Critique Mary Poppins #1 [1965]

Avis critique rédigé par Bastien L. le jeudi 10 février 2022 à 09h00

Mary en pleine lumière

Le roi du divertissement à l'américaine Walt Disney a produit de nombreux films aujourd'hui considérés comme des monuments du cinéma à l'instar de la comédie musicale Mary Poppins. Un des joyaux de la firme aux grandes oreilles.

Comme souvent chez Disney, le film est une adaptation. Il s'agit ici d'une histoire originale de l'auteure britannique d'origine australienne P.L. Travers. Une romancière ayant donné vie à Mary Poppins avec une série de 8 livres entre 1934 et 1988 racontant les aventures d'une nounou très spéciale dans l'Anglettre du début du XXème siècle. Comme souvent aussi, Walt Disney mit beaucoup de temps à adapter cette œuvre. La légende raconte que ce sont ses filles qui l'ont poussé à adapter le premier roman dès 1938 mais il se heurta au refus de Travers. Il dû s'y reprendre pendant plus de 20 ans puisque ce fut en 1961 que le projet pu enfin se lancer non sans difficultés. La relation entre Disney et Travers fut compliquée tant cette dernière ne voulait pas que l'on dénature son œuvre qui ne comprenait pas de chansons ou de voyages dans des dessins-animées. Une production houleuse par ailleurs racontée dans le film Dans l'ombre de Mary sorti en 2013. Toute la création musicale fut confiée aux frères Richard et Robert Sherman tandis que la réalisation fut donnée à Robert Stevenson, un artisan de longue date de la maison Disney ayant réalisé près d'une vingtaine de divertissements familiaux pour la firme. Pour incarner cette comédie musicale en costumes, le casting fut composé d'artistes/acteurs rompus à ce genre d'exercice comme l'Anglaise Julie Andrews dont ce fut le premier rôle au cinéma. Le film sort sur les écrans en 1964 (un an plus tard chez nous) et devient une œuvre culte instantanément triomphant au box office, remportant 5 oscars (dont meilleure actrice pour Andrews) et étant inscrit dans la mémoire de la pop culture mondiale.

 

Le film se déroule à Londres en 1910 et présente la famille aisée des Banks dont les deux enfants, Jane (Karen Dotrice) et Michael (Matthew Garber), deux terreurs pour les nounous qui se succèdent chez eux. Les enfants semblent délaissé par leur père George (David Tomlinson), un homme strict et très occupé par son travail de banquer, ainsi que par leur mère Winifred (Glynis Johns) très investie dans son combat de suffragette. En recherche d'attention et d'affection, les bambins proposent à leur père une annonce pour une nouvelle nourrice. Le père déchire la lettre dans la cheminée mais elle parvient à Mary Poppins (Julie Andrews), une étrange nounou semblant avoir quelques pouvoirs et qui est bien décidée à remettre de l'ordre affectif dans cette famille. Elle va s'imposer grâce à sa malice, son bon sens et réussira à apporter un peu de joie, comme de cadres, aux enfants en leur faisant découvrir des lieux merveilleux aux côtés de Bert (Dick Van Dyke), un homme des rues semblant exercer 1000 métiers. L'arrivée de Mary Poppins va être une grande aventure comme une leçon de vie même si ses façons de faire risquent de se heurter à la morale bien stricte de George Banks.

Comme chacun sait, Mary Poppins dispose d'énormément de qualités mais son scénario est rarement la première chose qui vient en tête. Pourtant, l'histoire du film est excellente. Elle est facilement compréhensible pour les plus jeunes et assez profonde pour les adultes. Une histoire d'une grande douceur qui se suit toujours avec plaisir tant les dialogues sont savoureux, les chansons toujours bien amenées, les personnages attachants et les péripéties bien rythmées. Les 2h20 du film passent en un claquement de doigt et on est émerveillé du début à la fin. Le scénario offre un monument du divertissement familial avec ce qu'il faut de rires, d'émotions, de douceur et de folie pour nous enchanter. L'histoire ose par ailleurs offrir quelques réflexions intéressantes sur la famille et l'éducation. Le personnage de Mary Poppins agit comme un médiateur permettant aux enfants de grandir avec ce qu'il faut d'émerveillements comme de règles et de surtout rappeler au père que les choses simples sont souvent plus importantes que la Grande Banque d'Angleterre. Le film met en avant que la simplicité n'est pas la futilité et qu'un peu de douceur, comme de folie, dans la vie permet d'en affronter les difficultés et les épreuves qui ne sont jamais ignorées. Le tout avec une grande subtilité sans jamais tomber dans la mièvrerie ni la morale sentencieuse. Sans oublier que le film aborde le féminisme d'époque et ose une petite charge contre le capitalisme dans une scène où l'on a l'impression que Walt Disney prend sa revanche sur les banquiers qui ne voulaient pas financer ses rêves d'enfant...

