Critique La Belle et la Bête [1992]
Avis critique rédigé par Bastien L. le samedi 21 juin 2025 à 09h00
C'est la fête !
Critique de la version française
N'y allons pas par quatre chemins, La Belle et la Bête est très souvent considéré comme un des meilleurs films d'animation Disney voire comme un des meilleurs films d'animation jamais créés. Bref, ce qu'on appelle communément un chef-d’œuvre. On va donc modestement tenter de vous expliquer pourquoi dans cette critique.
A l'origine du film il y a bien évidemment le conte de Jeanne-Marie Leprince du Beaumont datant de 1740 mais il y a aussi l'inévitable Walt Disney. Le grand producteur tenta dès les années 1930 d'en tirer une adaptation après le succès de Blanche-Neige et les sept nains. Le projet ne fut jamais réellement développé pour plusieurs raisons dont la sortie de l'excellent La Belle et la bête de Jean Cocteau en 1946. Une version qui inspira grandement la version ici critiquée notamment le personnage de Gaston ou les objets vivants par exemples... Le projet ressort finalement dans les années 1980 au début du nouvel âge d'or Disney sous l'égide de Michael Eisner et de Jeffrey Katzenberg alors que l'animation se cherche entre adaptations de séries animées (La Bande à Picsou - le film), suites (Bernard et Bianca au pays des kangourous) mais surtout au retour des contes de fées qui ont fait la gloire d'antan avec le carton La Petite Sirène. Cela permet de valider la production de La Belle et la Bête d'abord confié à Richard Purdum qui développa un drame d'époque sans aucune musique qui ne convainquit personne. Katzenberg voulait un ton plus proche de La Petite Sirène faisant logiquement appel à son équipe créative dont Alan Menken et Howard Ashman (qui décéda malheureusement durant la production) à la musique comme aux chansons. Il proposa même le projet aux réalisateurs des aventures d'Ariel mais ces derniers déclinèrent laissant le champ libre aux Californiens Gary Trousdale et Kirk Wise dont c'était le premier film. Les deux hommes ont une carrière assez similaire puisqu'on les retrouve notamment au scénario sur Oliver & Compagnie ainsi qu'au story-board sur Bernard et Bianca au pays des kangourous. Ils purent ainsi se familiariser aux outils numériques puisque La Belle et la Bête fut assez similaire entre digitalisation des décors, animation 2D traditionnelle y étant incrustée et utilisation des images de synthèse grâce à Pixar. Après une production assez rapide de deux ans et un budget de 25 millions de dollars, le film sortit à l'automne 1991 (un an après chez nous) pour un triomphe public et critique incroyable permettant de nombreuses récompenses, ressorties, suites et adaptations...
Situé dans une province française dans un XVIIIème siècle romancé, le film débute sur le récit d'un prince orgueilleux. Un prince qui refusa avec beaucoup de mépris l’accueil à une vieille vagabonde. Cette dernière se révèle être une créature enchanteresse qui punit le prince et tous ceux vivant en son château. Le Prince est transformé en bête et son personnel en objets les obligeant à vivre reclus et oubliés de tous. Des années après, dans le village non loin de là, la jeune femme prénommée Belle a une réputation de tête-en-l'air toujours enfermée dans ses livres et vivant seule avec son père, un inventeur excentrique. Elle subit par ailleurs la cour intensive du bellâtre et orgueilleux Gaston qui a décidé d'en faire sa femme. Un jour que son père part présenter une de ses inventions, il se perd et se réfugie malgré lui dans le château de la bête qui l'emprisonne. Belle part alors à sa rescousse et passe un marché avec la Bête : elle accepte de rester au château pour toujours en échange de la liberté de son père. La Bête et les divers objets qui peuplent la maison y voient l'opportunité pour eux de conjurer leur sort... Mais pour cela, la Belle devra se rapprocher de son geôlier colérique, ce qui n'est pas gagné...
