Critique La Cité de l'ombre [2008]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le samedi 21 mai 2011 à 11h58

La critique du staff

Depuis quelques temps, le moral des habitants de la cité souterraine d’Ember ne cesse de baisser. Par le passé si joviaux et insouciants, ils affichent désormais une mine des plus tristes, préoccupés par les pannes de générateur, qui sont de plus en longues et de plus en plus fréquentes. Et s’il n’y avait que ça ! Les réserves de nourriture sont également au plus bas. Nuit éternelle et pénurie semblent donc s’afficher comme le futur d’Ember

La situation, pourtant alarmante, ne semble pas inquiéter outre mesure le maire et ses adjoints, qui semblent bien décidés à organiser, comme tous les ans, la fête de la musique, histoire d’endormir leurs ouailles.  En fait, Lena et Doon, fraîchement entrés dans la vie adulte, sont les seuls à vouloir vraiment trouver une solution. Doon espère pouvoir trouver une solution pour réparer le générateur, alors que Lina, après avoir découvert un plan légué par un aïeul, pense avoir en main un sésame pour quitter la cité et accéder à la surface….

Après offert au public un sympathique Monster House, le jeune réalisateur Gil Kenan se voit confier par Tom Hanks la tache de mener à bien un nouveau projet autrement plus ambitieux : l’adaptation de La cité de l’ombre, premier tome de la série de romans jeunesse de Jeanne DuPreau (édité en France en 2003 chez Gallimard Jeunesse). Se voyant doté d’un confortable budget de 55 millions de dollars et bénéficiant d’un bon soutien artistique par la présence d’un prestigieux casting (Tim Robbins, Bill Murray, Martin Landau, Toby Jones…), Gil Kenan s’est donc attelé à sa tache avec application, avec comme objectif premier de rendre le plus séduisant possible l’univers steampunk imaginé par la romancière.

La première qualité de La Cité de l’Ombre est par conséquent son rendu visuel. Finement modélisée lors des plans larges, s’appuyant sur des décors bien fignolés pour les plans plus serrés, la cité souterraine se voit de plus armé d’un design steampunk franchement convaincant, plus réaliste que clinquant. Seule l’exiguïté des lieux, un peu trop poussée, gène un peu aux entournures, la vie dans Ember semblant parfois se concentrer sur un petit quartier composé d’une place et de trois rues. Intéressante également la conception des infrastructures de la cité, avec ses égouts obscurs et ses vétustes réseaux de tuyauteries. Bref, pour ce qui est de la qualité visuelle de La Cité de l’Ombre et de l’atmosphère instaurée (l’environnement sonore et la BO sont aussi de qualité), il n’y a pas grand-chose à reprocher au travail de Gil Kenan.

Adaptation de roman jeunesse oblige, ses héros sont des adolescents. Il faut donc accepter l’idée qu’ils sont les seuls à vraiment affronter la vérité en face : le générateur va bientôt tomber en panne et la ville sera alors plongée dans une définitive obscurité, et ses portes ouvertes à de monstrueuses créatures. Les adultes, eux, anesthésiés par les sermons d’un maire malhonnête, préfèrent faire comme si de rien n’était, tout en tremblant dés que la lumière artificielle vacille. Ces deux personnages sont interprétés par l’étonnante Saoirse Ronan (la Susie Salmon de The Lovely Bones)et le jeune britannique Harry Treadaway. La première interprète Lina Mayfleet, la descendante d’un des anciens maires d’Ember et dont le père est mort dans des circonstances mystérieuses. Le second est Doon Harrow, un jeune débrouillard, fils d’un inventeur cachant un secret derrière une attitude farfelue (Tim Robbins). Deux personnages à la construction très classique, donc, dont le comportement peine à surprendre le cinéphile, malgré le talent évident des deux jeunes comédiens.

Cependant, au delà de la présence de personnages très classiques, le véritable « problème » de La Cité de l’Ombre (et ce qui a probablement entraîné son bide au box office) est le manque de force de son traitement. A une époque où les films jeunesse rivalisent en effets spéciaux et en situations extrêmement mouvementées (de Harry Potter à Percy Jackson, des oeuvres qui enchaînent les séquences d’action et de violence), le film de Gil Kenan peut même être appréhendé comme une œuvre en manque de rythme et pauvre en péripéties. Son bestiaire se limite à une sorte de taupe mutante et à un papillon géant, ses passages épiques à une scène de type roller coaster déjà vu moult fois (et en mieux, comme dans Indiana Jones et le Temple Maudit) et à un Martin Landau jouant à Mario sur un tuyau géant. Bref, pas grand-chose de vraiment trépidant ou terrifiant.

Le coté inoffensif est de plus appuyé par la présence de méchants très old school, comme le maire interprété par Bill Murray (qui, soit dit en passant, est absolument génial). Cet aspect vintage s’ajoute à une intrigue dénuée de toute malice, ce qui accentue l’impression de visionner un métrage conçu avec l’esprit Disney des années 60-70. La déception risque donc d’être au rendez-vous pour le jeune spectateur avide de situations spectaculaires. A contrario, le connaisseur pourra, lui, être séduit par la force poétique d’une œuvre qui prend le temps de mettre ses éléments narratifs en place et qui ose flirter avec de nombreuses thématiques secondaires intéressantes (Gil Kenan, aidé par la brillante scénariste Caroline Thompson, nous parle de délation, de manipulation des masses, de répression, d’obscurantisme…). Au final, à défaut d’être un film ébouriffant ou poignant, La Cité de l’Ombre étonne par la finesse de son traitement et par sa douce élégance. Il est dommage que la dernière demi-heure (qui narre l’évasion des deux adolescents) perde un peu de cette superbe feutrée, Gil Kenan - probablement désireux d’instaurer une sorte de climax - accélérant de manière abrupte sa narration. Le film devient à ce moment nettement moins intéressant, d’autant plus que le rythme ne parvient pas à décoller, gêné aux entournures par des plans de coupe trop statiques portant sur les évènements se déroulant en ville.

La conclusion de à propos du Film : La Cité de l'ombre [2008]

Auteur Nicolas L.
65

En préférant mettre l’accent sur une narration élégante mais très old school, Gil Kenan, s’il prouve une nouvelle fois son don pour la poésie, s’est trop éloigné des pétaradantes tendances actuelles pour séduire l’audience ciblée par ce type de production. Dommage, car La Cité de l’Ombre, qui s’inspire à la fois des vieux films Disney et de la vague de teen movies des années 80, se révèle finalement bien plus séduisant et intelligent qu’un Percy Jackson ou un Apprenti sorcier.

On a aimé

  • Un film jeunesse dans la plus pure tradition du genre
  • Un aspect visuel très soigné
  • Un casting de qualité
  • Une adaptation assez fidèle
  • Quelques thématiques intéressantes

On a moins bien aimé

  • Peu spectaculaire
  • Une fin au rythme mal maitrisé

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