Critique Looker [1984]

Avis critique rédigé par Christophe B. le vendredi 30 novembre 2007 à 17h24

La meilleure réalisation de Crichton

L'histoire débute comme une classique enquête policière : Trois jeunes et ravissantes mannequins trouvent la mort dans d'étranges circonstances. Un lien relie ces trois victimes : le passage chez un chirurgien esthétique réputé, les ayant récemment opéré afin qu'elles acquièrent les canons de la beauté idéale requis par la société de publicité Digital Matrix.
Autant dire que le "pauvre" chirurgien va se retrouver au centre de l'enquête de police, et bien sûr être désigné comme suspect principal. Certain de son innocence, il va lui même mener ses investigations afin de découvrir ce qui se trame derrière l'assassinat de ces pimpantes cover-girls.


La puissance de la technologie et la recherche de la perfection à tout prix, même au mépris de la vie, voilà le message sous jacent à ce métrage. Message récurent dans l'oeuvre de Crichton. Dans ses films comme dans ses romans, de Mondwest en passant par Coma, de L'Homme Terminal à La Proie, de Morts Suspectes à Runaway, ou encore dans son tout dernier roman : Next. L'écrivain/réalisateur décline sa vision de l'évolution de notre humanité via la puissance des nouvelles technologies, mais en montant en épingle les travers et les effets pervers de cette évolution.
Looker commence comme une enquête policière classique disais-je plus haut, mais brusquement, grâce à une mise en scène qui emprunte beaucoup à Dario Argento et à une ambiance musicale à la fois magnifique et inquiétante, signée de Barry DeVorzon, le film s'échappe vers le thriller de SF high-tech baroque et frénétique.
La quête de la vérité menée par le chirurgien a une double raison d'être, outre son innocence qu'il veut prouver, il désire également protéger une jeune top-modèle qu'il vient récemment d'opérer et dont il est tombé amoureux. A l'instar des trois autres malheureuses victimes, celle-ci se sent en danger, traquée par une menace presque invisible, représentée par l'inquiétant "homme à la moustache" (un rôle de méchant éminemment ringard et idiot qui fera date...), armé d'un mystérieux pistolet flasheur, le "Looker", faisant perdre le cours du temps à ses victimes...

Crichton, dans un premier temps, s'attaque ouvertement à la manipulation des masses, autrement dit, aux méthodes publicitaires modernes, dénigrant le statut de la femme objet, dont la beauté plastique et quasi hypnotique n'à qu'un seul et unique but : attirer l'oeil du téléspectateur vers le produit, et le faire consommer. Près de 30 ans plus tard, le message n'a pas pris une ride. Les "bonnasses" botoxée et regonflées des hémisphères squattent toujours nos petits écrans pour nous faire acheter la bagnole ou la bouteille de champoing sensée aller avec... Mais là où le réalisateur se révèle visionnaire, c'est quand il ajoute les nouvelles technologies à l'affaire. Captures Motion, retouches digitales, tout y est, et le film a été tourné en 1980 ! Autant dire au moyen-age... Le scénario glisse alors vers un postulat simpliste : Pourquoi payer la peau des fesses un mannequin refait sous toutes les coutures alors que la technique permet d'en créer un virtuellement pour pratiquement rien. Autant éliminer les modèles...
La construction des images, l'élégante et raffinée qualité visuelle, la force scénaristique et narrative du film en font la meilleure production du réalisateur, dépassant largement ses Morts Suspectes et Mondwest, je n'ose même pas parler de Runaway ou de l'invisible Physical Evidence... Je modère juste mon propos en raisons de petits vides narratifs qui s'incrustent ici ou là... L'histoire est totalement cohérente et aisément compréhensible, aucune scène inutile ne vient alourdir le propos. Ajoutez à cela l'interprétation parfaite de deux acteurs excellents : Albert Finney et James Coburn, plus les qualités plastiques des actrices, toutes droit sorties des pages du magasine Play-Boy, et vous comprendrez mon émoi... Arghhh Terry Welles...

La conclusion de à propos du Film : Looker [1984]

Auteur Christophe B.
81

Quand au tout début des années 80, Michael Crichton décide de s'attaquer au petit monde de la télévision et plus particulièrement de la publicité (on disait encore "réclame" à cette époque), nul doute que le propos allait faire mal. Et non content de pondre une critique cinglante de la petite lucarne et des dérives de notre société de consommation, avec intelligence et humour, l'écrivain/réalisateur offrait au cinéphile, en spécialiste averti, un petit aperçu des techniques cinématographiques et audiovisuelles qui allaient révolutionner les effets spéciaux dans les deux décennies à venir grâce à un scénario solide et sans faille.

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