Critique Primal [2011]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le mardi 11 janvier 2011 à 19h04

Quand le chainon manquant a les crocs


Sur une île inhabitée des Antilles, une équipe scientifique découvre des ossements qui pourraient bien être ceux du chainon manquant. Alertés par une taupe, les pontes du Vatican envoient sur place leurs sbires afin de faire disparaitre ces preuves... et par la même occasion les blasphémateurs. Quelques temps plus tard, un voilier fait naufrage au large de l'île, rejetant ses passagers sur la plage...

Le scénario de Primal part du postulat que l'archipel des Antilles recèle encore quelques îles inexplorées, et que sur l'une d'entre elles vit une espèce humanoïde arboricole, troglodyte et cannibale. Une tribu de sauvage qui va attendre, pour se manifester, que des intrus découvrent le crane de l'un de leurs parents et qu'une équipe de gars surarmés arrivent pour éliminer ces scientifiques qui mettent en péril l'autorité de l'église. Bref, lorsque les étrangers apparaissent en position de force. Mmouais, heureusement que Roel Reiné, le réalisateur, et Mark E. Davidson, le scénariste, ne s'étendent pas trop sur la mise en place (d'autant plus qu'elle n'a quasiment aucune incidence sur les évènements qui vont lui succéder), préférant passer rapidement dans le vif du sujet, à savoir les mésaventures de ces yuppies échoués sur une île peuplée de créatures féroces.

Primal est donc un survival qui emprunte autant aux films de jungle qu'à The Descent.... et même à Predator si l'on se réfère au design et aux capacités visuelles des membres de cette "tribu perdue" (le titre original est The Lost Tribe). Vous ne serez donc pas étonné si je vous annonce qu'il ne propose rien de vraiment novateur, épousant même à l'extrême les tendances du moment en faisant de l'une des filles de l'équipe le personnage fort de l'intrigue. On suit donc le banal calvaire de ces naufragés, victimes toutes désignées, qui s'enfonçant dans une forêt aux apparences paradisiaques, vont être éliminés les uns après les autres par des ennemis invisibles, jusqu'à ce que ces derniers se montrent pour faire honneur à l'unique survivant(e)... et satisfaire le public qui attend ça depuis une heure. Ce long fleuve tranquille n'est interrompu qu'en de rares occasions, comme lorsque Lance Henriksen, pris en plein flagrant délit de cachetonnage, fait une courte apparition (il interprète le chef des tueurs et est apparemment le seul survivant du groupe), juste histoire de semer un peu le trouble dans une intrigue autrement bien monotone. Le plus incroyable est que le métrage de Roel Reiné ne se contente pas de nous proposer une histoire sans aucun intérêt, il fait carrément dans le réchauffé. En effet, Primal est quasiment un copier-coller d'un autre film (vraiment pas terrible, en plus), sorti en 2009, et intitulé The Tribe! On se croirait revenu au temps des films d'exploitation italien où chacun construisait son film de cannibales sur le même canevas, en ce contentant de modifier deux ou trois détails mineurs. En fait, j'ai presque l'impression de réécrire la même critique.

Le seul attrait du film est donc de découvrir progressivement l'apparence de ces créatures qui, selon les scientifiques, serait le lien entre le singe et l'homo sapiens. Personnellement, si l'on m'avait demandé un avis, j'aurai plutôt dit qu'ils sont surement les ancêtres de Pluto, ou Dingo. Ce n'est pas que les masques soient ridicules, ou même mal foutus,  mais ils évoquent plus le fruit d'un croissement entre les frères Rapetou et un predator qu'autre chose (en tout cas, ils ne correspondent pas du tout à la forme du crane retrouvé par les chercheurs). Pour ce qui est de leurs mœurs, ils vivent en clan sous la direction d'un male dominant, qui s'impose par la force. Celui-ci est d'ailleurs un gros machiste et cela va lui couter la vie car on n'humilie pas impunément une jeune américaine dynamique. Il porte en guise de couvre-chef (surement pour affirmer son autorité) un énorme crane de je ne sais trop quelle espèce animale, mais certainement pas une appartenant à notre ère (quoique... un énorme gorille peut-être, si tant est il y en ait dans les Antilles). Comme les créatures de The Tribe, ces sauvages ont aussi une très mauvaise vue, ce qui permet à Roel Reiné de récupère la scène de Jorg Ihle, qu’il l’avait lui-même piqué au film Predator (Arnold Schwarzeneggers'enduisant de boue), avec une héroïne increvable qui isole son corps sous une couche de pulpe de fruits tropicaux un peu gluante. Mal défini, l'habitat de ces humanoïdes pourrait se poser comme un véritable sujet d'étude pour les anthropologues. Ils sont très à l'aise dans la canopée mais ils vivent dans des grottes sombres et humides. Et oui, Roel Reiné ne recule devant aucun illogisme pour placer son héroïne dans une position difficile!

Pour ce qui est de l'aspect démonstratif, Primal est aussi décevant que The Tribe. L'amateur de gore ne verra donc que très peu de scènes aptes à le satisfaire; un corps sur lequel des techniciens de plateau ont jeté en vrac des crabes, pauvres crustacés qui se demandent où est le chemin de la plage et un autre recouvert, lui, d'asticots inertes. Les créatures ne font même pas l'effort de dévorer leurs proies devant les caméras, se contentant de les entreposer dans leurs grottes. Le seul plan un peu violent est celui, mille fois vu, où Lance Henriksen voit son dos et sa cage thoracique transpercés par le bras d'une créature. Bref, en plus de nous resservir exactement le même film que Jorg Ihle, Roel Reiné, tout en usant d’une réalisation d’un niveau technique correct, ne cherche même pas d'aller plus loin dans le registre du gore. Déprimant.

La conclusion de à propos du Film (Direct to Vidéo) : Primal [2011]

Auteur Nicolas L.
30

The Tribe n'était déjà pas terrible. Du moins pas assez pour avoir envie de le revoir de sitôt. C'est pourtant ce que nous propose Roel Reiné avec The Lost Tribe, qui est quasiment le même film que celui de Jorg Ihle, à savoir une sorte de Descent tropical à base de predators simiesques. Bref, si vous n'avez pas vu le premier film, celui-là vous apparaitra comme une œuvre médiocre mais regardable, mettant en scène des monstres pas trop mal foutus au sein d'un scénario sans originalité. Pour les autres, le grand défi qui leur sera imposé consistera à résister à l'envie d'appuyer sur le bouton Eject de la télécommande de leur lecteur DVD.

On a aimé

  • Des maquillages corrects
  • Une réalisation correcte
  • Des beaux décors naturels

On a moins bien aimé

  • Un scénario réchauffé
  • Un aspect gore trop timide
  • Une trame usée jusqu’à la corde
  • Des clichés et des incohérences

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