Retour sur G.E.N.R.E. III
Un petit retour sur la sélection des courts métrages G.E.N.R.E

Le  samedi 9 juin durant le Festival International du Court Métrage de Genre (GENRE III) nous avons pu découvrir une sélection de 12 courts métrages. Une sélection exemplaire avec au pire du bon, sinon de l’excellent, confirmant en cela que le talent et les idées sont toujours bien présents dans nos contrées. Pour autant, il faut surtout  saluer les organisateurs et la programmation qui a su remarquablement faire le tri et en cela se démarquer de beaucoup de festivals qui ne proposent pas une sélection si aguerrie.

 

Karolyn

Karolyn
film de Philippe Ibinga
Synopsis : Marc et la jeune femme sans nom ont pour un temps formé un binôme aussi bien lié professionnellement que sentimentalement. Lassée des braquages de casinos, la jeune femme pense à mettre un terme à leur liaison… jusqu’à croiser le chemin de Karolyn.

Notre avis : Depuis Nikita, nous savons que les femmes savent encaisser. Philippe Ibinga en fait une nouvelle fois la démonstration. Si le scénario n’apporte pas grand-chose de neuf, la distribution est de qualité et la mise en image est assez classieuse avec de jolis clair/obscur. De façade on se retrouve devant un produit vraiment bien emballé, on aurait tout de même juste aimé voir un peu plus de risque en termes de plans et d’écriture. Reste que ce thriller est du bel ouvrage et une belle carte de visite.

 

Estomago

Estomago
film de Camille Achour et Jean-Thomas Séité.
Synopsis : Un homme s’est barricadé dans un grand immeuble abandonné. Seul survivant d’une contamination massive, cet agent de sécurité essaie de survivre mais la menace extérieure se fait pesante et les remparts commencent à se fissurer.

Notre avis : En un mot : « scotchant » ! Estomago, un film de fin d’étude ? Fichtre, qu’est-ce que cela va donner pour la suite ! Ce court de 7 minutes arrive en à peine 1 minute à installer une tension que les jeux Resident Evil et Silent Hill n’aurait pas renié. On est impressionné autant par la technique que par la maîtrise du sujet (même si à un certain stade on finit par deviner la conclusion). Camille Achour et Jean-Thomas Séité signent un film instaurant une vraie scène de flippe, ce que certains n’arrivent pas à faire de tout un long. On attend impatiemment de découvrir les prochaines œuvres de ce duo, en espérant qu’ils seront capables de renouveler ce qu’ils ont accompli ici.

 

Sick

Sick 
film de Jean-Luc Herbulot
Synopsis : Lorsque le meurtrier présumé de leur enfant est relâché par la justice faute de preuves, trois parents décident de faire justice eux-mêmes.

Notre avis : Pour moi l’un des courts les moins immersifs de cette sélection, bien que le thème reste intéressant et que la mise en scène possède un certain rythme. Le montage m’a cependant paru bien trop sur-découpé et les acteurs pas toujours justes.  Pour autant le prix du Meilleur film du festival a été décerné au film de Jean-Luc Herbulot. Le jury fut donc quant-à lui séduit, la prouesse (certes respectable) d’avoir su tourner le film en seulement quelques heures  n’étant peut-être pas pour rien dans leur décision.

 

Entre deux

Entre Deux
film de Lucas « Kub » Fabiani & Pascal Barbier
Synopsis : Sur le parking d’un aéroport, deux hommes et une femme se préparent à braquer un riche homme d’affaire. La chose paraît simple mais la victime s’avère être le père de l’un des deux malfrats. Film interdit aux moins de 16 ans.

Notre avis : Au départ, on est loin d’être ici dans la finesse. Le début agacerait même pour son côté provoque gratuit et par ses dialogues « cool » qui semblent quelques peu forcés. Reste que de Lucas « Kub » Fabiani et Pascal Barbier amènent un très joli plan séquence et une deuxième partie bien mieux maîtrisée en termes d’histoire et de dialogues, avec une conclusion particulièrement sympathique.

