Critique Looper [2012]

Avis critique rédigé par Bastien L. le lundi 19 novembre 2012 à 22h19

Et la boucle est bouclée

Le voyage dans le temps est une figure imposée de la science-fiction, et nombreux sont les films et œuvres littéraires à s'y être frottés avec grand succès. Si Looper n'est clairement pas là pour renouveler le genre, il se sert du sujet pour construire un récit sombre et surprenant.

L'action se situe dans les années 2040, où l'on suit le personnage de Joe (Joseph Gordon-Levitt), un looper, c'est à dire tueur à gages chargé d'éliminer des victimes envoyées par la mafia du futur. En effet, là-bas, le voyage dans le temps est devenu un moyen très pratique pour faire disparaître des personnes... Mais le métier de looper est un CDD, puisque le job s'arrête une fois qu'ils se sont éliminés eux même, et ont ainsi "bouclé la boucle". Un jour, Seth (Paul Dano), un collègue et ami de Joe, lui annonce que quelqu'un de puissant dans le futur est en train de boucler toutes les boucles. Et c'est forcément que peu de temps après, lors d'un contrat banal, que Joe se retrouve face à face à lui-même, plus âgé de trentre ans (Bruce Willis), qui apparaît détaché à visage découvert. Il va réussir à s'échapper et mettre Joe dans l'embarras.

Si la bande-annonce laissait présager une course-poursuite de deux heures entre Gordon-Levitt et Willis, cela ne s'avère au bout du compte pas si simpliste puisque de nombreuses surprises vont venir alimenter le scénario ; et si Looper pouvait au départ faire penser à un petit blockbuster, il n'en est finalement rien. On a en effet ici à faire à un vrai film de SF au ton résolument adulte. Les deux versions de Joe sont ainsi sombres et assez antipathiques au premier abord, et les deux futurs proposés sont plutôt pessimistes (avec notamment une société s'apparentant véritablement à un monde en perdition). Tous les protagonistes rencontrés ont des motivations purement égoïstes, généralement répréhensibles, mais également souvent mouvantes, ce qui permet des changements psychologiques assez agréables.

Rian Johnson ne nous offre donc pas un cocktail d'action très rythmé, mais s'amuse vraiment à malmener ses personnages, comme des mécaniques propres aux films mettant en avant le temps comme élément narratif. Ainsi, on retrouve tous les passages obligatoires de ce genre de récit : un personnage se rencontrant à autre âge, les altérations physiques ou de la mémoire d'un personnage quand il arrive quelque chose à sa version jeune, la volonté d'éliminer quelqu'un pour modifier le futur ou encore les différentes destinées possibles selon si le voyageur du temps décide ou non de changer des choses.

La qualité du film repose également sur les bonnes interprétations d'acteurs confirmés. Ainsi, Joseph Gordon-Levitt continue de faire parler sa classe depuis Inception, et réussi à donner la profondeur et la froideur nécessaires à son personnage. De même, les différentes facettes de Joe vieux sont bien mises en avant par un Bruce Willis rendant crédible son personnage torturé. Mais la véritable révélation du film est le très jeune Pierce Gagnon, incarnant Cid le fils de Sara (l'impeccable Emily Blunt), qui réussit à donner l'impression de ne pas jouer son rôle d'enfant bipolaire. Pour les seconds rôles, on aussi le droit à des acteurs nous ayant habitué à leur justesse de jeu comme Jeff Daniels ou Paul Dano. Ce beau petit monde rend crédible les affrontements et surtout les dialogues parfois bien inspirés de Johnson.

S'il ne s'agit pas à proprement parler d'une très grosse production, le film bénéficie néanmoins d'effets spéciaux plus que corrects, à l'instar du maquillage que porte Gordon-Levitt pour ressembler à Bruce Willis. Même chose concernant les effets numériques, plus que corrects et avec une importance croissante dans le dernier tiers du film (ou pour les différentes machines futuristes que l'on découvre avec plaisir). C'est plus au niveau des décors et des costumes que l'ensemble reste trop classique, tout en demeurant malgré tout correct. On peut en revanche reprocher à la musique un réel manque d'implication, n'arrivant pas vraiment à souligner les enjeux dramatiques du récit.

Mais le principal défaut finalement du film se trouve dans le manque d'ambition de Rian Johnson en terme de réalisation. L'ensemble est vraiment très académique, et semble très entendu dès le début. Le réalisateur vise avant tout une efficacité et une lisibilité qui lui sont louables, mais on aurait aimé un peu plus d'ambition dans les scènes d'action, qui utilisent parfois un peu trop de hors-champ (quand elles ne sont pas carrément ellipsées). C'est vraiment dommage, car le scénario s'y prêtait et cela aurait permis aux spectateurs ayant été alléchés par une bande-annonce assez dynamique de ne pas trop repartir déçus. Pas sur que le film tienne toutes ses promesses pour tout le monde au final. Mais si on aime la science-fiction un peu sombre, on en redemande.

La conclusion de à propos du Film : Looper [2012]

Auteur Bastien L.
70

Looper est un film efficace dans son traitement du voyage temporel. Si le film ne révolutionne pas le genre, il joue néanmoins avec ses codes et s'appuie sur de bonnes idées. On peut également saluer une intrigue ambitieuse et sombre, qui ne tombe pas forcément dans le convenu et le bankable à tout prix, le tout bien mis en avant par un casting très convaincant. On peut néanmoins regretter l'absence d'une petite folie dans la réalisation, surtout en ce qui concerne les scènes d'action, qui ne semblent pas avoir intéressé Rian Johnson outre-mesure.

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