Critique Headhunter #1 [2002]

Avis critique rédigé par Bastien L. le vendredi 27 janvier 2023 à 09h00

Repo Man

Critique de la version PS2

L'histoire du jeu vidéo, comme tout média, peut s'avérer impitoyable avec les œuvres moyennes. Ni trop géniales, ni trop catastrophiques donc oubliées sauf de ceux qui les ont eu dans les mains. Un peu le destin de Headhunter.

Pourtant, le développement comme la sortie du jeu se déroulent pendant une étape charnière de l'histoire vidéoludique. En effet, le titre est l’œuvre du studio suédois éphémère Amuze (seulement deux jeux, Headhunter et sa suite) et édité par SEGA pour sa Dreamcast. Une console culte au destin funeste dont Headhunter fut un des derniers gros projets à sortir fin 2001 après que la société ait abandonné son rôle de constructeur. Le géant nippon devient ainsi « seulement » un développeur/éditeur qui va devoir porter son catalogue sur les consoles rivales. C'est donc au printemps 2002 que les joueurs PlayStation 2 purent voir alors ce qui était impensable une année avant : un jeu SEGA édité sur leur console... Sinon, le jeu est l’œuvre du producteur et réalisateur John Kroknes avec un développement que l'on sent bien ancré dans son époque. En citant des références comme les films d'actions des années 1980 où l'oeuvre de Paul Verhoeven, Kroknes s'inscrit pleinement dans le tournant cinématographique pris par le jeu vidéo dans la seconde moitié des années 1990. On sent par ailleurs que les deux principales inspirations ont dû être Metal Gear Solid et Resident Evil pour ce jeu d'action/aventure (avec un zeste d'infiltration) à la troisième personne souhaitant nous plonger dans une œuvre de science-fiction riche en cinématiques.

 

Situé dans un futur proche sur ce qui s'apparente à la côte ouest des Etats-Unis, Headhunter nous plonge en pleine dystopie. Suite à une montée sans précédant de la criminalité, la compagnie privée ACN contrôle le marché des chasseurs de primes devant attraper les criminels dont on prélève les organes pour le bien être des hautes sphères de la société. Et toute la société semble organisée autour de cette bourse des criminels ainsi que sur le don d'organes. Vous incarnez le chasseur de primes (ou Headhunter) Jack Wade se réveillant dans un étrange laboratoire complètement amnésique dont il parvient à s'échapper. Il se réveille plusieurs jours après dans un hôpital où il rencontre Angela Stern fille du patron de l'ACN qui vient de se faire assassiner. Elle explique à Jack qu'il était l'un des meilleurs chasseurs de primes et qu'elle a besoin de lui pour trouver l'assassin de son père en l'envoyant sur la piste de l'énigmatique Don Fulci patron d'une organisation criminelle puissante, le Syndicat. Malheureusement pour Jack, sa disparition lui a fait perdre ses permis de chasseur et il va devoir les repasser pour avoir l'autorisation de consulter les dossiers officiels, d'appréhender des criminels ou de se rendre où il veut en ville. Son premier travail sera de s'infiltrer au sein du QG d'un gang de bikers dont le leader semble travailler pour Fulci.

L'intrigue du jeu n'est pas forcément très marquante ni très originale mais elle s'avère efficace comme sympathique à suivre. Elle est bien rythmée avec un duo de héros à l'ancienne assez charismatiques et un bon nombre de personnages secondaires comme de péripéties qui font le travail. C'est plus l'univers du jeu qui s'avère ici intéressant avec une dystopie basée sur le prolongement de la vie via des prélèvements d'organes plus ou moins volontaires... La criminalité devient ainsi une valeur marchande gérée par des forces de l'ordre de plus en plus privatisée où les chasseurs de prime semblent au-dessus de la loi. Le tout sous couvert de complot gangrenant un système déjà bien corrompue que Jack va tenter de démêler. La fin, que l'on vous laisse découvrir, lorgne même vers la pure série B où l'influence du premier Resident Evil se fait le plus sentir, la volonté de faire peur en moins. L'ensemble fonctionne assez bien permettant à Headhunter d'être original pour ce qui est du monde qu'il nous présente et des thématiques qui sont ainsi traitées sans jamais oublier de ne pas trop se prendre au sérieux. Le jeu est ainsi traversé d'un humour assez cynique visant particulièrement la télévision (les journaux TV sensationnalistes ainsi que les publicités abrutissantes) lors de quelques séquences assez savoureuses.