 

Bloc 66

Block 66
film de Patrice Gablin
Synopsis: Comment échapper à la machine de mort nazi, implacable, impitoyable… Hani doit survivre. Elle doit sauver le bébé qu’elle porte. Son destin est lié à celui de ces enfants, premières victimes innocentes des camps. On les regroupait dans un même baraquement, le Block 66…

Notre avis : Le film de Patrice Gablin à l’avantage de posséder une histoire assez profonde, celle-ci se montre poignante, mais aussi pleine de connotations autour de la maternité (un parallèle au déjà très réussi Mon Père ?) et des génocides. Ensuite les acteurs sont justes et audibles. On ira même à saluer plus particulièrement celui qui joue l'officier nazi (même si certain du public à l’inverse de mon sentiment  l’ont trouvé caricatural). Mais surtout la mise en image se montre ambitieuse, classieuse, jamais décalée et servant toujours le récit. Block 66 n'est pas le premier film de Patrice Gablin, on suit ce dernier depuis un moment : Le Chasseur de Rêves malgré ses défauts était déjà imprégné d'une forte personnalité et d'un indéniable sens visuel, Mon Père était déjà une belle performance qui demandait à être confirmée, la chose est faite maintenant ! vivement le long !

 

Trotteur

Trotteur
film de Arnaud Brisebois et Francis Leclerc
Synopsis: Métaphore de l’adversité, une course infernale contre un adversaire sans pitié. Un duel à finir entre un jeune homme et une locomotive.

Notre avis : Une belle claque visuelle ! On comprend et on soutient ici parfaitement que le prix du Meilleur Réalisateur fut décerné à Arnaud Brisebois et Francis Leclerca, le film reflète une image aussi poétique que féérique. Il se dégage de plus une véritable personnalité amenant le film à ressembler à aucun autre (du moins à première vue). Le rythme, la musique, le montage, tout sonne juste.

 

Bucle

Bucle
un film de Aritz Moreno
Synopsis: Un homme se lève et se prépare un café. Un homme se lève et se prépare un café. Un homme se lève et se prépare un café.

Notre avis: C’est parfois dans les choses les plus courtes que l’on trouve le meilleur et Bucle en est le parfait exemple. C’est court, simple, efficace et c’est très bon ! Désolé mais on peut pas vraiment en dire plus.

 

La Casa del lagou

La Casa Del Lagou
film de Galder Gaztelu-Urrutia
Synopsis : Cela fait des années que tu penses foutre le camp. Regarde la photo. À nouveau. Tu sais où tu te trouves. Une porcherie. Va t’en. Tue-le. Ne parle pas, ne dis rien. Whisky. Minuit. Il ne peut pas l’expliquer. Elle non plus. Cette ville est pourrie. Où se trouve cette vie que tes parents t’avaient promise ?

Notre avis : Visuellement ce thriller est d’une très grande classe et le départ se montre très percutant (c’est le cas de le dire). Le problème, bien que le film ne dure que 11 minutes, est qu’on s’ennuie et on ne comprend pas toujours ou le réalisateur veut en venir. Reste une prouesse technique indéniable, même si au final on en ressort avec peu d’idées de ce qu’on a vu, d’autant que le film est quasi muet et communique donc essentiellement par l’image.

 

Un jour sang

Un Jour Sang
film de Steven Pravong
Synopsis : Elle n’est pas libre. Et dans sa perfection hautaine, lointaine et sublime, elle est tout. Insupportable. Une seule possibilité pour lui : la réduire au néant. La briser. La profaner. Dévaster sa beauté. La disperser en morceaux. Fragments informes et douloureux à compresser dans une poubelle. L’histoire n’est pas nouvelle. Racontons-la autrement.

