Critique Vampire Girl vs Frankenstein Girl [2011]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le samedi 5 juin 2010 à 19h35

Le fan de V-Cinema déjanté en rêvait, ils l’ont fait.

Dans un petit lycée de Tokyo, la vie s’écoule normalement. Ou presque. Les différents clans (les gothic lolita, le club de scarification, les... masaïs)  se côtoient sans grandes difficultés sous la surveillance de professeurs autoritaires (Pas de Saint Valentin, bande de pervers !!!!!) et d’un concierge bossu, pendant que dans la cave, le professeur de physique et l’infirmière s’adonnent à d’étranges expériences sur les corps humains. C’est alors qu’arrive dans l’établissement une jolie vampire, Monami, qui va attirer l’attention de Jyugon, le garçon le plus en vue de l’école. Un interet qui ne va pas manquer de créer des problèmes puisque Jyugon est le petit ami de Keiko, leader des gothic lolitas.

Vampire Girl vs Frankenstein Girl est un film réalisé par Naoyuki Tomomatsu et Yoshihiro Nishimura, deux cinéastes très réputés dans le milieu du V-Cinema. Le premier s’était fait remarquer à la fin des années 90 avec un imparfait mais dérangeant Eat the School Girl avant d’acquérir ses lettres de noblesse gore avec Stacy, une critique sociale à base de schoolgirls zombies. Puis vinrent Zombie Self-Defense Force et Maidroid, deux films qui ne firent que confirmer son habileté à marier le gore, l’humour noir et les références SF. Le deuxième, Yoshihiro Nishimura, est peut-être le spécialiste en effets spéciaux le plus adulé du Japon, notamment dans le domaine du gore. Son style, qui rappelle un peu celui de Screaming Mad George, joue du grotesque et de l’excessif. Le technicien a collaboré à plus d’une cinquantaine de films durant ces dix dernières années. Il a également réalisé lui-même plusieurs films, dont certains sont devenues des œuvres cultes, comme Meatball Machine et surtout Tokyo Gore Police.

Fort de la présence de ces deux petits génies derrière la caméra, Vampire Girl vs Frankenstein Girl se présentait donc sous les meilleurs auspices. Restait à découvrir la valeur de ce scénario adapté d’un manga de Shungiku Uchida par Tomomatsu. En fait, le fond de l’histoire repose sur une intrigue très simple : la rivalité de deux jeunes filles qui ont des vues sur le même garçon. A partir de là, sur ce qui peut apparaître comme la plus mièvre des bluettes, Tomomatsu et Nishimura parviennent à nous offrir un spectacle jouissif absolument délirant et vraiment très fun. Il est difficile de dire qui à fait quoi sur ce tournage tant le résultat est stupéfiant de cohérence et de fluidité sur toute la durée du métrage.

Mené à cent à l’heure, Vampire Girl vs Frankenstein Girl déroule les séquences sans que l’une seule fois l’on soit décroché par le récit, et cela malgré la présence de plusieurs flashback. Grâce à un script excellemment écrit et structuré, le spectateur passe sans effort d’une scène à l’autre et arrive sans problème (et avec un grand plaisir) a assimiler une orgie de gags Grand-Guignol tous plus inventifs que les autres. Bourré de références fantastiques (littéraires et cinéphiliques), souvent très critique envers le mode vie japonais (la compétition de scarification, dans le pur style jeu télévisé, est absolument ignoble !), toujours très drôle (la goutte de sang rebelle qui fuit le balai qui la poursuit), jamais lassant, le film est un véritable feu d’artifice potache qui évoque les meilleures œuvres de la Troma en parvenant toutefois (avec une grande habileté) à éviter la vulgarité propre au style Kaufman. On peut même affirmer que Vampire Girl vs Frankenstein Girl, à travers les rires et les situations abracadabrantes, réussit à dégager cet esprit poétique et romantique propre au cinéma japonais.

