Critique Unrated: The Movie

Avis critique rédigé par Nicolas L. le samedi 23 octobre 2010 à 00h52

Débile Dead

Un réalisateur amateur, accompagné de quatre actrices, se rend dans une maison isolée au fond des bois pour y tourner son premier long métrage. Pendant le tournage, il découvre sur une armoire un vieux grimoire ; le Livre des Cauchemars.
En ouvrant l'ouvrage, le malheureux invoque involontairement une horde de tueurs zombies et de démons...
Bienvenu dans la relecture teutonne d'Evil Dead !

En 2008, après une longue absence, l'on assistait au retour derrière les caméras de l'un des réalisateurs symboles du gore allemand : Andreas Schnaas. Le cinéaste nous proposait alors un inégal mais sympathique Don't Wake the Dead (on en parle ici). Au final, on eut droit à un retour en douceur par sa qualité et son manque de surprises mais une œuvre autrement plus  intéressante pour les fans de Z allemand car elle marquait le début d'une collaboration (que l'on espère longue et prolifique) entre le cinéaste hambourgeois et Timo Rose, le plus connu des représentants de la nouvelle vague du cinéma Z allemand. Unrated : The Movie est le premier fruit récolté de ce travail commun (qui continue actuellement avec un nouveau volet de Violent Shit).

Unrated : The Movie est durant trois bons quarts d'heure une pure comédie débile et potache, sans la moindre présence d'horreur. Surprenante, une telle « introduction » pourrait être totalement ennuyeuse mais le traitement se montre heureusement suffisamment foutraque pour arriver à nous divertir. On y voit, par exemple, Timo Rose (qui interprète Frank, le réalisateur) se masturber devant des photos d'Andreas Schnaas qu'il conserve sur son téléphone mobile - une façon amusante et bien craspec d'exprimer l'admiration d'un disciple envers son maitre. Autre détail amusant, toutes les séquences présumées chiantes (les discussions creuses entre les différents protagonistes) sont montées en vitesse accélérée. Cela amène une atmosphère cartoon qui est amplifiée par la présence de bruitages de dessins animés. La chute des acteurs, la vision de nichons qui ballotent, le claquement des baffes, etc., tous ces plans sont en effet appuyés par des boing ! tong ! zip ! et blop-blop ! franchement stupides mais désopilants tant ils caricaturent le genre. Enfin,  pour finir, les réalisateurs ont décidé d'assumer le coté fauché de leur métrage avec des décors numériques que l'on croirait sortis tout droit d'un jeu vidéo du siècle dernier. Il est simplement dommage qu'ils se soient trop attardés sur ces séquences, qui finissent quand même par tirer en longueur.

Au bout d'un moment, une fois que ce réalisateur abruti a attiré l'attention d'un book keeper (une espèce de sosie destroy du rocker Blackie Lawless), les créatures des enfers (ou d'ailleurs, je n'ai pas tout compris) envahissent le monde des vivants. Dans les premières minutes, histoire de faire la transition (il est possible aussi que cela soit complètement involontaire) les gags continuent d'égayer le métrage avant de passer à un humour de situation plus graphique et grand guignol. Ainsi, les cauchemars de Frank (le réalisateur gay) se concrétisent par l'apparition d'une pétasse à moitié dessapée qui finit projetée dans une pub pour téléphone rose (composez le 666 !) puis surgit Karl the Butcher (le « héros » des Violent Shit, toujours interprété par Andreas Schnaas himself) dans une surréaliste séquence de karaoke ! Tout ça s'achève par une sanglante castration aux ciseaux. Bref, c'est n'importe quoi, c'est totalement con et bricolé avec deux bouts de ficelles (mais pas bâclé, les réalisateurs font de leur mieux avec les moyens du bord), mais aussi très inventif et fun.

