Mars : un monde mystérieux > Les Martiens apparaissent

Premiers écrits : « nous ne sommes pas seul »

Les observations montrent Mars comme une soeur pour la Terre, or qu'est-ce qui caractérise la Terre à part les caractéristique physique ? La vie intelligente, la Terre abrite les hommes, pourquoi Mars ne serait-elle donc pas habitée ? A la seconde moitié du XIX° siècle le fait que Mars est habité est connu par tous les gens de bonne éducation, c'est exactement la même distinction entre ceux qui savent que la Terre est ronde et ceux qui croient qu'elle est plate.
En 1686, Bernard de Fontenelle avait déjà écrit Entretiens sur la pluralité des mondes, mais c'est effectivement après la moitié du XIX° siècle que les écrits discutent sur l'existence des vies en-dehors de la Terre (les extra-terrestres en fait mais le mot n'apparaît pas tel quel). Ainsi l'astronome Camille Flammarion publia en 1862 La pluralité des mondes habités, puis en 1865 Mondes imaginaires et réels, ensuite il y eut Henri de Parville qui publia Un habitant de la planète Mars...

L'affaire des canaux

L'imaginaire ne va pas s'arrêter là. En 1879, Giovanni Virgionio Schiaparelli observe des structures qu'il nomme "canali" en italien, ce terme désigne des rivières ou des chenaux, mais il est traduit allègrement par canaux, qui désigne une structure artificielle. C'est tout de suite l'euphorie, l'observation de structures artificielles sur Mars est confirmé par Stanley Williams en Angleterre, H.C. Wilson aux États-Unis, Perrotin et Thollow en France. Schiaparelli ne réagit pas et permet donc que la folie des martiens grandisse. En effet, qui dit structures artificielles, dit espèce évolué capable de dresser de telles structures.
Percival Lowell (1855-1916) va se passionner pour ces « canaux », il construira un observatoire à Flagstoff en Arizona pour dresser la carte de ces fameux canaux. Il publiera quelque chose qui ressemble plus à un roman qu'à une étude scientifique, mais sa théorie emportera un grand succès. Lowell suppose que Mars est une planète où l'eau est une denrée manquante, et donc que les martiens ont crée un système de canaux afin de développer leur agriculture. Tous les traits qui figurent sur sa carte ne sont pas exactement les canaux, mais leur zone d'influence, on voit la flore qui prolifère autour de l'eau que procurent les canaux, c'est similaire à la situation en égypte, de l'eau rare, un fleuve, et de la vie autour du fleuve, après, que du désert.
> En savoir plus sur ces canaux

La fiction se développe

La civilisation martienne devient un rêve, et ce rêve est entretenu par de nombreuses œuvres de fiction. En 1896, Kurd Lasswitz publie Sur deux planètes, où il fait le portrait de la civilisation martienne qui a su progresser malgré les maigres ressources de leur planète, et elle prend le contrôle de la Terre afin d'aider les hommes à progresser de même avec sagesse. Cette version positive des intentions des extra-terrestres est contrebalancée par l'oeuvre de H.G. Wells la Guerre des Mondes, où les martiens débarquent avec des intentions plus que malfaisantes, destructrices.
La vie sur Mars n'est pas seulement un prétexte pour écrire un roman comme on l'a déjà vu, c'est un fait établi par un grand nombre d'hommes sérieux, ainsi le prix Guzman est lancé en 1900, offrant 100 000 Francs à la personne qui réussira une communication interplanétaire, Mars ne peut être la cible de cette communication, obtenir un résultat avec Mars serait trop facile, on sait qu'elle est habitée, et elle assez proche.
En 1909, des outils d'observation plus précis pointés vers Mars révèlent que les canaux ne sont en fait que des tâches, les canaux n'étaient qu'une illusion d'optique. Cela ne va arrêter ni l'opinion publique à croire aux martiens, ni les auteurs à travailler sur le thème des martiens. En 1917, Edgar Rice Burrough publie La princesse de Mars, une série des aventures de John Carter sur Mars. Cette oeuvre s'inspire de l'oeuvre de P. Lowell, mais elle inspirera de nombreuses œuvres de SF.

Panique à New-York

En 1938, les martiens sont toujours dans l'esprit de la population, et de plus cette époque est assez mouvementé, période de guerre. Une adaptation de la Guerre des Mondes provoquera une énorme panique dans New-York.
Orson Welles et John Houseman animent une émission sur CBS le dimanche soir à 20 heures, Mercury Theater on the Air, des pièces radiophoniques y sont prononcées. Le succès de la chaîne est assez modeste face à la concurrence de NBC avec l'émission de Charlie McCarthy et Edgar Bergen. La veille d'Halloween, il est décidé qu'une adaptation de l'oeuvre martienne de H.G. Wells serait dans le ton du moment. Howard Koch se charge de faire l'adaptation en moins d'une semaine.
L'émission commence donc avec une introduction d'O. Welles soulignant bien le caractère fictif de ce qui va suivre. La pièce commence, le récit se déroule comme l'oeuvre originale. Mais la pièce est entrecoupée par de nombreux flashs info comme les américains en ont l'habitude en cette période. On annonce dans le sud du New Jersey des tremblements de terre, et puis on donnait un peu plus de détails au fur et à mesure de l'émission, détails qui correspondait au récit d'Orson Welles, les tremblements de terre étaient des impacts violents, les martiens avait débarqué à Grovers Mill, ils remontaient vers le Nord, New-York était en flamme...


La fin heureuse de l'émission n'a été écouté que par un petit nombre de personnes, une panique avait été crée, tout le monde s'était mis à quitter la ville. En effet un grand nombre d'auditeurs avait râté le début de l'émission et donc l'introduction annonçant le caractère fictif. La majorité des auditeurs était sur NBC, jusqu'au moment où un chanteur peu apprécié débarqua, les auditeurs zappèrent sur CBS, doublant l'audience de CBS d'un coup et prenat au vol l'émission d'O. Welles.