Critique Infection [2008]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le jeudi 3 juillet 2008 à 16h21

La clinique des idées noires

A la vue des premières images d'Infection, l'on pourrait se dire une chose: "chouette, enfin un film d’horreur qui ne nous assomme pas avec ces fantômes aux cheveux noirs et filasses ; chouette, enfin un film japonais qui n'est pas un yurei eiga!". En fait, cette première impression, si elle n'est pas complètement fausse, n,'est pas vraie non plus, car finalement, on va se rendre compte que le film de Masyuki Ochiai de se désolidarise pas tant que ça de la masse des productions actuelles. Mais est-il, en dehors de cela, un film qui vaut le coup d'être vu? C'est à cette question que je vais essayer de répondre, en prenant pour autant bien garde à ne pas trop vous gâcher l'effet de surprise.


Infection se déroule dans un hôpital. Un hôpital à la limite du dépôt de bilan et qui manque de tout; d'infirmières, de lits, de matériaux de soins, de médecins. Le personnel, fatigué et déprimé, travaille dans des conditions à la limite du supportable. Une situation catastrophique qui bien entendu favorise la naissance de conflits relationnels et d'erreurs de diagnostics. Un soir, alors que le service de nuit accumule les heures supplémentaires non payées, un accident se produit et un patient perd la vie. Ayant peur pour leur emploi, les responsables décident de cacher la vérité, prétextant l'état désespéré du malade, grièvement brulé, et le fait qu'il soit sans famille. C'est alors qu'une ambulance amène un patient plongé dans le coma, apparemment porteur d'un virus inconnu...
La première heure d’Infection est un pur film d'horreur. Un huis-clos au cours duquel une équipe médicale se retrouve confrontée à un virus extrêmement virulent qui, après avoir rendu fou le malade, le transforme rapidement en une masse visqueuse et verdâtre. Les uns après les autres, les membres du personnel vont être touchés et succomber à la maladie. Pour présenter cette contagion bien craspec, le réalisateur Masyuki Ochiai utilise des moyens classiques mais éprouvés. Il joue sur la photographie pour donner à ces couloirs d'hôpital une atmosphère glauque et inconfortable, travaille sur les lumières pour entretenir ce climat oppressant et il n'hésite pas à jouer sur le rythme avec de brusques accélérations lors des séquences de démence - souvent accompagnées de plans d'automutilations. Il ne lésine pas non plus sur les longs plans fixes cadrés sur des visages ou les panoramiques mettant très lentement le sujet en exposition. Au final, même si tout cela n'a rien de révolutionnaire (ni de très effrayant, à part pour les âmes sensibles), c'est assez réussi et on nage dans un univers de série B qui se rapproche assez du Prince des Ténèbres de John Carpenter, avec des moments chocs tout à fait efficaces qui nous font oublier les quelques incohérences qui apparaissent, ici et là, dans le scénario.

Il est également important de souligner le travail effectué sur les personnages. Dans Infection, il n'y a pas de héros, tous ont leurs faiblesses et connaissent des défaillances, d'ailleurs certains d'entre eux pourraient même être catalogués comme antipathiques et égocentriques. Bon, c'est vrai, Masayuki Ochiai insiste parfois un peu trop sur la nature "bizarre" de certains personnages - ce qui nous met alors la puce à l'oreille concernant l'anormalité de certaines situations -, mais ce choix a le mérite de nous laisser en permanence dans le doute concernant les véritables intentions de ces personnes à l'équilibre mental fragilisé par cette phase de stress.
Cette bonne impression ne va hélas pas durer. En effet, dans la dernière partie, le cinéaste abandonne son traitement horreur-fiction, pour nous embarquer dans des considérations fantasmagoriques un peu foutraques. Il est vrai qu'à la vue de "petits" détails qui parsemaient jusqu'alors le récit, l'on se doutait un peu que quelque chose de "weird" se cachait derrière cette simple histoire de virus, et qu'à un moment ou à un autre, on allait finir par le découvrir. Cette évolution peut donc sembler logique... dans le principe. En fait, ce qui m'a le plus gêné dans cette démarche, c'est à la fois son artificialité (l'on sent pertinemment qu'elle n'existe que comme prétexte au déclenchement d'une série de twists scénaristiques) et son aspect alambiqué. On a donc droit à une rafale de twists qui lorgnent du coté de Event Horizon, Sphère et tous ces films "hallucinatoires" qui fonctionnent (plus ou moins bien) sur la paranoïa et cette absence de certitude d'évoluer dans un univers tangible. Le film nous embarque dans le fantastique spectaculaire à la kaidan eiga, bourré de coups de théâtre et de révélations pachydermiques, peu crédibles et souvent bien brumeuses. Et là, pour le coup, le film perd son originalité.

La conclusion de à propos du Film : Infection [2008]

Auteur Nicolas L.
60

Infection est une assez bonne surprise, d’autant plus que le film fait partie d’une série de films produits par Takashige Ichise (baptisée J-Horror Theater) pas toujours réussis. Le métrage de Masyuki Ochiai vaut surtout pour sa première heure, avec une reconstitution horrifique basée sur le subjectif et le craspec assez efficace. Malheureusement sur la fin, le récit s’égare dans des tergiversations fantasmagoriques un peu lourdingues et surtout complètement inutiles. En voulant « intellectualiser » son film, le réalisateur ne parvient qu’à le rendre artificiellement brumeux. Dommage…

On a aimé

  • Une première heure très divertissante
  • Des passages chocs efficaces
  • Des personnages travaillés
  • Une réalisation habile

On a moins bien aimé

  • Inutile rafale de twists dans le dénouement
  • Du cinéma guère innovateur

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