Critique Alita : Battle Angel [2019]

Cette adaptation cinématographique produite par James Cameron de la fameuse série manga Gunnm, lui rend honneur sur la forme plus que sur l’esprit. Le film retranscrit en effet assez fidèlement le premier et deuxième tome des mangas de Yukito Kishiro, et ajoute des scènes du mythique et mortel Motorball.

Le scénario est écrit par Laeta Kalogridis, experte du cyberpunk (on lui doit la série Altered Carbon). Elle nous narre ici la découverte de Gally (ici renommée Alita) une cyborg de combat physiquement endommagée mais au cerveau encore intact, par Daisuke Ido (ici rebaptisé Dyson), un docteur réparateur et récupérateur. Alita grandit et vit son passage de l’adolescence vers l’âge adulte assez rudement. Amoureuse d’ Hugo un jeune ado fauché, qui survit en vendant des pièces détachées et des petits boulots pour la pègre locale, Alita se retrouvera dans des situations pour le moins... délicates. Sa recherche sur son passé et son envole vers l’âge adulte sont violents.

Les dialogues réduits à leur minimum et les grands grands yeux de l’héroïne rappellent les mangas, sans que cela nuise au rendu sur grand écran. La forêt immense d’arcs narratifs des mangas est bien sûr ici très épurée. On ne retrouve pas le coté trash, char d’assaut et brutal des mangas. Bien au contraire on suit une fresque plus romanesque voir poétique, bien que violente dans un futur transhumanisme post-apocalyptique ultra noir et déprimant.

Les graphismes sont somptueux avec des effets spéciaux impressionnants qui nous en mettent pleins les yeux. Les décors sont incroyablement recherchés avec des détails de folie qui nous font presque croire qu’on est dedans.

La palette d’acteurs est toute aussi efficace que belle, avec une Rosa Salazar sublime dans le rôle d’Alita. Quant à Christoph Waltz, il fait bien le job du docteur Daisuke Ido/Dyson.

On regrettera peut-être une vision de l’adolescence un peu condescendante ou à l’eau de rose de la jeune Alita dans ses relations avec son "père adoptif" Dyson ou avec le jeune Hugo. Mais cela est vite mis de côté, une fois que nous sommes immergés dans ce monde futuriste terrifiant et emportés par les grandioses scènes d’action.

Le film a une tournure toute particulière qui évoque très fortement un Gepeto/Dyson qui a beaucoup de mal à gérer un Pinocchio/Alita devenant jeune adulte dans une version très sombre et futuriste.

Dans la même veine que Ready Player One avec une vision pessimiste de l’avenir de l’humanité, Alita ne laisse pas indifférent. On aime ou on déteste. Moi j’ai beaucoup aimé…