Critique Manhunt

Avis critique rédigé par Nicolas L. le mercredi 28 janvier 2009 à 15h09

Massacrons-nous dans les bois

Eté 1974. Jenta, Renate, Camilla et Jorgen partent pour un week-end nature dans la forêt norvégienne. Si une parfaite entente ne règne pas dans le groupe, tout le monde fait de son mieux pour supporter l'autre. Lors d'une pose dans une station-service, ils acceptent de prendre dans leur van une jeune femme épeurée, qui déclare avoir son véhicule personnel en panne...

Dés l'ouverture du film, le cinéaste norvégien Patrik Syversen annonce la couleur. En situant son récit dans le milieu des années 70, il nous invite à visiter l'univers originel du survival forestier et du splatter redneck. Tout est ainsi fait (vieilles fripes, van Volkswagen, coupes de cheveux, environnement musical) pour récréer le plus fidèlement possible les décors de Survivance et de Massacre à la tronçonneuse. Reste ensuite au cinéaste de marier ces deux aspects pour coller le plus possible à la tendance actuelle, qui privilégie les effets chocs (Saw, Hostel, Wolf Creek, etc.).

Techniquement, on ne peut pas dire qu'il n'y parvient pas. Oh, il ne se casse pas la tête et récupère les techniques de ses confrères américains, avec des résultats parfois bizarres. Le plus surprenant est l'utilisation de cette photographie agressive, froide et contrastée, souvent efficace dans les huis clos horrifiques, et qui donne ici l'impression que l'action se déroule en hiver, sous un ciel assombri, alors que les protagonistes sont toujours en shorts et en T-shirts. Bon, en même temps, l'histoire se déroule en Scandinavie... Reste que l'image est super bien léchée.

A coté de cela, le jeune Patrik Syversen (25 ans) prouve avec Rodvyr qu'il sait placer ses caméras, n'exagère pas dans les balancements et les valeurs de cadre lors des prise de vue épaule, et parvient relativement bien à entretenir le coté "viscéral" de cette chasse du comte Zaroff aux senteurs nordiques. Il faut dire que le réalisateur est bien aidé par des décors somptueux et impressionnants. Un atout qu'il met d'ailleurs volontiers en avant avec de nombreuses prises de vue aériennes sur cette immense, écrasante et majestueuse forêt. Enfin, du coté du rendu de l'action, il travaille les nerfs du spectateur par de brusques changements de rythme et des violentes entrées dans le champ, sans oublier de glisser quelques évènements hors-cadre, histoire d'entretenir le mystère sur ces fameux "chasseurs".

Donc techniquement, c'est assez réussi. Par contre, pour ce qui est du scénario, c'est à la fois sans aucune originalité et complètement stupide. Je comprends la démarche de Patrik Syversen qui cherche à faire de Rodvyr un hommage aux classiques du survival, mais il aurait pu faire quand même un petit effort et y glisser un ou deux éléments surprenants. Là, pour le coup, il nous pond une oeuvre tellement "référentielle" qu'elle en dévient inintéressante. On a vraiment l'impression de regarder un film que l'on a vu mille fois. En plus, il trouve moyen de plomber son récit par des détails débiles. Le pire étant ces chasseurs, à la fois très doués, car ils arrivent à traquer des fugitifs dans une immense forêt sans l'aide de chiens, et très cons car ils trouvent moyen de se faire massacrer par une gamine à couettes (c'est pas bien de sous-estimer les jeunes filles, messieurs les gros sauvages, et surtout de laisser traîner ses fusils chargés!). Et que dire de cette séquence de tir à l'arc artisanal... où quand une blondinette joue les Rambo et déclenche le fou rire chez le spectateur plongé en plein climax!

L'aspect splatter, quand à lui, est assez appuyé, sans toutefois atteindre des insoutenables sommets. L'amateur aura droit à un dépeçage de gibier (c'est à dire de corps humain à demi-vivant) avec des gros plans sur des tripes arrachées, un ou deux égorgements, quelques rageurs coups de couteaux bien placés et, clou du film, une tête violemment embrochée par un piège semblant sortir tout droit d'un film de jungle gore italien des années 80 (Cannibal Holocaust, Cannibal Ferox / Terreur Cannibale et tout ce genre de délicatesses exotiques).

Enfin, pour finir; l'interprétation. On ne saura rien (et c'est tant mieux car cela nous épargne le cabotinage foireux) sur ces chasseurs d'hommes plutôt rustres. Par contre, du coté du "gibier", si aucun n'est à blamer, il est indéniable que la blondinette Henriette Brusgaard (Camilla) tire sacrément son épingle du jeu. Elle est tout simplement parfaite dans son interprétation. Elle n'en fait pas trop et reste en permanence crédible, alternant les moments de pure terreur et les explosions de révolte enragées. Une comédienne de caractère que j'espère revoir un jour.

La conclusion de à propos du Film : Manhunt

Auteur Nicolas L.
45

Techniquement bien léché, Rodvyr respire le projet de fin d'étude et apparaît presque comme la mise en pratique d'acquis académiques opérée par un fan de films de genre. Ainsi, si on ne peut pas reprocher grand chose à la réalisation, il est indéniable que le film paie son manque total d'originalité et de personnalité. Patrik Syversen nous prouve ici qu'il est un bon technicien, il lui reste maintenant à se construire un nom d'artiste...

On a aimé

  • Belle image
  • Réalisation très appliquée
  • Aspect splatter bien présent

On a moins bien aimé

  • Aucune originalité, ni personnalité.
  • Des incohérences.

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