Notre avis : L’idée de mettre en parallèle un fond sonore de torture extrême sur des images dans lesquelles on voit une femme s’habiller et se faire belle est plutôt intéressante. Hélas s’il y a un concept, Steven Pravong n’arrive pas à créer la tension adéquate de cet exercice de style, peut-être parce qu’indirectement les dialogues ou les acteurs ne donnent jamais le ton adapté à la violence, à l’inverse des bruitages qui retranscrivent pourtant des actes d’une terrible cruauté.

 

Cinderella 3.0

Cinderella 3.0
film de Sebastian Harrer.
Synopsis : Dans un futur proche, Cinderella 3.0 et Newbond se drague sur Internet. Ils décident de se rencontrer. Mais les possibilités techniques d’altérer la réalité sont nombreuses…

Notre avis : L’image n’est pas très belle (en outre les pixels sont très visibles sur grand écran), la mise en scène est de prime abord assez classique et pourtant force est de reconnaitre qu’on s’amuse devant cette rencontre hors-normes. On peut dire qu’au  final, sans faire d’esbroufe, Sebastian Harrer à su trouver le bon ton et le bon rythme, et c’est là l’essentiel d’une réussite.

 

A Tout Prix

A Tout Prix
film de Yann Danh
Synopsis : Suite à la délocalisation de leur entreprise, trois sacrifiés du système prennent les armes et kidnappent leur ex patron. Bien que leur demande de rançon ait été rejetée, ils comptent bien prouver qu’ils sont prêts à tout pour obtenir l’argent qu’ils réclament…

Notre avis : Le réalisateur Yann Danh fait dans le sujet de société,  et bien qu’exagérant son propos pour en faire «  un film d’anticipation », il ne reste pas trop loin d’une certaine réalité, même si on pourra reprocher la façon dont le scénario à tendance à caricaturer certains personnages. Côté mise en scène, c’est un sans faute, le rythme est excellent, la tension palpable, l’image belle, les cadrages et les mouvements de caméra bien pensés, bref une impression d’un film bien préparé et bien exécuté.

 

Innocence

Innocence
un film de Jean-Christophe Savelli
Synopsis : Un groupe armé se réveille dans une pièce inconnue. Ne sachant pas pourquoi ils sont là, leur seule motivation sera de sortir de ce dédale de pièces et de couloirs.Le chemin les menant vers la sortie providentielle ne sera pas sans embuche. Une force indéterminée n’aura de cesse de les détourner de leur objectif, dont l’issue sera au delà de ce qu’ils pouvaient imaginer.

Notre avis : Raphael Bertin et Jean-Christophe Savelli ont conçu une histoire fortement ambitieuse avec d'un côté tout ce qui représente l'essence de la série B (on pense en premier lieu à Aliens ou encore Ghosts of Mars), mais surtout avec une thématique sociale voulant amener « Innocence » à être bien plus qu'un « actioner ». Si la partie "série B" tient toutes ses promesses (Jean-Christophe Savelli jouant avec perfection sur les lumières d'ambiance, une mise en scène sobre mais efficace dans les scènes d’action - n’oubliant pas de rendre celles-ci lisibles à l'image de cette impressionnante charge de nombreux figurants) on regrette que la phase de transition avec la seconde partie soit trop rapide et en manque de subtilité par rapport au reste.En tout cas du très bon et un autre réalisateur plein d’avenir (on l’espère !)

 

Au bilan de cette journée  « GENRE III » démontre avec panache que talents, variétés et idées existent bel et bien en Europe et en particulier en France, et que si le public et la production s’en donnaient la peine, ils pourraient le constater. On félicitera donc Emmanuel Bonami et Florence Castel-Lescure de s’investir autant pour défendre « un autre cinéma ».

Auteur : Richard B.
Publié le dimanche 24 juin 2012 à 12h39

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Commentaires sur l'article

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    Merciiii :)
    Yann Danh, le 27 juin 2012 07h11

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