Critique L'hôpital de la terreur [2012]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le mardi 7 juin 2011 à 17h31

Alice, Sweet Alice...

Les années 60. Kristen (Amber Heard), une jeune incendiaire souffrant d'amnésie, est hospitalisée dans le service psychiatrique du docteur Stinger (Jared Harris). Plongée dans une situation quasi-carcérale, elle va faire la connaissance des autres patientes, toutes des jeunes femmes de son age. Comme les jours passent, elle va se rendre compte que les pensionnaires de ce service sécurisé, dirigé par un personnel autoritaire, sont toutes prisonnières d'un terrible secret qu'elles n'osent avouer. Serait-il en rapport avec cet étrange individu qui erre dans les couloirs la nuit venue?

Pour bon nombre de cinéphiles, la sortie de The Ward en cette année 2011 est un évènement à marquer d'une pierre blanche. Cela faisait en effet dix ans ( et un assez controversé Ghosts of Mars - je fais partie de ceux qui ont apprécié cette série B cheap et décontractée) que les fans de cinéma fantastique attendaient le retour du John Carpenter cinéaste, alias Big John. Voilà qui est fait. Restait cependant à savoir si ce maître de la série B avait conservé intact son sens de la cinégénie et, plus simplement, le feu sacré. Au final, on peut être (un peu) rassuré. Si The Ward n'est assurément pas son meilleur film (et si son implication sur le projet s'est limité à la réalisation), la qualité du film démontre que John Carpenter a encore envie de nous raconter des histoires et que, contrairement à quelque uns de ses contemporains qui financent leur préretraite à coup de métrages ineptes ou bâclés, il a toujours un grand respect du spectateur.

Développé par les frères Rasmussen (Long Distance), le sujet de The Ward exploite des éléments thématiques et environnementaux que l'on pourrait légitimement juger comme trop usités. En effet, on ne compte plus aujourd'hui les thrillers se déroulant dans des établissements psychiatriques - ou, plus généralement, des hôpitaux. Une tendance bien compréhensible; le lieu, notamment quand il est filmé de nuit, ainsi que ses protagonistes en position de faiblesse, sont propices au développement de situations anxiogènes. The Ward dégage donc une impression de déjà-vu qui aurait pu, à la rigueur, être négligée si elle n'était accentuée ici par la présence d'une intrigue certes assez bien ficelée (l'ensemble se tient, rien à redire) mais que les habitués du genre n'auront aucun mal à décrypter (la révélation finale ne les surprendra donc pas). Passer derrière Shutter Island, film avec lequel il partage de nombreux points commun, n'est pas chose facile et, hélas, The Ward a du mal a soutenir la comparaison. Finalement, on se rend compte que John Carpenter a patienté dix ans pour porter son choix vers un scénario vraiment pas formidable et peu en accord avec son langage cinématographique (on se situe plus dans le domaine du thriller psychologique que dans la série B burnée qui a fait sa réputation). Un constat étonnant! Heureusement, le réalisateur s'est montré nettement plus exigeant et méticuleux dés lors qu'il est passé derrière la caméra.

Si le scénario est vraiment trop faible pour parvenir à nous effrayer, force est de dire que l'interêt de The Ward repose en grande partie sur l'entretien d'une atmosphère oppressante, fruit d'un regard intimiste et d'un flux narratif excellemment calculé. Toujours aussi à l'aise dans le huis-clos, John Carpenter a la bonne idée d'éviter, autant que possible, les plans chocs gratuits et ne cède jamais à l'esbroufe. Aidé par une caméra qui flirte de très près avec les comédiennes (on la comprend!), le récit adopte alors le ton du psychodrame. Le film gagne en tension ce qu'il perd en nervosité et en rythme et on en vient à fortement regretter que le matériau de base ne soit pas à la hauteur du traitement. Le cinémascope fait des merveilles. Soutenu par une mise en scène classieuse, il hisse encore plus haut le niveau d'élégance du métrage, déjà remarquable par ses choix de cadrage. Enfin, le montage est d'une belle efficacité et, au final, seule quelques facilités de type "jump scare" viennent tempérer un peu mon enthousiasme devant une telle démonstration de maitrise narrative.

L'un des autres points positifs de The Ward: l'interprétation. Soyons clairs: Amber Heard est formidable! L'actrice m'avait déjà séduit par son magnétisme dans Tous les garçons aiment Mandy Lane, elle fait ici aussi bien, subjuguant un personnage au profil psychologique manquant, de prime abord, quelque peu de finesse mais finalement assez intéressant car évoluant en marge des sentiers battus. Loin de coller au cliché de la blonde passive, Kristen est une fille volontaire, qui va tout tenter pour trouver une échappatoire, quitte à affronter "l'entité". Imprégné du rôle, Amber Heard fait montre d'une belle énergie (on pourrait même dire rage) et convainc. Les autres comédiennes parviennent également à nous faire accrocher à leurs personnages. C'est d'autant plus remarquable que John Carpenter, embarqué dans un récit à fil assez tendu, leur accorde peu de temps. On pourra aussi apprécier Susanna Burney dans le rôle d'une infirmière (l'infirmière Lundt) qui n'est pas sans rappeler le personnage interprété par Louise Fletcher dans Vol au dessus d'un nid de coucou.

La conclusion de à propos du Film : L'hôpital de la terreur [2012]

Auteur Nicolas L.
65

Il est difficile d'être enthousiasmé par The Ward tant son scénario peine à convaincre. Banale histoire de fantôme traficotée pour y introduire un final (à peine) surprenant, le scénario des Rasmusen ne présente pas grand chose de captivant (et encore moins de terrifiant). Heureusement, John Carpenter accomplit sur ce film un bon travail de réalisation et le casting remplit très correctement sa tache (avec une Amber Heard excellente!). Cela ne suffit hélas pas pour faire de The Ward une oeuvre mémorable. Pour fêter le grand retour de Big John, il faudra donc patienter encore un peu.

On a aimé

  • Un climat anxiogène bien entretenu
  • Une réalisation de qualité
  • Un casting convaincant

On a moins bien aimé

  • Une histoire peu originale
  • Une intrigue rapidement décryptée
  • Absolument pas effrayant

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