Batman, le justicier de Gotham > Les années 80

Batman dans la continuité… et exploitations réelles des médias

1 – Les années 80 a travers le comics …

Les années 80 offrent à Batman comme nous le verrons ici l’opportunité d’être partout, ainsi le justicier se verra porté non seulement un certain nombre de fois à la télévision mais aussi en jeux vidéos et au cinéma. Par contre, il restera étonnant de voir que si Batman est l’un des super-héros les plus porteurs aux Etats-Unis, en France le justicier ne sera pas vraiment exporté et introduit. C’est donc l’univers Marvel qui se distinguera surtout chez nous !
Dessinée en grande partie par Gene Colan, et aspirant à une continuité, les épisodes n’essayent plus vraiment de se distinguer, la plus grosse intrigue sur le « long terme » étant « Robin va-t-il ou pas réussir l’université ? » Les dessins de Colan sont tout de même efficaces avec leurs clair-obscurs, et offrent des Batman plutôt bien construits psychologiquement. Il faudra cependant attendre 1983 pour avoir quelques événements de réelle importance, comme en mars où pour la première fois apparaîtra un jeune acrobate du nom de Jason Todd (Batman 357). Mai verra d’ailleurs non seulement le 500ème numéro de Detective Comics, mais aussi l’histoire se répéter avec la mort des parents de Jason Todd, assassinés par Killer Crocs. Jason Todd devient suite à cet événement officiellement le nouveau Robin de Batman en décembre 83 (Batman 366). Toujours la même année, en août, Batman décide de quitter la JLA suite à des rivalités naissantes entre lui et des personnages plus boy-scouts tel que Wonder Woman et Superman. Batman fonde donc les Outsiders (Batman and Outsiders 1) .

Batman ayant un nouveau Robin, 1984 verra le départ de Dick Grayson en février (The new Teen Titans 44) pour devenir en juillet un nouveau justicier du nom de Nightwing (Tales of the Teen Titans 44).
1985 ouvre une nouvelle ère dans les comics DC et en particulier pour Batman. Conscient du tout et n’importe quoi qui a bercé Batman débute la série « Crisis on Infinite » Cette série de 12 numéros, modifie le passé de tous les héros DC et Batman n’échappe pas à cette peau neuve. A travers cela le Bat-chien, le Bat-singe, et autres Bat allant à la dérive sont tous simplement ici reniés ! De même les origines de Jason Todd sont revues en apportant plus d’originalité mais moins de sympathie. Il faut dire qu’à l’inverse de Marvel, DC n’avait jamais vraiment fait attention à la cohérences de ses personnages, et avait souvent utilisé à outrance les univers parallèles pour expliquer les incohérences des diverses histoires (Terre 1, 2, ..5). Mais à force de tout justifier par les mondes parallèles, les lecteur s’y perdaient, d’où la solution de cette relecture complète et soi-disant définitive.


Nouvelle ère qui se suit par un deuxième événement de taille en 1986 avec l’arrivée d’un grand nom du comics : Frank Miller ! Miller s’était déjà fait une belle réputation, étant considéré comme le sauveur de la franchise Daredevil, l’un des justiciers de chez Marvel. Le fameux comics sort en mars et se nomme : The Dark knight returns. Le premier volume fait 48 pages sur une série de 4 albums écrits et dessinés par Miller lui-même. La série explose carrément, en 48 heures le premier numéro se trouve épuisé. Il faudra même plusieurs fois rééditer le comics pour satisfaire la demande. En fait, Miller apporte un véritable renouveau, et pour la première fois un comics book se voit considéré « adulte ». La série présente un Batman âgé de 56 ans, obsédé, cassé, solitaire qui revit quotidiennement ses démons, les laissant même parfois sortir, le mettant limite à l’égal de ceux qu’il chasse. Le succès est vraiment tel qu’il faut peu de temps à DC pour comprendre qu’il y a là une opportunité en or, et qu’il faut profiter de cette tendance du comics plus « mature ». Miller ayant apporté cette touche, autant là lui laisser ! Ainsi en 1987 arrive Batman Year One (en France le comics se nomme Vengeance oblige). Cette fois si l’histoire est toujours de Miller, le dessin passe aux mains de David Mazzuchelli. Year One revoit de nouveau les origines du justicier, mais surtout prend le temps de bien les installer. Le parti pris est très noir et peu entrain au compromis du politiquement-correct. Ce qui va quelque peu mettre les mouvements évangélistes d’extrême droite sur le qui-vive, et leur faire tout tenter pour interdire cette nouvelle forme de comics. Le comics est un succès autant critique que commercial, mais les débats autour furent tels que Batman Year two sera assagi par rapport au comics de Miller.
Toujours en 1987 Detective Comics s’inscrit dans la durée puisque le célèbre comics fête ici ses 50 ans ! Pour l’occasion Batman rencontre son modèle Sherlock Holmes. On verra aussi Jason Todd apparaître dans sa nouvelle version d’orphelin voleur pour la première fois dans le Batman 408.
Mais c’est indéniablement Batman Year two qui était à l’époque le plus attendu. Year two ne suit pourtant en rien la position extrême de Miller, d’ailleurs celui-ci n’est plus et laisse la main au scénario à Mike W . Barr et Todd MacFarlane (oui, oui le MacFarlane de Spawn). Si cette fois Batman promet de ne plus utiliser d’armes à feu dans sa croisade cette série n’en demeure pas moins intéressante et permet un compromis acceptable. Octobre 1987 permet aussi à Batman d’avoir un fils avec Talia dans « Batman : Son of the Demon » la relation cependant entre Talia et Batman s’arrête avant que celui-ci sache qu’il a un fils. Cependant, rares seront les albums revenant sur ce fameux « fils ».


