Critique Les Aventures de Bernard et Bianca #1 [1977]

Avis critique rédigé par Bastien L. le dimanche 5 mars 2023 à 09h00

La belle et le concierge

Critique de la version française

Quant on pense aux films d'animation Disney, on a souvent l'image de contes européens féeriques remplis de jolis animaux, de princesses et d'univers pris dans le passé ou fantaisiste. Mais il existe évidemment des contre-exemples comme le très surprenant Les Aventures de Bernard et Bianca.

Comme souvent avec les classiques Disney, la production ne fut pas un long fleuve tranquille. A la base, Les Aventures de Bernard et Bianca est une série de romans jeunesse écrits par la Britannique Margery Sharp entre 1959 et 1978. Walt Disney lui-même en vit directement le potentiel avec un projet d'adaptation rapidement avorté en 1962. Le projet est néanmoins relancé au début des années 1970 à l'initiative du futur grand réalisateur Don Bluth afin de confier à des animateurs plus jeunes une production de moindre calibre pour un nouvel arrêt des frais en 1975. Pour autant l'idée n'est pas complètement jetée à l'eau et devient le prochain projet d'envergure du studio piloté par les anciens à savoir le producteur et réalisateur Wolfgang Reitherman dont ce fut la dernière réalisation pour Disney, poste qu'il a occupé sur tous les longs-métrages d'animation depuis Les 101 Dalmatiens en 1961. Comme pour Les Aventures de Winnie l'ourson, il est secondé par John Lounsbery qui décéda malheureusement durant la production du film. Ce qui explique peut-être la présence de Art Stevens (animateur maison depuis les années 1950) en tant que réalisateur. Le scénario est l’œuvre, entre autres, des habituels Larry Clemmons, Ken Anderson, Frank Thomas ou Ted Berman qui adaptent les deux premiers tomes de la saga de Sharp. Le film sortit en 1977 dans le monde et fut une immense succès (rapportant plus de 20 fois sa mise) notamment en France lui permettant plus tard de connaître une suite en 1990 devenant le premier Disney à recevoir cet honneur.

Le film démarre alors que la jeune orpheline Penny jette une bouteille à la mer qui est ensuite récupérée par une organisation internationale de souris, la SOS Société située sous le siège des Nations Unis à New-York. Même si la demande d'aide est en partie illisible, si ce n'est la mention d'un orphelinat new-yorkais, la souris Bianca, déléguée de la Hongrie (pays d'origine de la doubleuse originale Eva Gabor pour l'anecdote), se porte volontaire. Elle embarque, bien malgré lui, le concierge Bernard dans une aventure qui va leur faire traverser les Etats-Unis. En effet, la jeune Penny a été kidnappée par des escrocs/voleurs à la recherche d'un trésor mythique.

Ce qui frappe le plus avec le scénario des Aventures de Bernard et Bianca c'est son ancrage dans le réel. Certes le film fait la part belle au fantastique mais son action contemporaine à base de solidarité internationale via une sorte d'aide à l'enfance où une jeune fille subit une forme de maltraitance par ses ravisseurs dénote énormément du reste de la production Disney. Le film s'en rapprochant le plus semble être Les 101 Dalmatiens tant et si bien qu'il fut un temps envisagé que Cruella soit l'antagoniste principal avant d'être remplacée par l'effrayante Médusa. La quête de deux souris pour sauver une simple petite fille a quelque chose d'assez original quand bien même l'histoire vise avant tout l'efficacité. On est complètement dans la lignée des Disney avec une trame qui enchaîne les péripéties comme les gags afin d'offrir un divertissement familial visant autant les enfants que leurs parents. Simple sans être simpliste, l'histoire est un peu frileuse quand il s'agit d'explorer les thèmes qu'elle met en place. On retiendra surtout l'idée que n'importe qui aussi petit ou aussi isolé soit-il peut jouer un rôle ou croire en ses rêves. De même que l'entraide face à l'adversité permet de s'en sortir. On retrouve donc bien là l'accumulation de bons sentiments à la Disney mais dans une ambiance radicalement différente.

Ce qui interpelle en visionnant ce métrage c'est qu'on a la sensation que que Disney a été rattrapé par le Nouvel Hollywood avec Les Aventures de Bernard et Bianca. Cette histoire nous faisant découvrir le monde nocturne américain dont les rues inhospitalières de New-York aux côtés d'escrocs finalement très humains. Evidemment cela se fait à la sauce Disney c'est à dire avec son habituel zoo-anthropomorphisme et autres créatures inquiétantes (ici des crocodiles) à affronter pour obtenir un divertissement efficace mélange de suspense, d'humour, d'action comme de chansons. Ces dernières sont par ailleurs très jolies. La direction artistique est au diapason de cette approche plus contemporaine/réaliste (surtout après Winnie l'ourson...) avec des décors assez froids représentant bien l'immensité de New-York où l'aspect plus sauvage du Bayou du Diable. Cela fonctionne bien surtout quand cela est accompagné du savoir-faire Disney qui est très reconnaissable sur les animaux comme les êtres humains à commencer par la repoussante Médusa ou la très mignonne Penny. On apprécie aussi grandement la ribambelle de personnages secondaires qui viennent donner une belle variété au film.

Pour ce qui est du travail d'animation, on sent ici que le studio commençait à traverser une crise d'identité avec des projets moins forts et surtout moins soutenus par les nouveaux dirigeants. Les moyens moindres se font ici sentir notamment sur le générique étant une succession assez décevante de dessins ou encore la qualité de l’incrustation des animations sur les décors qui est trop inégale. Cela jure un peu trop par moments. Néanmoins, le travail d'animation est toujours aussi grandiose quand il s'agit de donner vie aux deux petites souris comme à leurs alliés de différentes espèces. Que cela soit les vols compliqués de l'albatros Orville, la libellule sur courant-alternatif Evinrude, les effets néfastes de la gnôle de Luke sans oublier la puissance des crocodiles où les manières hypocrites de Médusa (dont s'est occupé le mythique animateur Milt Kahl). La mise en scène est très académique rendant parfaitement compte du rythme du film comme du travail des animateurs. Elle s'est aussi se faire assez inquiétante et macabre notamment toute une scène avec une « caméra » placée dans l'orbite d'un squelette. De quoi parfois secouer une réalisation plutôt sage. Enfin, le doublage français est d'une grande qualité à commencer par l'indispensable Roger Carel interprétant un Bernard aussi hésitant que courageux.

La conclusion de à propos du Film d'animation : Les Aventures de Bernard et Bianca #1 [1977]

Auteur Bastien L.
75

Les Aventures de Bernard et Bianca est un film d'animation assez original au sein de l'histoire des studios Disney. Une œuvre coincée entre nouveautés et traditions qui livre un divertissement efficace misant sur une ambiance assez sombre allégée par des animaux aux pitreries efficaces. Une histoire remplie de bons sentiments démontrant une nouvelle fois la grandeur des animateurs Disney malgré la présence des contraintes techniques.

On a aimé

  • Un divertissement efficace pour toute la famille
  • Toute la galerie de personnages des principaux aux plus secondaires
  • Une noirceur bien gérée

On a moins bien aimé

  • Disney semblait marquer le pas techniquement
  • Des thématiques aussi classique que timidement abordées
  • Une histoire assez simple
     

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