 

Cette excellente histoire plus profonde qu'il n'y paraît est sublimée par une œuvre artistiquement impressionnante. Le film est magnifique et rend justice aux merveilleux créateurs de la maison Disney. La reconstitution californienne du Londres de 1910 est géniale car elle mélange habilement un aspect réaliste à un autre plus imaginaire comme pour souligner la rencontre entre une famille ordinaire et une nounou extraordinaire. Les costumes comme les décors sont de grande qualité et on saluera tout particulièrement l'utilisation de sublimes matte-paintings pendant les scènes des toits de Londres. Le film offre aussi toute une séquence où nos héros sont plongés dans un dessin-animé où Disney peut évidemment démontrer tout son savoir-faire. Si Mary Poppins fonctionne aussi bien c'est aussi grâce à ses chansons qui ont traversé sans aucun problème l'épreuve du temps. Les frères Richard et Robert Sherman ont réalisé un travail d'orfèvre et sont ainsi responsables d'une grande partie de la qualité de ce film. Alors certes, certaines chansons ont un peu vieilli mais d'autres sont encore aujourd'hui des classiques dont les paroles ne peuvent que vous faire retomber en enfance : « Le morceau de sucre qui aide la médecine à couler », « Supercalifragilisticexpialidocious », la sublime « Deux pences» ou l'entraînante « Gardez le rythme ». Cette dernière est un des moments de bravoure les plus incroyables du film qui est avant-tout une comédie musicale de haute tenue aux chorégraphies assez impressionnantes.

Cela permet aussi de souligner que Mary Poppins est une prouesse technique incroyable pour son époque. On imagine sans peine l'émerveillement des spectateurs de 1965 devant un tel spectacle qui offre des effets-spéciaux renversants et des situations incroyables très bien réalisées. Il y a d'abord la séquence incrustant les acteurs dans un dessin-animé via un procédé maison. L'animation est évidemment confiée aux animateurs expérimentés des studios Disney offrant des séquences aussi drôles qu’impressionnantes perfectionnant un procédé pourtant déjà connu. Les effets-spéciaux ont aussi beaucoup travaillé avec des câbles et d'astucieux effets de caméra pour filmer la scène des rires au plafond qui reste toujours aussi bluffante. La production utilise toutes les techniques perfectionnées de l'époque pour donner toute sa magie à Mary Poppins comme des sortes d'animatroniques ou d'autres astuces toujours bien réalisées comme le sac de Mary, son miroir ou le rangement de la chambre des enfants... Et que dire une nouvelle fois de la scène sur les toits de Londres, véritables synthèse parfaite de toute les qualités du film. Certes, le film accuse parfois son âge avec des incrustations qui apparaissent un peu grossières sur nos écrans plats actuels mais cela n'enlève rien à la prouesse de l'époque.

 

Si toute les qualités du film s'étalent avec délice sous nos yeux c'est parce que Robert Stevenson est bien plus qu'un yes man à la solde de Walt Disney. C'est un véritable artisan qui a su sublimer le travail d'autres artistes avec fluidité et visibilité parfaites. Le cinéaste maîtrise parfaitement la grammaire du divertissement familial et sait donner du rythme à l'humour, apporter de la lenteur pour l’émotion et rendre justice aux performances des comédiens. Un travail très efficace où le cinéaste semble s'effacer pour laisser parler la magie des autres artistes. Pour ce qui est des comédiens, Julie Andrews est évidemment géniale dans le rôle de Mary Poppins. Elle propose un mélange de charme, d'impertinence, de douceur comme de rigueur détachée qui fonctionne parfaitement. A ses côtés Dick Van Dyke (Bye Bye Birdie, The Dick Van Dyke Show...) est un clown au grand cœur très attachant dans un rôle très physique souvent moqué pour son accent improbable mais qui est néanmoins excellent. David Tomlinson (Miranda, Helter Skelter...) impose toute sa britishness en George Banks tout en réussissant à bien faire ressentir sa carapace qui se fissure peu à peu. A ses côtés, Glynis Johns (Miranda, Horizons sans frontières...) incarne parfaitement cette mère aussi effacée dans sa maison que déterminée dans son combat féministe. Les deux enfants sont aussi au diapason à l'instar des seconds rôles. Un casting qui donne aussi le meilleur de lui-même en termes de chant comme de danse.

La conclusion de à propos du Film : Mary Poppins #1 [1965]

Auteur Bastien L.
90

Pour ce qui est des films en prises de vue (plus ou moins) réelles, Mary Poppins est sans conteste un des (si ce n'est LE) chef-d'oeuvres du producteur Walt Disney. Un divertissement familial regorgeant de scènes cultes, d'un scénario inspirant, de musiques indémodables, d'effets spéciaux bluffants, d'un casting excellent et d'une direction artistique incroyable. Un bonheur de tous les instants.

On a aimé

  • Un scénario aussi divertissant que profond
  • Les musiques cultes
  • Les effets spéciaux incroyables...

On a moins bien aimé

  • ... Qui ont légèrement veillis
  • Comme quelques musiques
  • Et c'est tout !

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