Après une année aussi riche que 1987 on aurait pensé que le justicier aurait eu son compte de bouleversements, mais non au contraire pendant 1988 arrivent deux bombes : la première se nomme « un décès dans la famille »et le second : Souriez ! (The Killing Joke). Souriez ! introduit le Joker sous un nouveau jour et rend Batman et le Joker plus proches que jamais, montrant qu’entre eux deux la frontière entre le Bien et le Mal est étroite et la folie présente chez les deux. Ce comics introduit aussi le destin tragique de Barbara Gordon alias Batgirl. Souriez ! est définitivement un chef d’œuvre incontournable du comics, écrit par le maître Alan Moore et dessiné merveilleusement par Brian Bolland.
Revenons maintenant à « un décès dans la famille » qui arrive à la fin de 1988 (Batman 486) et se terminera en février 89.Cette histoire est sans précédent puisque c’est le lecteur qui va décider ou pas si Robin sera assassiné par le Joker, pour l’occasion un standard spécial sera créé, où les fans auront 48 heures pour voter. Résultat des courses, Jason Todd (Robin), jusqu’ici pas trop aimé des fans, périt tué par le Joker.
L’année 89 se terminera en laissant place à un nouveau mensuel Batman : Legends of the Dark Knight qui s’attelle aux premières années de Batman sur Gotham City et le mois de décembre ouvrira sur le 3éme Robin alias Tim Drake. Cette histoire est en cinq parties (Batman 440 à 442 et The new Teen Titans 60 à61). Pour conclure les années 80 des comics Batman nous terminerons en évoquant une confrontation peu ordinaire avec une première incarnation de Batman qui en plein 18éme siècle a pour adversaire Jack l’Eventreur dans Gotham by Gaslight, premier de la série « Elseworlds ». L’histoire est signée Mike "Hellboy" Mignola.

2 – Les années 80 de Batman à travers le jeu …

Les années 80 voient arriver une nouvelle sorte de média qui va faire très vite ses preuves : les jeux vidéos. Batman n’échappa à cet engouement même s’il fallut attendre longtemps pour voir arriver le justicier sur consoles et ordinateurs. De mémoire, la première apparition est éditée en 1986 par la firme Océan. Le jeu se nomme tout simplement « Batman », il est du type Arcade en 2D avec une légère vue du dessus. Le jeu était destiné à des gammes telles que ZX Spectrum 48K/128K.

Le second jeu est Batman: The Caped Crusader, édité par océan en 1988, sorti sur Amiga, Atari et Commodore 64. Le jeu présentait Batman de profil sur un écran où il était d’un tableau à un autre perpétuellement interpellé par des petits malfrats. Le jeu était contenu sur 2 disquettes où chacune correspondait à une mission : dans la première vous deviez empêcher le Pingouin de construire une armée de Pingouins robots, et dans la seconde vous deviez secourir Robin qui venait d’être kidnappé par le Joker.
En 89 apparaît en toute logique le troisième jeu rendant hommage à l’homme chauve-souris, bien sûr par logique nous pouvions parler que de l’adaptation du film de Tim Burton. Le jeu toujours édité par Océan suivait dans les grosses lignes la trame du film. Toujours de profil, le jeu vous permettait de découvrir de tableau en tableau les moments clés du film. Les premières versions du jeu étaient destiné à l’Amiga, l’Atari et le bon vieux Amstrad cpc. Plus tard les versions consoles arriveront mais pour cela il faudra attendre 1990.

