Critique Le Royaume de Naya [2023]

Avis critique rédigé par Bastien L. le jeudi 4 mai 2023 à 18h00

Naya, le secret de la source de vie

Critique de la version française

Les films d'animation de nos voisins européens arrivent parfois à sortir sur nos écrans souffrant néanmoins grandement de la concurrence nationale mais aussi américaine comme japonaise. Cela n'empêche pas Le Royaume de Naya de tenter sa chance...

Je dois confesser une totale méconnaissance de l'industrie de l'animation en images de synthèse des pays d'Europe de l'Est et de l'Ukraine en particulier d’où provient Le Royaume de Naya. Ce n'est pourtant pas le premier projet d'un de ses réalisateur et du studio d'animation Animagrad à débarquer dans nos contrées puisque Princesse Mila et le sorcier au cœur de pierre se rendit disponible seulement en VOD en 2018. Son réalisateur, Oleh Malamuzh pris la tête du projet suivant financé et distribué par le plus grosse société de production en Ukraine : FILM UA Group. La production commença en 2015 en voulant adapter la pièce de théâtre de 1911 La Chanson de la Forêt de la poétesse Lessia Oukraïnka contant l'amour impossible entre un jeune villageois et une esprit de la forêt tout en s'inspirant grandement du folklore slave. L'adaptation fut confiée au scénariste Yaroslav Voitsehek (ayant aussi œuvré sur Princesse Mila...) et Malamuzh fut accompagné à la réalisation de Oleksandra Ruban dont c'est le premier projet à ce poste. Le film sortit début mars 2023 en Ukraine après une fin de production et un contexte qu'on image très compliqué. Cela n'empêcha par Le Royaume de Naya d'y être un succès battant plusieurs records au box-office. Pour la France, la sortie se fit à la fin du même mois, distribué par KMBO, pour un résultat honnête puisqu'il dépassa les 400 000 entrées au moment où ces lignes sont écrites.

Le film semble se dérouler dans une contrée slave reculée au tournant du XXème siècle alors qu'une guerre éclate entre un village d'humains et la créature gardienne d'une forêt magique entraînant la défaite des deux camps. Les humains prirent la décision de ne jamais retourner dans cette forêt peuplée de démons à leurs yeux tandis que les êtres fantastique y vivant jurèrent de protéger leur foyer de toute présence humaine. C'est dans ce contexte que grandit Naya, l'esprit du printemps ayant l'apparence d'une belle jeune femme, à la gentillesse infinie. Alors qu'elle réveille la forêt à la fin de l’hiver, elle et les siens apprennent que les esprits vont choisir un nouveau gardien en remplacement de l'ancien devenu trop âgé. En parallèle, on fait la connaissance du beau jeune homme Lucas, flûtiste d'un groupe du village qui va bientôt tenter sa chance dans la grande ville la plus proche. Malheureusement il apprend que son oncle est gravement malade nécessitant un médicament qu'ils ne peuvent payer. Au même moment, la richissime et sublime Cécilia, héritière de celui ayant mené la guerre autrefois, rentre chez elle et propose du travail aux habitants : ils doivent se rendre dans la forêt interdite pour lui rapporter la localisation d'une étrange plante. Tous refusent sauf Lucas qui va s'aventurer dans un lieu aussi étrange que merveilleux. Naya et lui vont ainsi se rencontrer entraînant des bouleversements autant intimes que pour leur monde respectif.

Le Royaume de Naya n'est malheureusement pas un film qui fera date même s'il se laisse regarder. Le principal problème vient de son scénario bien trop classique et peu développé pour convaincre. L'intrigue est assez prévisible afin de présenter cet amour impossible en différents actes attendus que le film déroule sans peine sans jamais complètement réussir à nous passionner. Naya et Lucas sont néanmoins des personnages assez attachants et leur amour simple peut s'avérer touchant tant les deux personnages sont plein de bons sentiments comme de naïveté. On est aussi assez charmé par le folklore slave représenté dans le film avec cette forêt où vivent des créatures magiques veillant sur la forêt que cela soit celles ressemblant quelque peu à des Ents ou des nymphes... Les humains représentent plus une société paysanne offrant un certain charme à l'ensemble permettant au film d'être globalement agréable notamment pour un jeune public. Mais pour des spectateurs plus âgés, il n'y a pas vraiment de quoi révolutionner quoi que ce soit si ce n'est assister à une histoire plaisante, bien rythmée mais trop prévisible. Cela se ressent notamment dans les méchants du film menés par Cécilia qui s'avèrent bien trop caricaturaux entre leur mépris envers les villageois ou les deux brutes épaisses aimant faire le mal pour s'amuser. Le film veut évidemment nous parler d'écologie, de respect envers la nature mais aussi de la puissance de la musique (ayant un impact fort sur Naya) comme de l'amour... Encore une fois, c'est raconté de manière efficace mais sans grande originalité.

