupeau de moutons d'une rondeur incroyable ou encore des routes aux environnements très différents. Cette invitation au voyage s'avère réussit grâce au travail de l'artiste russe Ilya Kuvshinov qui propose des images sublimes du début à la fin. C'est ainsi la plus grande force du film d'avoir créer tant de beauté baignée dans des couleurs chaudes et qui nous happe dès la première image pourtant plus réaliste d'un jardin familial. L'intérêt du film vient donc de cette découverte des différents décors qui peuvent s'avèrer incongrus, juste magnifiques ou plus inquiétants tout en étant parfois mis en scène de manière assez poétique. Malgré les défauts qu'on peut trouver au film, ce dernier dispose d'une réelle attraction notamment pour les plus jeunes. On en oublie presque la direction artistique finalement assez classique.

Cette beauté visuelle ne serait rien sans une qualité d'animation qui n'est évidemment plus à prouver quand il s'agit de studios japonais. La qualité des décors aide beaucoup à mettre en scène les différents personnages et actions qui sont animés principalement en 2D avec soin. C'est fluide et toujours très précis notamment pour donner vie aux étranges créatures comme au blindé de Zang. On retiendra surtout la séquences sous-marine avec les poissons géants comme le final assez impressionnant. Il y a aussi l'utilisation de l'animation 3D qui s'intègre bien par moments comme une tempête de sable mais qui peut aussi jurer comme lors de la première apparition d'Hippocrate. De son côté, Keiichi Hara propose une mise en scène soignée qui alterne bien les grands angles pour apprécier la découverte des lieux comme les plans plus rapprochés pour montrer les tourments de ses personnages. On sent le réalisateur habitué à gérer de telles productions tout en restant néanmoins assez sage. Peut-être trop calibré sans réelle prise de risque, un constat qui pourrait s'appliquer à tous les aspects du film. Enfin, le casting vocal japonais s'avère très satisfaisant grâce à une brochette de comédiens expérimentés.

La conclusion de à propos du Film d'animation : Wonderland, le royaume sans pluie [2019]

Auteur Bastien L.
66

Wonderland, le royaume sans pluie n'est clairement pas un film d'animation qui fera date. On retiendra surtout sa beauté incroyable et son enchaînement de décors enchanteurs nous laissant souvent béats d'admiration grâce aussi à la qualité de son animation. Si le métrage de Keiichi Hara se suit avec plaisir, notamment en famille, il faut aussi noter que le scénario s'avère trop décevant sur beaucoup de points et que l'ensemble est un poil trop classique.

On a aimé

  • Une direction artistique sublime
  • Une grande qualité d'animation
  • L'antagoniste principal

On a moins bien aimé

  • L'héroïne principale
  • Un scénario manquant de consistance
  • Trop classique sur bien des points

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