Critique Slaughtered Vomit Dolls

Avis critique rédigé par Nicolas L. le dimanche 18 avril 2010 à 19h16

Un Journal intime pas comme les autres...

Il est délicat de définir précisément un film qui ne présente aucune structure narrative fixe et qui nécessite un décryptage permanent lors de sa vision. Mais, puisqu’il me faut vous présenter Slaughtered Vomit Dolls, je dirai que le métrage se penche à matérialiser sur écran les hallucinations et les confidences d’Angela, une prostituée toxicomane ayant sombrée dans la démence et le satanisme.

Scènes de sexe craspecs, incantations sataniques, séquences de torture sur des victimes non identifiées - le tout sous l’objectif d’une caméra amateur jouant le rôle de « confidente » - sont donc au menu de cet échantillon de cinéma underground américain. On  y explore la psyché pervertie d’Angela, la destruction de son innocence d’enfant - représentée par une petite fille blonde diffusée sur une bande vidéo -, sa carrière de strip-teaseuse mais aussi sa vie de débauche faite de passes et de shoots. Les scènes d’extrême violence – brusquement amenées - s’entremêlent avec des séquences de souillure où les acteurs vomissent sur eux-mêmes ou sur la caméra, au cours d’un récit à la chronologie défaillante. Des personnages apparaissent, parfois accompagnés d’un commentaire daté (comme « Pig : executed march 31, 1994 » pour une jeune femme qui est massacrée et énucléée dans une chambre d’hôtel), sans que l’on sache vraiment s’ils sont les fruits des délires de la jeune femme ou le souvenir d’évènements réellement vécus.

En accumulant les scènes les plus glauques possibles, le film de Lucifer Valentine se veut donc un Vomit Gore dérangeant, choquant et, de par son étiquette snuff, putassier. Cependant, l’amateur de torture porn et de porno gore en sera pour ses frais tant le cinéaste joue ici la carte de l’expérimental. Il est en effet difficile d’apprécier correctement ces scènes peu lisibles car filmées en gros plan, noyés de zooms rapides et d’effets stroboscopiques, et baignant souvent dans une photographie surexposée. De plus, le réalisateur a opté pour une qualité d’image exécrable, plus proche du VHS que du DV. Enfin, même si cette mise en forme n’empêche pas certains plans d’être très explicites (notamment ceux portant sur l’intimité de la jeune femme) et les passages gores très violents et efficaces, l’on reste définitivement dans le domaine du témoignage (le film se présente d’ailleurs parfois sous la forme d’un journal intime) plus que dans celui du voyeurisme.

Le plus intéressant dans Slaughtered Vomit Dolls, c’est que l’on constate que, même s’il peut être considéré comme un étron grotesque, il n’en possède pas moins une grande cohérence artistique (contrairement aux bouses « auteurisantes » de Ron Atkins) ce qui, au final, le place bien au dessus des racoleuses merdasses porno gore qui noient actuellement les catalogues des distributeurs de cinéma underground. Quelque part, on peut dire que le cinéma de Lucifer Valentine évoque les premiers courts de Richard Kern (la recherche esthétique est cependant plus en retrait). C’est un film bizarre dans le sens littéral du terme, aussi difficile à regarder qu’à décrypter, de part son montage, son scénario et ses choix narratifs - comme des dialogues et des monologues psalmodiques difficilement compréhensibles car étouffés et masqués par une noise music dérangeante.

Plus le métrage avance, plus le film devient étrange, ardu à appréhender. Certains passages peuvent se voir attribuer un sens, comme la représentation de la déchéance physique et morale de la jeune femme. Une décrépitude physique, puisque son corps commence à se recouvrir de lésions et son visage prend un teint maladif,  mais aussi mentale (l’actrice, d’ailleurs, est tout à fait convaincante, passant du statut de désirable au début du film à celui de carrément repoussante). Pour représenter la déchéance morale, le pourrissement de l’âme d’Angela, l’on pénètre dans le domaine de l’allégorie avec une junkie qui finit par voir ses vomissures transformées en un flot de sang impur. Le film intrigue, écœure un peu, agace parfois mais il peut aussi, à force d’insistance, nous faire trouver le temps long, notamment vers son final (avec une conclusion assez facilement anticipée). Donc, c’est vrai, parfois, le film se montre ennuyeux.
Comme dans la scène d’Henry.

Dans cette séquence, on voit une jeune guitariste se faire dépecer par un dénommé Henry. Un Henry qui n’a, comme tous les autres protagonistes de ce métrage, aucune notion d’hygiène et qui finit par être dans un état lamentable, couvert de matières humaines et de sang. Puis Henry coupe le bras de la guitariste, glisse les doigts de la malheureuse dans sa bouche pour se faire vomir. Il vomit dans une chope, puis ré-ingurgite le tout, puis revomit.  Une autre séquence survient ensuite, plus poussée dans le registre du gore craspec mais de structure assez semblable. En effet, Lucifer Valentine y joue encore la carte de la répétition des plans avec un mec qui dévore le cerveau d’une victime avant de vomir son immonde repas à l’intérieur du crâne évidé. Je dois avouer qu’en dehors du fait que je n’ai pas réussi à faire le lien avec la vie et les confidences d’Angela, j’ai finit par trouver un peu le temps long lors de ces scènes bégayantes, et cela même si les effets gore y sont plutôt efficaces.

La conclusion de à propos du Film (Direct to Vidéo) : Slaughtered Vomit Dolls

Auteur Nicolas L.
42

Il est certain que Slaughtered Vomit Dolls n’est pas un film qui plaira à tout le monde. Et il n’est même pas sûr qu’il plaise aux amateurs de cinéma extrême tant l’aspec arty est poussé et la lisibilité difficile. Le film est rempli de défauts, certes, il peut même être considéré comme un spectacle ennuyeux ou trop pervers mais il n’empêche que l’œuvre de Lucifer Valentine possède une véritable atmosphère et une vraie cohérence, fruits d’une évidente démarche artistique.

On a aimé

  • Une véritable cohérence artistique.
  • La performance de l’actrice principale.
  • Du pur cinéma underground, qui intéressera les amateurs.

On a moins bien aimé

  • Un aspect amateur très affirmé.
  • Un cinéma hermétique.
  • Pour spectateurs très avertis.
  • Des longueurs

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