Critique Un Jour sans fin [1993]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le lundi 12 novembre 2007 à 16h07

Amour, marmotte et fantaisie

Dans la petite bourgade de Punxsutawney, située au plus profond de l’état de Pennsylvanie, la communauté s’apprête en ce 2 février à célébrer une bien sympathique fête populaire : la fête de la Marmotte. Clin d'oeil respectueux envers l’éternel cycle des saisons, cette (véridique) tradition innocente et bonne enfant vise à marquer le lent glissement des froides journées d’hiver vers le renouveau printanier.
Mais de cette allégresse que partagent à la fois les villageois et les nombreux visiteurs qui se sont déplacés pour l’occasion, Phil Connors n’en a cure. Personnage désabusé, égocentrique et cynique, il vit sa carrière de présentateur météo dans une petite chaîne locale comme une véritable injustice. Au regard des indéniables qualités qu’il s’accorde volontiers, bien entendu.
Aussi, quand ce sinistre personnage se voit confier - pour la troisième année consécutive ! - la charge de réaliser un reportage sur cette fête qu’il juge débile, il sent la moutarde lui monter au nez. Encore un sale coup d’une concurrence jalouse de son charisme, c’est sûr ! Seule consolation, la nouvelle productrice, Rita, qu’il catalogue déjà comme l’une de ses conquêtes. Et c’est ainsi que quelques temps plus tard, le voilà débarqué dans cet endroit paumé, pour une célébration honnie, en compagnie de son caméraman bouc émissaire et de la douce Rita. Il ne sait pas encore que cette journée pourrie, il va la vivre un bon nombre de fois…
Sur une idée simple et géniale, le réalisateur Harold Ramis signe ici l’une des comédies les plus intelligentes des années 90. En posant un regard malicieux sur l’aspect répétitif du quotidien de l’homme moderne et en s‘appuyant sur un script d’une précision exemplaire, le vieil acolyte de Bill Murray offre au public une fable philosophique intelligente et surtout très drôle. Prisonnier d’une boucle temporelle d'origine inexpliquée (tant mieux:), le suffisant Phil Connors se réveille ainsi tous les matins au son de calembours lourdingues, coincé dans le lieu qu’il méprise le plus, entouré de gens qu’il considère comme des crétins, et il se retrouve condamné à revivre perpétuellement des évènements puérils.


Tout d’abord surpris et incrédule, sa deuxième réaction est de profiter de l’aubaine – pouvoir corriger à volonté ses erreurs et anticiper les évènements, quel sensation démiurgique ! -, afin de donner satisfaction à son profil psychologique narcissique et prétentieux. Puis, prenant réellement conscience de sa situation, il commence par paniquer, puis sombre dans une déprime teintée d’ironie morbide. Tel Prométhée puni par les dieux, il ne peut mourir et se voit contraint de vivre quotidiennement la même torture. De quoi devenir fou, n’est-ce pas ? Et c’est à l’occasion de cet effondrement psychologique, entrainant la disparition d'un "blindage" social et émotif qu’il a entretenu toute sa vie, que la véritable personnalité de Phil va émerger lentement.
Cette idée à la philosophie un peu légère posant le fameux précepte qu’en chacun de tout être humain sommeille un être foncièrement bon peut sembler bien naïve et propre à amener une œuvre mièvre et puérile. Hors, il n’en est rien. Le mérite en revient tout d’abord à Harold Ramis qui distille de façon calculée comique de situation, ironie cinglante et leçons humanistes, en prenant bien garde d’éviter de tomber dans le piège du romantisme trop sucré. Cependant, le véritable vecteur de réussite de ce petit bijou d’humour est encore plus certainement Bill Murray, qui est tout bonnement extraordinaire dans ce rôle à personnalités multiples.

Acteur caméléon, Bill Murray trouve en Phil Connors l’un de ses meilleurs rôles au cours d’une carrière pourtant bien riche et très éclectique (aaah, le fabuleux Lost in Translation de Sophia Coppola…). Pour se rendre compte de l’énorme potentiel artistique de ce comédien hors pair, il n’y a qu’à voir de quelle magistrale manière il parvient à rejouer exactement la même scène, cadrée exactement de la même façon, tout en faisant ressortir des émotions complètement différentes. Du grand art, digne des meilleurs lauréats de l’Actors Studio ! Successivement, il nous apparaît presque sans transition odieux, drôle, antipathique, émouvant, pathétique et attendrissant.
Le fin, très romantique, ne plombe pas le film, bien au contraire, elle en est sa conclusion logique. Car Un Jour Sans Fin est avant tout une œuvre optimiste, qui prône des valeurs aussi simples que l’amour de son prochain, et qui nous encourage à réfléchir de manière positive sur le sens de la vie. Franchement, des films comme ça, on en redemande !!

La conclusion de à propos du Film : Un Jour sans fin [1993]

Auteur Nicolas L.
88

Un Jour sans Fin compte parmi les comédies les plus réussies des années 90. S’appuyant sur un scénario simple mais sacrément futé, Harold Ramis utilise avec délicatesse et justesse toutes les armes dont il dispose (un montage calculé à la seconde près, une extraordinaire sincérité de ton, un optimisme rafraîchissant et surtout un Bill Murray exceptionnel) pour nous offrir un conte humaniste et philosophique intelligent apte à satisfaire tous les publics. Une totale réussite…

On a aimé

  • Une idée de base simple mais génialement exploitée
  • De l’humour sans vulgarité qui fait mouche à chaque fois
  • Bill Murray, tout simplement exceptionnel
  • Une réalisation discrète au service de la narration

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