Critique Don't Be Afraid of the Dark. [2012]

Avis critique rédigé par Richard B. le mercredi 12 octobre 2011 à 17h39

La peur n’est pas au rendez-vous !

La jeune Sally (Bailee Madison) doit emménager dans la nouvelle grande résidence campagnarde appartenant à son paternel (Guy Pearce) et sa nouvelle petite amie, Kim (Katie Holmes). À peine installée, la gamine va découvrir que, depuis bien longtemps des créatures sont enfermées dans le sous-sol de la résidence, plongées dans l’obscurité. Croyant ces petites bestioles inoffensives, Sally va commettre l’erreur de les libérer…

Une porte qui grince, un sous-sol sinistre, des murmures incompréhensibles, une musique utilisant lentement quelques touches de piano… la bande-annonce de Don’t be afraid the Dark générait une ambiance particulièrement angoissante, le label « Guillermo Del Toro » achevant de nous mettre en confiance. Mais Guillermo Del Torro  réalisateur n’est pas le Guillermo Del Toro producteur. Si L'Orphelinat de Juan Antonio Bayona peut apparaitre comme un bel exemple de réussite, Les Yeux de Julia (de Guillem Morales) en avait déçu quelques-uns (dont moi).  Mais l’investissement de Del Toro étant mis en avant jusque dans la co-signature du script, il y avait là quelque chose de plutôt rassurant, encore plus qu’il s’agit d’évoquer des créatures cachées de l’humanité (sujet que maîtrise particulièrement le monsieur).

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L’histoire de Don't be afraid of the dark s’inspire de celle d’un téléfilm du même nom, écrit par Nigel McKeand et réalisé par John Newland, modifié donc ici par Monsieur Del Toro lui-même et Matthew Robbins (connu pour avoir collaboré entre autres à Sugarland Express, le dragon du lac de feu ou encore Mimic). Don’t be afraid the Dark suit en conséquence cette actuelle fâcheuse tendance du remake (on peut estimer aujourd’hui une réussite pour quinze remakes), même si cette fois il est question de s’attaquer à un modeste téléfilm pas forcément mémorable (excepté pour quelques quadragénaires). Le champ de manœuvre était donc assez large pour que Del Toro et Matthew Robbins prennent un certain nombre de libertés pour rendre le film bien plus angoissant (comme la bande-annonce laissait le pressentir) ou amusant - façon Gremlins ou Critters - car après tout, il s’agit bien ici d’une multitude de créatures sensées être dotées d'une certaine intelligence et développant un certain plaisir sadique à attirer leur proie. Hélas, le résultat n’est rien de tout cela !

Au final, le film cumule les clichés de maison hantée et présente trop peu d’attaques – en dehors de celles tournant autour du personnage principal - pour que naisse la moindre tension. Durant plus de la moitié de l’histoire, on attend que nos bestioles arrêtent de parler et agissent enfin. Et lorsque vient le moment de la première attaque, les créatures se montrent d'une efficacité en tout point discutable, elles qui pourtant, jusqu'ici, semblaient être de fins stratèges. Heureusement pour nos petits monstres, les adultes de notre espèce ne sont guère mieux lotis, et laissent apparaître un degré de stupidité affligeant. Passe encore qu’au début ces derniers ne veulent rien entendre à ce que leur raconte la gamine, mais lorsque coule le premier sang, peut-être aurait-il été logique qu’ils s’interrogent ? Il est tout aussi étonnant qu’ils n’essaient pas de trouver une sorte de « dératiseur » qui tenterait vaguement de faire le ménage. Les personnages principaux étant perpétuellement passifs – attendant presque que les choses se produisent (même si on a la perpétuelle recherche sur les origines du mal) – et les créatures n’affichant aucune personnalité, le spectateur devra chercher vainement à qui il pourrait offrir sa sympathie. Rien à faire. Le film de Troy Nixey sombre lentement non pas dans les ténèbres, mais dans toutes les grandes facilités scénaristiques, jusque dans un dernier acte soudain et raté.

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Bien entendu, ce n'est pas toujours dans ce type de cinéma que l'on vient chercher des histoires qui viennent à nous surprendre. Il est facile d'apprécier, voire de s'éclater, dans un film comme Critters alors que ce dernier soit, du point de vue du scénario, aussi mince qu'une feuille de papier. Non, dans ce cas de figure, tout dépend en premier lieu des créatures, des méchants, et leurs capacités à nous captiver (dans l'amusement ou l'effroi). Et dans ce domaine la technologie numérique a beau nous offrir de beaux délires, et un bon réalisme dans les mouvements, elle ne semble toujours pas à la hauteur pour insuffler du charisme et de la personnalité. Bref, le latex et la mécanique c'est peut-être moins réaliste, n'empêche qu'au final on y accroche plus et cela implique peut-être moins d'esbroufe et plus de subtilité. D'ailleurs, Del Toro lui-même opte le plus souvent pour cette méthode à l'ancienne. Un film comme celui-ci, aurait-il même gagné à ne rien montrer et jouer perpétuellement avec les ombres et la peur de l'inconnue. Le résultat est qu'en l'état, nos petits monstres, qui se montrent avec une belle générosité, ne nous impressionnent pas et ne nous amusent pas.

Malgré tout, des éléments du film viennent à retenir quelque peu l’attention, comme la photographie d’Oliver Stapleton (Le Dragon des mers), très belle, paraissant dans la lignée de certains des travaux de Guillermo Navarro (Le labyrinthe de pan). Ainsi, on prend grand plaisir à contempler des images magnifiques jouant à la perfection de la lumière et les ombres.  La musique est quant à elle tout aussi dans le ton avec une composition de Marco Beltrami et Buck Sanders qui nous emporte et contribue à donner un certain rythme au film. Sans oublier que Troy Nixey se montre très apte à mener son film pour que d'un point de vue technique, comme au niveau de la direction des acteurs, il n'y ait, du point de vue de la façade, rien à lui reprocher. Toutefois, si l’on se penche de plus prêt sur le sujet, on se rend compte que Troy Nixey n'apporte pas la moindre once de personnalité et signe surtout du « sous Del Torro ». On y trouve tous les éléments des films de son producteur, sans y percevoir son énergie, sa passion, et son petit brin de folie.

La conclusion de à propos du Film : Don't Be Afraid of the Dark. [2012]

Auteur Richard B.
45

Don't be afraid of the dark est une sacrée déception. Peut-être avions-nous fondé trop d'espoir autour de ce projet, mais le résultat - convenu, n'arrivant jamais à nous charmer, sans âme - est très loin des espérances. Seul l'aspect technique, particulièrement soigné, maintient l'illusion d'un film réussi. Pour les moins exigeants, cela pourra peut-être suffire, mais je pense qu'on est en droit d'espérer et d'attendre plus d'une production Del Torro. Plus, du moins, que ce que n'importe quel studio, dans de bonnes conditions financières, livrerait.

On a aimé

  • Une belle photographie.
  • Une musique efficace.

On a moins bien aimé

  • Aucun suspense.
  • Un scénario convenu.
  • Un film qui manque d'âme.

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