 

Techniquement et graphiquement, le jeu date quand même de 2001 donc il ne faut pas s'attendre à du grandiose si vous le découvrez plus de 20 ans après. Néanmoins, il s'avère vraiment propre par rapport à sa date de sortie avec une 3D digne de la génération 128-bits. Il y a par ailleurs quelques cinématiques en images de synthèse assez bien faites pour l'époque. Le moteur du jeu tient plutôt bien la route avec des personnages bien modélisés comme animés. Le côté action fonctionne bien avec un nombre intéressant d'ennemis et une bonne gestion des différents effets. Le jeu propose même une ville divisée en plusieurs zones dans laquelle on se balade entre deux missions. La direction artistique oscille entre le réalisme contemporain et le futuriste léger où l'on sent réellement qu'il date des années 1990. Si les décors ne sont pas très variés (très classiques dans l'ambiance grande ville américaine), ils restent cohérents apportant un peu de folie et de différences à la fin dans un manoir/laboratoire futuriste que ne renierai pas Resident Evil, encore une fois. Pour ce qui est de l'ambiance sonore, les musiques de Richard Jacques (alors employé chez SEGA) sont assez efficaces comme le reste du sound design. Les doublages anglais sont corrects sans plus.

Le jeu mélange donc action, exploration et infiltration. Notre héros oscille donc entre phases à moto entre deux lieux de mission qui sont entrecoupées de passage du permis adéquate pour avancer. Au premier abord, on sent réellement l'influence de Metal Gear Solid sans pourtant tenter la copie. Les passages de permis se font durant des sortes de missions VR que les fans de Solid Snake connaissent bien tandis que les missions affichent en permanence une petite carte où l'on peut connaître les rondes des soldats ennemis et vers où ils regardent. Lors de ces missions on a d'ailleurs le choix entre se la jouer infiltration en progressant sans être vu (ou via des éliminations discrètes) ou y aller plus bourrin avec un arsenal qui évolue au fil du temps. Sachant que l'on peut se plaquer contre les murs permettant de pouvoir tirer à couvert. Certaines missions permettent aussi d'offrir des chemins différents offrant donc des alternatives. Les passages à motos entre les missions, dirsons le gentiment, ont le mérite d'exister car le titre aurait malheureusement très bien pu s'en passer. Malgré une progression entre les niveaux assez redondante, le titre nous offre quand même quelques phases aussi différentes que surprenantes réussissant ainsi à sortir d'une sorte de monotonie. Ces moments offrent de bonnes respirations faisant ainsi le charme d'un jeu que l'on fini entre 7 heures et 10 heures de jeu sans s'ennuyer ni s'émerveiller pour autant.

 

Lors des missions, l'influence de Resident Evil se fait encore une fois sentir dans un level-design riche en allers-retours puisqu'il faut souvent explorer les lieux pour récupérer la bonne clé ou le bon objet avec quelques énigmes. Un construction qui rappellera de bons souvenirs aux amateurs de la saga horrifique. Et si dans son duo gameplay/progression, Headhunter fait penser à un mélange Metal Gear Solid + Resident Evil, il n'arrive néanmoins pas à se rapprocher de ses deux inspirations. La faute à un gameplay assez lourd et parfois imprécis. Les possibilités d'infiltration sont trop pauvres pour soutenir la comparaison et quand il faut sortir son arme, la caméra à tendance à rester plaquer derrière le personnage qui va bêtement menacer le vide si on ne s'est pas complètement tourné vers l'ennemi quand bien même il se trouve juste à côté. Rien de rédhibitoire néanmoins tant le jeu s'avère accessible avec un système de checkpoints rapprochés éliminant toute frustration. Là où le titre a aussi pris son coup de vieux c'est lors des combats de boss avec des phases à répéter aussi souvent que nécessaire offrant quelques affrontements oscillant entre le sympathiques et le redondant où l'épreuve d'endurance n'est pas loin. Mais encore une fois, on a du mal à en vouloir à Headhunter pur produit de son époque faisant autant sa force que ses défauts.

La conclusion de à propos du Jeu Vidéo : Headhunter #1 [2002]

Auteur Bastien L.
68

Si ce n'est son univers de science-fiction assez original dans le jeu vidéo, Headhunter est le prototype d'oeuvre qui n'arrive pas réellement à transcender ses qualités tout en affichant de réels défauts. Un titre qui n'a pas su affronter sereinement les affres du temps mais que l'on parcourt avec plaisir grâce à ses bonnes références mais aussi pour se replonger dans une autre époque du jeu vidéo.

On a aimé

  • Un univers dystopique original
  • Globalement efficace
  • Un retour vers le jeu vidéo du tournant des années 2000

On a moins bien aimé

  • Ca a pris son coup de vieux
  • Une caméra capricieuse
  • Les combats de boss

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