Le métrage bénéficie d’une réalisation absolument enthousiasmante. Le mariage de l’expérience des deux cinéastes apparaît ici comme une extraordinaire osmose dans le domaine de la créativité et de l’inventivité. Chaque séquence est une expérience de cinéma avec des prises de vue virevoltantes et des plans bénéficiant d’un montage serré mais toujours très lisible et surtout, en parfaite cohérence avec l’action. La bande originale est extrêmement variée (JPop rigolote, métal, jazz et même… manouche !) et colle parfaitement aux situations.  Le résultat est fun, très fun, et ce n’est pas les quelques faux raccords et de légères chutes de rythme qui parviennent à gâcher la fête. Il me prend parfois à rêver du résultat (sans nul doute un chef d’œuvre !) si, un jour, l’un de ces deux réalisateurs se voyait bénéficier d’un budget plus conséquent.

Puis, qui dit Nishimura dit gore. Et ce n’est pas encore ici qu’il va décevoir les fans. Comme d’habitude, ce technicien surdoué parvient (presque) sans problème à nous faire accepter l’aspect cheap dû à un manque de budget et nous offre un spectacle délirant fait de latex, de maquillages outranciers et de geysers de sang. Toujours très inspiré dans le monster design, Nishimura nous propose ici encore une sacrée galerie de créatures tordues tout en étant un peu plus sage que d’habitude dans le domaine de la référence sexuelle. Le fan du maître va donc avoir le plaisir de découvrir une geisha hélico dont les pales sont fabriquées à partir de ses membres, des clous vivants se tortillant comme des lombrics, un chevalier templier aux bras composé de lames, une vampire montée sur des rollers de cartilage humain, etc.

Enfin, il y a les personnages. La plupart évoquant fortement les grands classiques de l’horreur et du fantastique. Là encore, on pense à la Troma par leur profil excessif et caricatural. Entre le savant fou en tenue de kabuki qui pourrait faire passer Herbert West pour le plus sage des écoliers, Igor, le concierge bossu qui se transforme en samouraï à l’armure d’os et Midori, l’infirmière sexy et sadique, on assiste à un ahurissant défilé de personnages grotesques et surtout surprenants. Il est d’ailleurs bon de relever que le casting est pour beaucoup dans le succès des personnages.

La jeune Yukie Kawamura (révélée en 2008 dans The Scissors Massacre, suite de Carved) est ravissante et souvent très drôle dans le rôle de Monami. Son adversaire, Keiko, est incarnée par l’hallucinante (et hallucinée) Eri Otoguro (Aya, dans Chambara Beauty). Les deux jeunes filles sont très convaincantes dans les séquences de combat et dégagent une bonne énergie, et cela malgré des chorégraphies souvent compliquées. Takumi Saitô (que l’on verra bientôt dans la version ciné de Space Battleship Yamato, dans le rôle d’Akira Yamamoto) est lui plus en retrait puisqu’il interprète un personnage-enjeu un brin naïf, le séduisant Jyugon. Vampire Girl vs Frankenstein Girl est de toute manière, comme le titre le laisse si bien entendre, est un film de filles où les schoolgirls ont la vedette. A noter les amusantes apparitions de Eihi Shiina (la terrifiante Asami dans Audition) sous les traits de la mère de Monami et du réalisateur Takashi Shimizu (The Grudge) dans le rôle d’un hilarant professeur de chinois.

La conclusion de à propos du Film : Vampire Girl vs Frankenstein Girl [2011]

Auteur Nicolas L.
80

Vampire Girl vs Frankenstein est le fruit de l’expression commune de deux réalisateurs remarquables. S’il est moins tordu (dans le sens « burroughsien » du terme) que Tokyo Gore Police et moins critique que Stacy - deux œuvres qui marquent la filmographie personnelle des deux hommes - le film est une véritable démonstration de savoir-faire technique et un spectacle Grand Guignol absolument emballant. Bref, si vous êtes amateur de V-Cinema déjanté, d’effets gore cheap et excessifs et d’esprit fun, ce film ultra sympathique est fait pour vous.

On a aimé

  • Une réalisation inventive et bien rythmée
  • Des effets spéciaux cheap mais ingénieux
  • Des situations délirantes
  • Des comédiens sympathiques
  • Du fun, du fun, du fun

On a moins bien aimé

  • Un aspect cheap qui peut gêner
  • Une intrigue finalement très simple

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