Critique Sinister #1 [2012]

Avis critique rédigé par Richard B. le jeudi 25 octobre 2012 à 00h06

Terreur en super 8

Paranormal Activity n'aura peut-être pas engendré que de mauvaises choses. En effet, Jason Blum, son producteur, en plus de produire une franchise aussi lucrative que cinématographiquement pauvre, aura permis à James Wan de livrer un Insidious avec une première partie réellement flippante et aujourd'hui un Sinister, de Scott Derrickson, certes moins angoissant, mais, à bien des égards, plus intéressant et abouti.

Ellison Oswalt est un écrivain qui connut son heure de gloire. Sa spécialité est de reprendre des enquêtes de police inabouties - ou paraissant bâclées - et de tenter de les résoudre pour, par la suite, les adapter en roman. En quête d'un nouveau succès, une sordide histoire tournant autour d'une famille assassinée (à l'exception d'une fillette disparue) attire son attention. Il décide de s'installer avec sa femme Tracy et leurs enfants dans la petite ville où s’est déroulée cette atrocité et espère même retrouver la jeune fille disparue. À peine installé dans sa nouvelle résidence, il découvre dans son grenier d’étranges bobines...

Image Sinister

Le fantastique et la science-fiction, voilà bien deux domaines que le réalisateur Scott Derrickson semble connaitre, voire qu'il n’a jamais quitté. Si son dernier film en date lui a valu quelques critiques (on ne s’attaque pas à un chef-d'œuvre impunément), force est de reconnaitre qu'il restait malgré tout honorable (en terme de remake, on a vu pire). Après la grosse machine hollywoodienne, il semblerait cependant que le réalisateur ait eu besoin de se ressourcer et voir moins grand. Beaucoup moins grand.  Sachez en effet que si le budget du Jour où la Terre s'arrêta est évalué à 80 millions de dollars, Sinister doit se contenter de trois petits millions. Mais, parfois, la modestie paye et Sinister, sans réinventer la roue, ne manque pas de se distinguer, non pas comme le film le plus terrifiant de ces dernières années - comme quelques-uns iraient le crier un peu trop vite sur les toits —, mais en proposant une histoire carrée et surtout cohérente sur toute sa longueur et, cerise sur le gâteau, construite sur le concept de la réussite éphémère.

Pour la forme, la thématique de la maison hantée n'est pas nouvelle. Le producteur Jason Blum semble d’ailleurs en avoir fait son fond de commerce - de la Maison du Diable, en passant par Poltergeist ou plus récemment Insidious, des esprits, des fantômes ou autres croque-mitaines non jamais cessé de hanter des lieux. Du fait qu'on retrouve un écrivain amenant avec lui sa famille en un lieu X et que ce dernier se trouve avoir un penchant pour l'alcool, Sinister pourrait très bien rapprocher l’œuvre d'un Shining. Là encore, le syndrome de l'écrivain (ou artiste dans un sens plus large) en perte de création n'est pas un traitement que l'on pourrait qualifier de nouveau. Par contre, Scott Derrickson et C. Robert Cargill abordent le sujet en y adjoignant un élément supplémentaire : la perte d'une certaine notoriété. Au final, l'artiste se dévoile ici encore plus nombriliste que jamais, car ce qu'il recherche c'est non seulement redevenir riche, mais surtout être de nouveau adulé, acclamé et populaire. Scott Derrickson, à travers le personnage de Ellison Oswalt, nous expose un homme n'acceptant pas de vivre dans l'ombre ; son personnage aime la lumière des projecteurs, aime signer des autographes, aime être entendu de tous et la perte de sa position l'affecte plus que toute autre chose. Cette base, assez nouvelle, amène à rendre cet écrivain aussi fascinant que, parfois, détestable. Plus qu'une histoire d'horreur qui cherche à faire peur, c'est dans cet aspect que Sinister captive et intéresse le plus. C'est aussi en partie en cela qu'il se distingue de la masse.

Image Sinister

L'autre aspect de Sinister qui séduit, du moins dans la continuité du traitement de l'histoire, se trouve être dans la partie enquête. Au final comme le personnage principal, le spectateur est invité à partir sur ses propres théories sur ce qui a bien pu se passer et ce qui peut se produire. Cette partie là, très cohérente et extrêmement bien agencée, nous amène parfois à nous donner raison, mais aussi nous tromper. Ainsi, Scott Derrickson s'amuse de quelques clichés et s’il n’est pas trop difficile d'en déduire l'aboutissement, de petites choses viennent réellement à surprendre permettant ainsi au film de ne jamais sombrer dans l'ennui, bien au contraire

D'un point de vue plus technique, hormis une réalisation plutôt minutieuse - ce qui n'est déjà pas un mal - le film bénéficie d’un véritable travail autour de la bande-son. Certes, l’on n’évite pas les sempiternelles " jump scares", qui ont même tendance à agacer, mais en dehors de cela, force est de constater que le travail musical et sonore fait preuve d'une grande et belle ambition. Il est très difficile de percevoir ou se termine le travail de Christopher Young (Hellraiser,  la revanche de Freddy ...) sur la musique et où commence celui du département sonore. Le mixage est réellement fascinant, surtout lors des scènes de projection des bobines filmées en super 8. Cela contribue réellement à apporter un plus indéniable à l'ambiance du film. Pour le reste, peut-être parce que nous sommes désormais des spectateurs moins crédules, Sinister n'est pas particulièrement terrifiant, et quelques passages mettant en scène des « esprits" amèneraient plus à sourire qu'à vraiment angoisser. Pour autant, il faut aussi relativiser, car ceci est certainement plus la faute à une accumulation de visionnage de films de genres qu’au manque d'atmosphère de Sinister, car à y regarder de près (et avec un minimum de recul) celui-ci n'a rien à envier à ses aînés et peut se montrer tout aussi effrayant qu'un Amityville ou autre production du genre.

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On pourra aussi signaler que le film est porté par un Ethan Hawke qu'on n’avait pas vu autant crédible depuis Bienvenue à Gattaca. Bien qu'interprétant un personnage pouvant paraître assez détestable, il parvient à y apporter un certain charisme, une fragilité, des failles qui paraissent, au final, humaines, et qui permettent au personnage d’Ellison Oswalt de dégager une certaine aura de compassion auprès du spectateur. Bon, à côté de cela, Juliet Rylance (Tracy Oswalt) est par contre bien en retrait avec un personnage féminin semblant appartenir à un autre temps, suivant son mari sans trop bancher et paraissant complètement dépendante de lui. Sur ce point, elle constitue la seule incohérence de l'histoire, car si cela semblait crédible en 70, cela le parait beaucoup moins de nos jours.

La conclusion de à propos du Film : Sinister #1 [2012]

Auteur Richard B.
75

Si Sinister n'est pas le film le plus angoissant de ces derniers temps - la première partie d'Insidious m'avait semblé plus efficace en la matière —, il est certainement l'un des mieux écrits dans le registre depuis bien longtemps. Cohérent de bout en bout, Sinister ne s'éloigne jamais de son sujet et, plus qu'un film d'horreur, raconte avant tout une histoire des plus passionnante avec un personnage principal solide et loin d'être superficiel. Un exemple en la matière à suivre.

On a aimé

  • Un scénario bien écrit.
  • De bons acteurs.
  • Une super bande son.

On a moins bien aimé

  • Des sempiternels jump scares.

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