3 – Les années 80 de Batman à travers la télévision et le cinéma …

La télévision a boudé quelque peu Batman dans les années 80, il faut dire que dès le départ, suite au succès du Superman de Richard Donner, la Warner avait souhaité faire aussi un Batman pour le cinéma et non plus pour la télé. Tout juste nous verrons sur les écrans le retour des "SuperFriends: The Legendary Super Powers Show" une série d’animation de 30 mn se basant sur la ligue des justiciers avec Adam West prêtant une nouvelle fois sa voix à Batman. Une fois encore la série ne dura que pour 16 épisodes.

Après plus de 10 ans à s’arracher les cheveux sur la production du futur film cinéma, Batman peut enfin voir le jour en 1989. Tim Burton venait de remporter deux gros succès ( Pee Wee et Beetlejuice), et par son approche visuelle il a du coup été préféré comme réalisateur à Ivan Reitman et à Joe Dante initialement pressentis. Si Burton n’était pas un fan du comics, il aimait l’idée que dégageait le personnage ainsi que son côté obscur. De plus, Burton avait énormément apprécié les approches faites par Miller et Moore. Mais le film ne se fait pas sans difficulté, ainsi d’après Burton lui-même le premier scripte était insatisfaisant : « Le premier scripte ne me plaisait pas, trop proche de celui de Superman », puis il rajoute à cela « Quel ennui. Je vous jure que personne n'a envie de voir un adolescent rongé par la haine faire des pompes et lever des poids pendant 20 minutes sous fond de musique symphonique. Le film appelait une structure radicale différente » Mais le choix de Michael Keaton ne se fait pas sans problème, si le soutien de Burton, qui refusait des acteurs trop play-boy lui fut rapidement acquis, la production se posait des questions sur l’acteur jugé trop présent dans le registre de la comédie. Les fans en plus y mettent leur grain de sel et inondent le studio de lettres de protestations, mais Burton avait fait son choix et voyait en le regard de Keaton toute la folie de Batman.
A l’inverse le choix de Jake Nicholson a tout de suite plu, et dès que l’acteur donna son accord le scénario fut réécrit pour lui donner encore plus de scènes dans le film. Mais attention, Nicholson fit stipuler sur son contrat un droit de regard absolu sur le maquillage qu’il portera. Puisque d’ordinaire l’acteur refusait les maquillages la tâche n’avait pas été des plus aisées pour Nick Dudman, élu spécialiste en la matière. Mais au final Nicholson dormait la plupart du temps pendant les 2 heures que prenaient les poses de prothèses faciales, et laissait ainsi le maquilleur faire son boulot.
Autre défi pour l’équipe du film : les décors ! Burton mit assez longtemps à se décider sur le meilleur choix, cependant après quelques nuits blanches, lui et Furst finirent par tomber d’accord sur le style de décors. Ils optèrent sur un aspect sombre façon The Killing Joke (Le souriez de Moore) et sur un côté Métropolis de Fritz Lang. Le tout devait donner une impression d’un New York proche de l’enfer, comme si tous les aspects négatifs de cette ville des États-Unis avaient été réunis. Pour terminer, il fallait un costume beaucoup plus crédible que celui de Adam West dans les années 60, pour cela Rob Ringwood acheta plus de 400 comics pour étudier les différents costumes ayant existé et surtout en voulant garder un aspect crédible, il fallait que le costume semble utile et pas seulement un déguisement.


Le tournage une fois commencé, les choses empirent, la Batmobile n’est toujours pas terminée, Burton subit la pression des studios, son film est jugé un peu dur et surtout les studios voient le film coûter de plus en plus cher, et mettent la pression au réalisateur pour que tout soit fait dans les délais. Epuisé, après 3 mois et demi de tournage Burton est plutôt heureux de crier le « cut » final, et heureux d’avoir pu mener sa vision à terme malgré une bataille continue sur le pourquoi de ses choix. Le public lui donna cependant raison, puisque le premier week-end d’exploitation le film rapporte 42, 7 millions de dollars, un record absolu en 1989. Le film créa une nouvelle Batmania et fut plus que rentable, comptabilisant 413 millions de dollars de recettes. Batman au cinéma fut une réussite totale et les studios prirent conscience du potentiel que pouvaient avoir les films de super-héros. Désormais, fini le kitch et les costumes en collant, le film de Burton appelle à rendre crédible les univers de nos comics.