Critique Les sables de l'enfer [2010]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le jeudi 26 janvier 2012 à 17h54

Attack of the Muslim Graboids

Les cinéphiles fans de cinéma bis se souviennent surement d'une série de films (et d'une série télévisée éponyme) qui connut un certain succès dans les années 90 et le début de la décennie suivante. Se déclinant sous la forme d'une trilogie et d'une préquelle se déroulant durant la conquête de l'Ouest, Tremors et ses suites mettaient en vedette une espèce monstrueuse de créatures souterraines. Aveugles mais très sensibles aux sons et aux vibrations, ces vers géants et leurs progénitures mutantes menaient la vie dure aux habitants d'une petite communauté des Badlands, parmi lesquels figuraient, notamment dans le premier volet, quelques stars hollywoodiennes, dont Fred Ward, Kevin Bacon et Victor Wong. D'autres comédiens, jusqu'alors moins connus, se taillèrent grâce à ces films une bonne petite réputation dans l'univers de la série B, comme Michael Gross, qui interprétait un sympathique maniaque des armes à feu. Particulièrement durs à cuire, ces gigantesques invertébrés n'étaient sensibles qu'aux explosifs les plus puissants. Leur agonie, perpétrée à grand renfort de dynamite, donnait alors lieu à de désopilants spectacles, dans lesquels les personnages se voyaient recouverts d'humeurs visqueuses bien dégueulasses.

C'est probablement en pensant à cette série de films cultes que les producteurs Ric Nish (The Fountain) et Michael Prupas (La fureur des gargouilles, Les guêpes mutantes, Carnage, bref, que du lourd…) mirent en chantier Les sables de l'enfer. En effet, même si ici les sols rocailleux des Badlands cèdent la place aux étendues désertiques des montagnes afghanes et si les colons se voient remplacés par des soldats américains, on se retrouve exactement avec le même type d'intrigue. Les soldats talibans, présents tout au long du film, ne servent finalement qu'à justifier l'isolement de cette poignée de rangers (et détruisant leur moyens de communication et de transport), et agrémenter le métrage de quelques séquences d'actions, en servant de kebab aux vers géants. Le scénario de Raul Inglis (Cerberus), minimaliste et linéaire, va à l'essentiel, met en scène des personnages stéréotypés, obéit totalement au cahier des charges propre à ce type de productions télévisuelles (faire du pas cher et du politiquement correct) et se contente de puiser ses éléments narratifs dans la cinémathèque "SF musclée" de ces trente dernières années. On ne sera donc pas étonné de retrouver plongés au cœur de l'action quelques archétypes bien connus: le raleur de service (style Bill Paxton dans Aliens, le retour), la scientifique omnisciente (elle est aussi capable de deviner à quelle profondeur vivent les vers que de réparer une radio) et à l'instinct maternel exacerbé, le sergent "forcément" black et courageux, le private xénophobe et parano, l'officier philanthrope et héroïque, etc.

Isolés dans les montagnes afghanes, les rangers vont devoir affronter un double danger: les vilains talibans, qui sont cruels même envers leur peuple (dire que le portrait dressé par le script est orienté est un sacré euphémisme) et, plus extraordinaire, les vers géants (et non pas les géants verts). Heureusement pour nos héros, les monstres (préhistoriques, d'après la blondinette faisant office de scientifique) ne font pas la différence entre un soldat américain et un autochtone ce qui, au final, leur sauvera la mise (au début du film, cette patrouille tombe assez misérablement dans une embuscade et les survivants finissent emprisonnés, ligotés, un bandeau sur les yeux). Lors de leur fuite en avant (et arrière), ces soldats vont prendre sous leur protection un civil afghan et une jeune orpheline. Le premier servira à semer le doute dans l'esprit du spectateur sur l'honnêteté de sa démarche (il va servir de guide dans un réseau de souterrains), la seconde a recycler la viscérale liaison mère-fille déjà utilisée dans Aliens. A coté de cela, le récit se déroulant dans un pays sensible, qui fait souvent la une des journaux télévisés, il était intéressant de noter la méthode d'approche des producteurs. En fait, le récit tente maladroitement de justifier la présence américaine en Afghanistan en faisant du peuple afghan une victime de l'oppression des talibans et des soldats US leurs anges gardiens. Le parti pris est si lourdaud qu'il en est inoffensif et fait parfois sourire. On peut d'ailleurs se féliciter de cet humour involontaire car, contrairement à Tremors, film qui cultivait un très efficace humour au second degré,Les sables de l'enfer peine souvent par son économie dans le domaine, le jeune réalisateur Jeff Renfroe ayant opté pour un traitement "sérieux".