La deuxième partie est un déchainement gore dans le style si cher à Schnaas. Les créatures, qui, par leur design, sont autant de clins d'œil aux grands classiques du cinéma bis et craspec (le film devient à ce moment là une sorte de quizz pour cinéphage et les fans d'Amando de Ossorio et Joe D'Amato en seront les premiers ravis) massacrent les résidents de cette demeure de 100m² qui, d'un coup, se retrouve aussi grande que le château de Versailles - mais bien moins luxueuse. Menés par Karl the Butcher, les monstres se jettent alors sur les pauvres imbéciles qui les ont invoqués et démembrements, décapitations et éviscérations sont au programme de cette démonstrative deuxième partie, Techniquement, c'est très approximatif (et je suis modéré avec l'emploi de ce qualificatif) mais le coté très cheap des effets spéciaux, mêlant maquillages traditionnels et inserts numériques, est compensé en partie par leur nombre et leur aspect excessif. On peut également noter que l'ensemble conserve cette cosmétique craspec entretenue dans les années 90 par Schnaas et Olaf Ittenbach.

A dix minutes du dénouement, Karl the Butcher et The Book Keeper vont rencontrer une adversité inattendue en la personne de Samantha, l'ultime survivante. Perdant subitement ses fringues pour se retrouver en string, armée d'une mitraillette allemande arrivée dans ses mains comme par magie, la jeune femme - dévoilant parallèlement des talents de kick boxing - va tout d'abord exterminer les sous-fifres avant de s'attaquer aux deux boss.  On assiste alors à une véritable succession d'explosions de têtes, accompagnée de geysers d'hémoglobine, mis en forme à travers un montage cut très serré. Le spectacle est assez drôle, très sanglant, mais force est d'admettre qu'il pèche quand même beaucoup par son aspect cheap, le manque d'énergie de la comédienne et une chorégraphie plutôt hésitante.

Au niveau de l'interprétation, autres Timo Rose et Andreas Schnaas, qui interprètent respectivement Frank et Karl the Butcher, quatre actrices se partagent l'affiche. La gothique Eileen Daly - découverte en 1998 dans le Razor Blade Smile de Jake West - incarne dans ce film Cassandra, une actrice has been qui refuse d'accepter son âge et qui essaye de séduire les autres membres de l'équipe. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle adore exhiber ses attributs mammaires. Vue il y a peu dans l'intéressant Colour from the Dark d'Ivan Zuccon, Eleanor James se voit ici confier le rôle principal puisqu'elle est Samantha, la survivante. Je ne l'ai pas trouvé particulièrement convaincante mais apparemment son travail a plu aux deux cinéastes car ils l'ont engagée pour un rôle majeur dans leur prochain film. Les deux dernières actrices sont interprétées par Magdalèna Kalley et Annika Strauss, deux jolies débutantes un peu... euh, comment dire... empotées, A noter (cela pourra intéresser les amateurs) que c'est Vivian Schmitt, une actrice porno très célèbre en Allemagne, qui incarne la  succube lors de la séquence du strip-tease.

La conclusion de à propos du Film : Unrated: The Movie

Auteur Nicolas L.
50

Difficile de mettre une note a un film comme Unrated : The Movie. En effet, l’œuvre d’Andreas Schnaas et Timo Rose se revendique totalement comme une série Z déjantée et bien gore et, dans ce registre, force est d’admette qu’elle colle parfaitement à son cahier des charges. Le spectateur qui parvient à entrer dans le délire des cinéastes peut fortement s’y amuser. Par contre, force est d’admettre que techniquement et dramatiquement l’ensemble est très perfectible (le budget global du film est de 20,000€), ce qui a pour conséquence de faire d’Unrated un film essentiellement destiné aux fans de cinéma Z.

On a aimé

  • Du bon cinéma Z
  • Un humour qui fonctionne
  • Une deuxième partie très gore
  • Une réalisation inventive

On a moins bien aimé

  • Du cinéma Z
  • Archi fauche, et cela se voit
  • L’interprétation, pas toujours très juste
  • Un scénario minimaliste

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