Critique Krull [1984]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le jeudi 27 septembre 2007 à 15h16

Un mignon conte de fée stellaire

Sur le monde de Krull, le jeune prince Colwyn vient de perdre, en même temps son royaume, sa nouvelle épouse Lyssa, enlevée par les Tueurs, une race de guerriers extra-terrestres dirigée par la Bête, une mystérieuse entité. Sur les injonctions d’un vieux sage, le jeune roi se lance alors dans une quête pour la retrouver et la libérer. Mais le chemin sera parsemé d’embûches et d’innombrables dangers. Les propositions de soutien qu’il trouvera sur sa route ne seront donc pas de trop…


Le célébrissime Star Wars avait pris comme principe de projeter une histoire de fantasy dans un univers de science-fiction. Les spectateurs de la deuxième moitié des années 70 découvrirent alors, surpris puis émerveillés, un ballet de sorciers, de princesses et de princes charmants évoluant dans un univers de haute technologie. Les critiques de l’époque - et je m’en souviens très bien encore aujourd’hui - s’étaient moqués de la puérilité de l’entreprise, allant comme souvent à l’inverse de la quasi-majorité d’une l’audience qui avait été séduite par la fraîcheur du spectacle. Et comme c’est le public qui finalement nourrit de ses pièces sonnantes et trébuchantes (plus que de la plume du critique en tous cas) le petit monde cossu du cinéma, de nombreux producteurs virent en ce nouveau genre de films une manne providentielle.
Ce concept de science-fantasy (il met en effet de coté l’élément Space Opera de Star Wars), le cinéaste Peter Yates le pousse encore plus loin avec Krull, véritable conte de fée stellaire. Un choix audacieux, car il faut dire que bien que très présent dans les œuvres littéraires, ce genre - donc le plus illustre ancêtre est le cycle de Mars de Edgar Rice Burroughs - était jusqu’alors peu récupéré dans les œuvres cinématographiques – on peut toutefois citer les serials et films Flash Gordon et le Barbarella de Roger Vadim. Le projet était donc ambitieux et risqué, d’autant plus que les comparatifs avec Star Wars dans le registre du spectaculaire n’allaient pas manquer d’être faits.

Hors, la chose est bien différente. Dans Krull, la haute technologie n’est présente que par l’intervention d’une force extra-terrestre qui, par l’intermédiaire d’un étrange vaisseau téléporteur (la Forteresse Noire), investit et pille les richesses des planètes de la galaxie. Cette menace alien parasite peut donc être perçue comme l’intervention d’une force extérieure d’origine mystique ou même une intangible aura maléfique, comme la forme fantomatique de la Bête tendrait à le prouver (ou même, pourquoi pas, les Tueurs, qui ne sont que des carapaces « pilotées » par des entités informes). On entre ainsi de plein pied dans le domaine de la « faërie ». Les Hommes de Krull, eux, sont d’un niveau technologique équivalent à notre époque médiévale, un univers propice à l’action épique et aux chansons de geste. La magie, bien entendu, est de mise, et apparaît d’ailleurs comme le seul moyen efficace pour lutter avec succès contre ces envahisseurs d’une autre dimension. Une magie de sagesse et de connaissance, dotés de focus liés aux minéraux, et peu propice à l’expérimentation et aux actes inconsidérés (cette notion d’élitisme est mis en exergue par les maladresses du jeune magicien Ergo).
Dans ces conditions, la lutte entre le Bien et le Mal à travers un discours manichéen ressort comme un enjeu naturel. Là encore, on rejoint l’univers simpliste et naïf des contes de fée. Il est donc inévitable que pris au premier degré les protagonistes de Krull apparaissent comme ridicules et primaires. Le jeune prince fou d’amour, la belle princesse ingénue, le criminel repenti, le sage visionnaire, le cyclope fataliste…, tous ces personnages ne doivent en aucun cas être sortis de leur contexte, à savoir un environnement de Cendrillon ou de Belle au Bois Dormant. Et si l’on prend bien soin de conserver ce niveau de lecture, Krull se révèle au final de bien agréable vision…

… Grâce, en premier lieu, au talent de Peter Yates, un habile artisan qui parvient à mettre en image sans trop d’effort mais avec un réel souci d’élégance les pages de ce script enfantin. On retient notamment ces superbes prises de vue extérieures - notamment des plans paysages parfaitement mis en valeur par la présence d’une magnifique bande originale de James Horner(assurément l’une de ses meilleures œuvres). Les décors intérieurs, par contre, pour avoir trop voulu leur apporter un look « dans le vent », font aujourd’hui très kitch (contrairement à cette sobriété qui rend la saga Star Wars indémodable) et la réalisation bien léché de Peter Yates ne parvient pas à masquer cette impression. Les Tueurs, eux, font penser aux Cylons de Galactica. C’est bien dommage, un peut plus d’originalité aurait été bienvenue.
Et, bien sûr, qui dit film épique et fantastique, dit effets spéciaux. Là encore, on est loin de la quasi-perfection de la trilogie de George Lucas. Certains artifices sont plutôt bien rendus – notamment cette visite chez la veuve noire et quelques transparences dans la forteresse noire – mais d’autres gâchent un peu l’impression générale. On pense surtout à l’apparition finale de la Bête, avec cet aspect « marionnette » qu’une tonne de fumée ne parvient guère à dissimuler.

La conclusion de à propos du Film : Krull [1984]

Auteur Nicolas L.
65

Conte de fée galactique, Krull n’arrive pas à la cheville de Star Wars. Des décors aux effets spéciaux, tout est inférieur à la trilogie de George Lucas. Ceci étant, cela ne veut pas forcément dire que le film de Peter Yates est mauvais. Bien au contraire, en plaçant le film dans un contexte « féérique », il peut même se révéler charmant car il ne manque pas de qualités, à commencer par de magnifiques prises de vue extérieures, une musique somptueuse et une réalisation pleine d’élégance. A découvrir, ou redécouvrir, en famille…

On a aimé

  • Réalisation appliquée et élégante
  • Superbes prises de vue extérieures
  • Pour tout public
  • Une agréable fraîcheur dans le ton
  • Très belle bande originale

On a moins bien aimé

  • Décors très kitchs
  • Effets spéciaux souvent mauvais
  • Une naïveté qui peut prêter à rire

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