Le scénario a été confié à Linda Woolverton (avec des apports d'autres grands noms de l'animation comme Brenda Chapman, Chris Sanders ou Burny Mattinson...) et se distingue par sa redoutable efficacité. Une telle efficacité rarement atteinte par Disney si ce n'est sur Cendrillon. L'histoire se suit avec plaisir du début à la fin ne subissant aucun accroc avec quelques pauses (souvent musicales) toujours salutaires et bien placées. Les chansons s'insèrent parfaitement dans la narration notamment pour présenter le personnage de Belle ou celle qui présente le rapprochement entre les deux personnages titres alors que le temps passe. Bref la narration plus classique et les chansons se mélangent avec une fluidité qui rappelle évidemment La Petite Sirène. Belle et la Bête sont deux personnages très attachants dont on apprécie l'évolution notamment celle d'une héroïne Disney aussi volontaire et forte que fragile et un peu perdue dans un monde où elle se sent en décalage. Quant à la Bête, elle permet de développer la principale thématique du film à savoir ne pas juger les personnes sur l'apparence car derrière sa bestialité se cache un cœur à sauver capable de d'émouvoir comme de s'émouvoir en face de la sublime Belle. Les serviteurs du château servent cette thématique car ils ont épousé une apparence en lien avec leur fonction lors de la malédiction. Il y a aussi l'importance de Gaston qui n'est qu'apparence et qui ne peut voir au-delà des rôles qu'il semble avoir attribué à chacun. Enfin, il y a la foule haineuse qui est facilement manipulable à base de préjugés basés sur l'apparence. Une idée qu'on retrouve beaucoup dans les Disney des années 1990 comme Pocahontas puis Le Bossu de Notre-Dame. La Belle et la Bête est aussi un film romantique avec un amour au-delà des apparences, plus fort que tout entre deux êtres que tout oppose jusque dans le titre. Ce qui malheureusement n'empêche pas quelques passages gnangnan car un peu clichés.
Mais La Belle et la Bête est avant-tout un divertissement familial, un conte de fée d'une efficacité redoutable qui émerveille le spectateur grâce à un cocktail d'amour, d'aventure, de chansons imparables, d'humour souvent cartoon et de gentils frissons... L'ensemble fonctionne admirablement et on est pris dans un film où chaque personnage se révèle mémorable avec une fonction précise toujours bien mise en scène. Sans verser dans une vision réaliste d'une campagne française du XVIIIème siècle, le film est un conte fantastique qui vaut surtout pour son château lugubre, sa Bête et ses habitants/objets. Ces derniers sont une excellente idée avec des personnages cultes que cela soit Lumière, Big Ben, Mlle Samovar et son fils Zip... Un potentiel qui atteint son paroxysme lors de l'incroyable chanson « C'est la fête » qui reste à jamais gravé dans nos tête tant l'ensemble est une célébration incroyable de l'animation mais aussi une libération et un message d'espoir fou autant pour Belle que pour les serviteurs prisonniers. Tout cela s'inscrit dans un film qui dispose d'une direction artistique certes assez classique mais toujours sublime. Que cela soit les décors ou la création des personnages, tout est magnifique permettant à nos yeux de se régaler du début à la fin.
En termes d'animation pure, La Belle et la Bête est un sommet indémodable. Difficile de tout citer mais on ne peut qu'admirer le travail réalisé pour la Bête notamment dans la manière qu'elle a de se mouvoir tout en animalité. Le légendaire Glen Keane réussit surtout à rendre son visage aussi effrayant que profondément humain dans sa peine et ses doutes qui transparaissent de plus en plus. On peut aussi citer le travail réalisé sur les objets vivants aux formes improbables mais toujours réalistes, un coup de force qui paraît si simple à l'image mais qu'on imagine si compliqué à réaliser. La scène d'action finale est à ce titre géniale. Pour ce qui est de l'informatique, on sent que la digitalisation de la production permet des mouvements de caméras bien plus libres que par le passé ce qui fluidifie grandement une mise en scène très efficace qui adopte souvent avec ingéniosité le point de vue et les sensations des personnages. Notamment celles qui concernent le père de Belle quant il arrive au château ou qu'il cherche de l'aide dans la taverne du village. On sent aussi que certaines approches sur les scènes d'action vont s'intégrer durablement dans l'ADN des productions Disney. En ce qui concerne l'animation en images de synthèse, elle a certes pris son coup de vieux mais s'avère quand même bien moins grossière que dans Bernard et Bianca au pays des kangourous sorti juste avant. Enfin, le casting vocal français est sans reproche se reposant sur des professionnels du doublage.
On vous le conseille si vous aimez La Belle et la Bête (1946), Cendrillon (1950), La Petite Sirène (1989)...
La conclusion de Bastien L. à propos du Film d'animation : La Belle et la Bête [1992]

La Belle et la Bête version Disney est une œuvre majeure de l'animation mondiale. Le conte de fée qui surpasse tous les autres grâce à son efficacité redoutable à tous les étages qui touche souvent au génie quand on pense aux musiques comme à l'animation. Une histoire éternelle où chaque vision en famille est une fête, une célébration de la magie Disney.
On a aimé
- Un très grand classique de l'animation
- Un rythme parfait
- Une ambiance enchanteresse
On a moins bien aimé
- Ca tire parfois sur la bluette
- L'animation 3D a pris son coup de vieux
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