Critique Révolte sur la Lune [1971]

Avis critique rédigé par Manu B. le vendredi 8 septembre 2006 à 10h14

Un coup dans l'eau

"J'apprend par la Lunaïa Pravda que le Conseil municipal de Luna City a adopté en première lecture un décret prévoyant la vérification, l'octroi de patentes, l'inspection et (la taxation) des distributeurs automatiques et publics de comestibles fonctionnant sur le territoire de la municipalité..."
Manuel Garcia Davies -Mannie pour les intimes- est le meilleur spécialiste informatique de la Lune (puisque les autres sont de médiocres techniciens) et il est un homme libre parmi ces millions de personnes qui ont été déporté sur le Roc. En effet, la lune est la prison dans laquelle sont envoyés tous les malfrats, les criminels, les réfractaires de la Terre. Et elle s'auto gère plus ou moins dans une espèce d'anarchie dont la grosse contrainte est d'envoyer le quota de céréales pour nourrir les bouches terriennes. La vie de Mannie change dès lors qu'il se rend compte que le mega ordinateur Mike qu'il vient dépanner est tout à coup doué de conscience et qu'il est son seul et meilleur ami. C'est dans le même temps qu'il fait la connaissance de Wyoming Knott, une agitatrice et revoit le Prof Bernardo de la Paz, un anarchiste rationnel. La révolution est en marche...
On peut dire que Robert Heinlein déconcerte. Chacun de ses romans a contribué à invalider l'idée que l'on avait de lui précédemment. Car si l'auteur est connu pour ses romans polémiques, ce n'est pas pour rien. Avec étoiles garde à vous, on l'a accusé de fasciste, avec en terre étrangère, il a donné des idées au mouvement hippie et on l'a dit proche de la politique du MacCarthysme.
Avec révolte sur la lune, on découvre encore un autre de ses multiples masques, car c'est un roman pleinement et ouvertement politique. Il y est raconté une Terre en pleine décadence, car en pleine surpopulation, dont les moyens de production décroissent à un point tel que les "prisons" de la Lune doivent fournir les céréales pour soutenir certains des pays à survivre, comme l'Inde et la Chine. Le fait est que cette Lune n'a pas de gouvernement, c'est une colonie et elle veut s'auto organiser en un système plus ou moins libertaire, ce qui reflète sans aucun doute les idées de l'auteur lui-même. A vrai dire, il est bien possible que ce roman soit sa façon d'exhorter ses idées contre l'Autorité avec un grand A. C'est d'ailleurs tout à fait déconcertant quand on lit en 1959 dans étoiles garde à vous que l'humanité pour se reconstruire a eu (et doit avoir) besoin de l'Armée pour se reconstruire et former une société stable. Le plus troublant est cette flopée de personnages extrémistes comme ce Prof anarchiste rationnel qui "croit que les concepts d'état et de société ou de gouvernement n'ont pas d'autre existence que celle qui est démontrée physiquement par les actes d'individus responsables d'eux-mêmes", qui sait s'allier à René Stuart La Joie, démocrate monarchiste, et à Wyoming Knott, proche des mouvements communistes les plus rebelles et les plus durs. Mannie est le seul à être plus ou moins neutre politiquement, quoique l'action de force militaire et la répression de grande envergure pour mater la résistance est un trait de son caractère. Comment dans ce cas démêler le vrai et le faux ? D'autant plus Mannie vit dans cet inintelligible cocon familial qu'est la famille multiple avec plusieurs femmes et plusieurs maris dans la même cellule. C'est un truc de fous qui jamais ne fonctionnerait vu la nature humaine et son penchant à posséder. On y retrouve cette communauté du héros de en terre étrangère. Une utopie de plus.
Alors que dire de ce roman, outre cet exercice politique? C'est lourd, c'est didactique où le professeur de la Paz sans cesse vous explique comment mener une révolution avec ses cellules, ses plans qui fonctionnent à merveille, et qui à chaque revers déclare qu'il avait prévu ces problèmes. C'est du lourd, et à sens unique. Jamais on ne doute de l'issue du bras de fer.
Le seul point intéressant de ce roman est de savoir si Robert Heinlein adhère à ces idées au moment de sa publication, tant l'ironie est palpable, à portée de main. Et sachant qu'il sait nous mettre la puce à l'oreille, n'aurait il pas déguisé ce texte de façon délibérément ironique pour finalement exposer véritablement ses propres théories. Impossible à dire. Car la plus grande ironie de la situation est qu'il a réussi à gagner un Hugo avec ça.

La conclusion de à propos du Roman : Révolte sur la Lune [1971]

Auteur Manu B.
55

Exutoire des idées politiques profondes de Robert Heinlein ou pamphlet de la révolution anarchiste rationaliste, on hésite un bon moment dans l'approche de ce roman qui surprend par sa naïveté ou son ironie sous-jacente. Le résultat est le même: c'est pompeux.
Prix Hugo 1967

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