Critique Kill Katie Malone [2011]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le mardi 11 octobre 2011 à 20h24

Fantôme à vendre

Au premier abord, on pourrait considérer Katie Malone comme la parente désargentée d’un djinn des Mille et Une Nuits.  Car, dans le fond, la principale différence entre le fantôme de cette jeune femme décédée au 19ième siècle et un génie persan se situe dans la nature de sa résidence: un vulgaire coffret en bois en place et lieu d’une élégante lampe magique. Ensuite, pour attirer son attention et bénéficier de ses extraordinaires bienfaits, il vous faut également savoir qu’il n’est pas nécessaire de frotter son réceptacle jusqu’à le faire reluire. Il vous suffit d’en ouvrir le couvercle. Vous sentirez  alors juste un courant d’air frais, stigmates de sa présence, et le lendemain, au saut du lit, vous verrez réalisés tous les voeux prononcés la veille (inconsciemment ou non). Génial, non? C’est du moins ce que pensent Jim et ses deux amis qui, même s’ils ont du mal à admettre que ces dons ne sont pas de simples concours de circonstances ou les fruits de quelques blagues potaches, profitent bien de la situation. Ils ne vont cependant pas tarder à déchanter, quand ils vont découvrir que le fantôme de Katie Malone est un putain de schrizophrène.

Il faut savoir que, durant sa brève existence, Katie Malone souffrit terriblement, psychologiquement et physiquement. En guise de père, elles ne connut que de cruels tuteurs, qui abusèrent d’elle et usèrent régulièrement du fouet contre sa personne. Une maltraitance qui la conduisit prématurément six pieds sous terrre. Essence de sa souffrance passée, son spectre est désormais une âme torturée, qui ne supporte pas d’assister à la moindre dispute, et accepte encore moins de voir des étrangers semer le trouble au sein de SA famille, c’est à dire les «heureux» propriétaires de la boîte contenant son pendentif. N’ayant connu durant son existence physique que violence, réprimandes et sévices, Katie Malone est désormais la reine de l’amour vache, un ectoplasme dément qui élimine purement et simplement - et elles n’y va pas avec le dos de la cuillère à pot! - tous ceux qu’elle considère comme des éléments perturbateurs... C’est à dire presque tout le monde.

Réalisé par Carlos Ramos Jr., Kill Katie Malone est une sanglante ghost story qui puise ses quelques éléments narratifs dans des genres assez distincts. Ainsi, on trouve dans le scénario de Mark Onspaugh des ingrédients propres aux yurei eiga (pour son aspect « malédiction obéissant à un système de chaîne »), aux films d’horreur gothiques (comme Le fantôme de Milburn), aux récits modernes à base d’esprits frappeurs (Katie Malone peut manipuler ses victimes comme des pantins) et aux légendes urbaines américaines (Lucy Keyes, Bloody Mary, etc.), avec ses aspects graphiques parfois excessifs et sa bande de teenagers. Le problème majeur – car problème il y a! - présenté par le scénario de ce métrage est que le mélange de ces genres se fait sans grande homogénéité, le fantôme de cette jeune femme adoptant en conséquence des comportements erratiques et incohérents. A trop manger à tous les rateliers, Carlos Ramos Jr. finit par se casser les dents et, au final, il est difficile d’adhérer complètement à une histoire où le personnage central est un fantôme qui, dans une séquence, se voit doté d’une puissance extraordinaire (Katie Malone est carrément capable de désintégrer d’un souffle ses victimesl; elle peut agir, sans considération de distance, sur les objets et les êtres vivants) et, celle suivante, elle a un mal fou à rattraper une jeune femme apeurée fuyant dans le couloir d’une université désertée.