Le film, comme la pièce qu'il adapte, s'inspire des contes et légendes slaves qui ne sont pas très connues en France mais dont on retrouve quelques figures classiques. Des gardiens de la forêt en tant que créatures végétales ou celles à l'apparence féminine renvoyant aux sirènes et succubes d'autres cultures. Sauf qu'ici, cela reste beaucoup plus sage, divertissement familial oblige. D'un pont de vue artistique, le monde des humains est assez classique dans ce qu'on s'imagine être la campagne ukrainienne il y a 100 ans avec un aspect proche du cliché. Pour ce qui des créatures magiques, la direction artistique pourra faire débat. Les nymphes et Naya sont de sublimes jeunes femmes arborant des couleurs de cheveux assez colorées mais dans l'aspect reste très sage. Tandis que les créatures végétales sont assez inégales entre certaines ayant de l'allure et d'autres bien trop grotesques. Ce problème s'explique aussi par le fait que les personnages principaux ont fait l'objet de beaucoup plus de soins que les secondaires souvent assez génériques. Néanmoins le film mettra tout le monde d'accord sur les magnifiques paysages qu'il nous offre que ce soit ce village de carte postale ou cette forêt aussi enchanteresse qu'inquiétante. Le film en est conscient et nous offre de magnifiques panoramas du début à la fin. Pour ce qui est du ton abordé par le film, l'ensemble reste très efficace pour les enfants notamment l'humour qui reste néanmoins quelque peu forcé que se soit dans ses répliques ou les gags plus visuels qui ne seront efficaces qu'auprès des plus jeunes. Ce qui fait finalement l'originalité artistique du film se sont ses musiques slaves dont celle lors de la grosse scène de fin. Cette dernière est par ailleurs le meilleur moment du film car on sent que la production a beaucoup travaillé ce passage.

Il est temps de parler de la partie la plus injuste pour le film : son aspect technique. Le Royaume de Naya est une petite production qui ne peu en aucun cas rivaliser en termes de moyens que de maîtrise avec des cadors français ou américains. Malgré cela, le film s'en tire plus qu'honorablement que cela soit dans la qualité de son animation comme des textures à condition que l'on garde le regard braqué sur les personnages principaux et l'action au premier plan. C'est dans les arrières-plans et sur les personnages secondaires que l'on sent le plus les moyens limités avec un manque criant de vie comme de détails par rapport à ce qu'on a l'habitude de voir en termes de films d'animation en images de synthèse. L'ensemble n'apparaît pas dépouillé, juste vide. De plus, les techniques d'animation sont très classiques empêchant vraiment le film de se distinguer de la masse à ce niveau. Il y a bien quelques passages en 2D plus stylisés mais même à ce niveau, l'animation n'est pas exemplaire. Le travail des réalisateurs est aussi dans le ton des divertissement familiaux actuels avec un réel sens du rythme et surtout une utilisation souvent judicieuse des travelling avant autant pour nous plonger dans l'univers du film que pour donner plus d'intensité aux scènes d'actions. Ces dernières sont nombreuses que cela soit des courses-poursuites ou des affrontements plus directes. Elles restent regardables mais trop simplistes et parfois un peu saccadées. Sauf en ce qui concerne la scène finale évoquée plus haut qui intègre parfaitement la musique nous faisant enfin ressentir un peu d'émotion. Pour terminer, le casting vocal français confié à des professionnels du doublage fonctionne parfaitement et est un des réels points forts du film.

On vous le conseille si vous aimez La Petite Sirène, Pocahontas, Epic : La bataille du royaume secret...

La conclusion de à propos du Film d'animation : Le Royaume de Naya [2023]

Auteur Bastien L.
64

Le Royaume de Naya nous propose un film d'animation en images de synthèse ukrainien ce qui est assez peu banal. Outre cette curiosité, il s'agit d'un divertissement familial assez efficace car bien rythmé, correctement réalisé et empli de bons sentiments. Une œuvre qui fonctionnera sur un jeune public mais qui laissera les parents quelque peu de côté à cause d'un scénario manquant de subtilité comme de profondeur tandis que l'aspect purement technique pêche malgré des qualités artistiques.

On a aimé

  • Un divertissement bien rythmé mené par de sympathiques héros
  • Les paysages et l'ambiance slave
  • Le casting vocal français

On a moins bien aimé

  • Le manque de moyens se ressent
  • Des faiblesses dans l'écriture
  • Assez oubliable au final

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