Critique La Momie sanglante [1974]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le mardi 4 décembre 2007 à 15h35

La momie en bonnet D

Le mythe de la momie et autres malédictions ancestrales d’atmosphère moyen-orientale font quelques peu offices de parents pauvres au sein de la luxuriante filmographie de la Hammer Films. Seule, The Mummy, réalisée en 1959 par Terence Fisher - avec planqué sous les bandelettes l’inimitable Christopher Lee – reste gravé dans nos mémoires. Un bien maigre bilan que cet unique exemplaire perdu au milieu de la masse de films vantant les exactions du monstre de Frankenstein et de Dracula.
Hors, en 1971, le studio anglais surprend ses fans en proposant une relecture de la légende de la malédiction pharaonique. Oui, et quand je dis relecture, je pèse mes mots. Blood from the Mummy’s Tomb est déjà, de par son titre, trompeur sur la matière. Ici, point de monstre enrubanné marchant comme un automate les bras tendus vers sa future victime (bien gironde en général...). Non, dans le film de Seth Holt, la momie est une vamp! Remarquez, lorsque l’on a la chance d’avoir une Valerie Leon dans son casting, on ne la dissimule pas sous des bandes de gaze d’une propreté douteuse.
Mais, vous me direz, quel prétexte a bien pu trouver la production afin d’afficher dans un film une momie en bikini sans passer pour de vils pervers iconoclastes ? Et bien, figurez-vous que ce prétexte, ils l’ont tout bêtement déniché en lorgnant du coté de la bibliographie du créateur de Dracula !


En effet, adapté d’une nouvelle de Bram Stoker, Blood From the Mummy’s Tomb raconte l’histoire d’une prêtresse égyptienne maléfique qui, une fois son corps découvert par une expédition archéologique, va tenter de revenir à la vie en utilisant comme medium la fille de l’un des responsables scientifiques. Pour reconstituer cette sombre histoire de possession, le cinéaste Seth Holt choisit de faire endosser à la belle anglaise (en effet, malgré son apparence latino et son nom de scène, la brune Valerie est britannique !) deux rôles ; celui (un peu figé) d’une reine en tenue d’apparat allongée dans son sarcophage, et celui d’une jeune fille de bonne famille sous influence maléfique.
Manipulée par l’esprit démoniaque de cette reine-pretresse au profil psychologique bien mal définie (une déesse, un sorcière, un démon ?... on n’en sait rien) et aidée par un archéologue fanatisé, la jeune Margaret va partir en quête des artefacts nécessaires au cérémonial de résurrection. Pour cela, elle va aller jusqu’au meurtre, sa véritable personnalité ne prenant que rarement le dessus au cours de cette incessante dualité qui trouble son esprit.
Je le dis sans détour : la volonté du Seth Holt - et de Christopher Wicking, son scénariste - de porter un nouveau regard sur le mythe est fort louable. Mais force aussi est d’admettre qu’ils s’emmêlent souvent les pinceaux dans leur démarche. En effet, la trame narrative est plombée par les questionnements laissés sans réponse et les comportements peu logiques de nombreux protagonistes. Comme, par exemple, celui du père de Margaret.

Eminent égyptologue, homme jamais vraiment remis de la perte de son épouse, le professeur Julian Fuchs conserve le corps de Tera dans un sarcophage, au fond de sa salle d’étude. Celle-ci, pour l’occasion, s’est transformée progressivement en un temple voué au culte de la Reine. Et c’est là où l’on a du mal à suivre le raisonnement de Julian Fuchs. En effet, sans raison logique, il alterne au fil des séquences moments de vénération, de haine et de peur à l’encontre de Tera. Il pousse même le paradoxe à offrir à sa fille un joyau aux propriétés occultes, en sachant très bien qu’en faisant cela, il met la vie de sa fille chérie en danger. Bref, il a un comportement d’homme mentalement défaillant, ce qui n’est pas du tout en accord avec le jeu posé de Andrew Keir. Du moins jusqu’au milieu du métrage.
Dans ces conditions, il est difficile de se projeter dans l’histoire. D’autant plus que Valerie Leon - très mignonne il est vrai - n’a pas le talent de Barbara Steele et qu’elle a vraiment du mal à mettre en évidence sa quasi « schyzophrénie ». En toutes circonstances, elle reste fade et presque inexpressive.
Heureusement, à coté de cela, on peut noter un bon nombre de satisfactions. A commencer par une réalisation entretenant parfaitement l’atmosphère occulte du sujet. Ainsi, Seth Holt joue habilement des décors et des lumières, transformant les interventions surnaturelles en autant d’ombres menaçantes projetées sur les murs et les visages. Certaines séquences, mettant en scène des seconds couteaux bien dans leur rôle, sont même assez efficaces. Je retiens tout particulièrement une scène de démence à l’asile, dont la réussite théâtrale et chorégraphique est à peine gâchée par l’introduction d’un accessoire ridicule – une statue de serpent - dans le cadre.

La conclusion de à propos du Film : La Momie sanglante [1974]

Auteur Nicolas L.
52

Film mineur du copieux catalogue Hammer, Blood of the Mummy’s Tomb n’en est pas pour autant nul ou inintéressant. Il se révèle même d’agréable vision pour celui qui met pudiquement de coté les questionnements provoqués par un scénario un peu bancal. Dans ces conditions, le spectateur tolérant y verra donc l’une des plus belles vamps du studio transformée en reine égyptienne au sein une histoire qui, à défaut d’être effrayante, se révèlera distrayante.

On a aimé

  • Valerie Leon, l’une des plus belles vamps de la Hammer
  • Une réalisation appliquée
  • Quelques bonnes séquences

On a moins bien aimé

  • Anomalies structurelles dans le script
  • Manque de suspense
  • Le jeu un peu terne de Valerie Leon

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