Au final, par manque d'esprit fun, le script se montre aussi monotone que mal écrit. Les moments forts de sa narration ne reposent par conséquent que sur la stupidité de certains passages. Ainsi, on peut découvrir que, dans Les sables de l'enfer, une route n'est minée que dans un seul sens de circulation puisque si lors du trajet aller les soldats sont contraints (dans des circonstances aussi rocambolesques que dramatiques) de finir le chemin à pied, le retour s'effectue à bord d'un 4x4 lancé à toute allure... sur le même chemin! On est également surpris de constater que ces vers pesant plusieurs dizaines de tonnes prennent bien soin d'éviter les zones bâties, comme si un simple bâtiment de briques pouvait les arrêter. Tout comme on s'étonne de voir les mêmes asticots géants engloutir goulument leurs victimes tout en parvenant à abandonner sur le sol les armes de leurs malheureuses proies. Bref, le récit est rempli d'incohérences et de facilités scénaristiques ridicules qui pourraient rendre le spectacle insupportable à tous spectateur sain d'esprit. Heureusement, le résultat global n'est finalement pas aussi nul que l'on aurait pu le craindre. Disons que le niveau se hisse, qualitativement parlant, largement au-dessus des productions du catalogue Syfy. Et cela, grâce à des effets spéciaux numériques qui surprennent assez souvent par leur qualité.

Bon, ne rêvez pas! En visionnant Les sables de l'enfer, vous n'allez pas vous voir offrir de magnifiques images CGI dignes d'un blockbuster hollywoodien. Par contre, pour une production télévisuelle, le film de Jeff Renfroe tient très bien ses engagements et arrive à nous proposer quelques plans sympathiques, notamment grâce à des monstres (loin des serpents cités dans le titre, ils évoquent plutôt un mélange des vers de Dune et des graboïds de Tremors) correctement animés et modélisés et, cerise sur le gâteau, plutôt bien incrustés dans les plans réels. C’est bien simple, ils arrivent presque à paraitre plus naturels que la plupart des personnages, qui paient cash le jeu assez poussif des comédiens (seul Jason Gedrick arrive, par moment, à nous convaincre) et des lignes de dialogues insipides. Le moment le plus marquant du film est quand, jaillissant du sol, deux vers attaquent un hélicoptère de combat qui arrive sur les lieux, avec pour mission l'évacuation de la petite unité américaine. Peut-être pas super réaliste, mais aussi amusant que les séquences de combat des kaiju eiga!

La conclusion de à propos du Film (Direct to Vidéo) : Les sables de l'enfer [2010]

Auteur Nicolas L.
40

Certes, avec Les sables de l'enfer, vous ne vivrez pas de grands frissons. Le scénario est bien trop médiocre et l'intrigue trop banale pour ce faire. Cependant, le téléfilm de Jeff Renfroe ne peut pas être pour autant qualifiée de bouse. En effet, grâce à des effets spéciaux modestes mais assez convaincants et quelques passages assez divertissants, le métrage parvient à se hisser, qualitativement parlant, au-dessus des affligeantes productions que nous proposent habituellement Syfy et autres spécialistes du direct-to-DVD.

On a aimé

  • Des effets spéciaux corrects
  • Quelques séquences divertissantes
  • Involontairement drôle

On a moins bien aimé

  • Un scénario insipide
  • Des personnages sans intérêt
  • Un spectacle formaté

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