Ciblant une audience assez jeune, Kill Katie Malone voit son intrigue se dérouler au sein d’un campus universitaire, rempli d’étudiants aux allures de modèles pour catalogues de mode (à croire que les gros, trop occupés à se gaver de cheeseburgers, et les moches, qui, de honte, se planquent dans la cave de la maison familiale, ne peuvent adherer à des programmes d’études supérieures). Histoire d’afficher un style branché, le film surfe également sur les tendances du moment. Ainsi, l’acquisition du coffret (et le système de chaine) se fait via l’intermédiaire d’un site en ligne de ventes aux enchères. Bref, l’on a donc a nouveau droit à un étalage de tous les poncifs rencontrés habituellement dans ce type de métrage «estudiantins»; rivalité amoureuse, traditionnelle fête d’Halloween, professeur acariatre, etc. Le tout filmé avec un académisme qui pousse souvent le film dans le domaine du drama télévisuel. Des aspects, à la fois conceptuels et techniques, qui, évidemment, ne contribuent pas à hisser le niveau qualitatif du produit, et qui aurait même plutôt tendance à le rabaisser. Heureusement, l’étalage de ces rapports sociaux immatures se voit bénéficier de la présence d’un humour bienvenu, ce qui contribue à rendre les séquences dialoguées moins inintéressantes.

Mais revenons à notre fantôme trimbré. Une fois libérée de son coffret, Katie Malone ne tarde pas à faire le ménage autour de Jim, Ginger et Dixie.  Les méthodes qu’elle utilise, proche de celles d’un slasher, sont aussi sadiques que violentes, et Ramos Jr. n’hésite pas à user d’effets gore - hélas la plupart du temps numériques et post mortem. Par contre, force est d’admettre que si quelques unes de ces scènes d’agression sont assez sympathiques (comme quand la prof de theatre se voit contrainte de se mutiler la langue), nombreuses sont celles qui, trop excessives dans le modus operandi, sombrent dans le ridicule. Ainsi, il est difficile de ne pas rire à la vue d’un étudiant désintégré par le souffle du spectre (les mêmes effets qu’un corps soumis aux souffle brulant d’une explosion nucléaire) ou lors d’une séquence où une jeune femme est carrément pulvérisée, comme touchée par un projectile explosif, dans une gerbe de sang digital.

Enfin, pour finir, un petit mot sur le casting. Ne bénéficiant pas de moyens illimités, la production n’a pu s’offrir les services d’une quelconque star (on ne peut plus considérer Dean Cain, présent dans un rôle de soutien, comme un comédien bankable) mais cela ne l’a pas empéché de réussir à réunir un duo de jeunes acteurs assez connus du grand public. Ainsi, c’est le cafifornien Stephen Colletti qui a été choisi pour interpréter Jim, l’étudiant qui va tout déclencher en achetant le coffret sur l’Internet. Le comédien est bien connu des amateurs de séries TV pour son rôle de Chase Adams, l’un des personnages récurrents du show One Tree Hill et ici, dans un genre complètement différent, il s’en sort plutôt bien. Le rôle principal féminin est assuré par Masiela Lusha, une habituée des séries B (Blood) mais qui est surtout connu pour son travail dans la série ABC The George Lopez Show, où elle joue la turbulente fille de la star. Enfin, dernier membre du trio vedette de ce film, Jonathan McDaniel a, depuis le début des années 2000, prété sa silhouette à de nombreux personnages, notamment dans des séries télévisées. Kill Katie Malone est son premier rôle d’importance, et il y interprète son rôle de vieux pote black de manière un peu stéréotypée.

 

La conclusion de à propos du Film : Kill Katie Malone [2011]

Auteur Nicolas L.
40

Kill Katie Malone n’est pas - c’est le moins que l’on puisse dire - un film très remarquable. Certes, l’idée n’est foncièrement mauvaise et, retrospectivement, l’on peut même se dire qu’il y avait certainement matière à mieux faire. Cependant, en l’état, plombé par un scénario à la fois trop convenu et trop peu crédible et malmené par une réalisation sans génie (et assez prude), le film de Carlos Ramos Jr. est souvent générateur d’ennui. Restent quelques passages amusants dus à la vision d’un fantôme «berserker» et un casting plutôt sympathique. Bof.

On a aimé

  • Une idée originelle intéressante
  • Quelques passages amusants
  • Un casting sympathique

On a moins bien aimé

  • Un scénario peu captivant
  • Une realisation convenue
  • Un traitement trop policé

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