Critique Le Bal des Vampires [1967]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le jeudi 8 septembre 2005 à 10h07

Une delicieuse comédie horrifique

Un vieux professeur farfelu (Abronsius), et son assistant, (Alfred), découvrent, à l’occasion d’un voyage à travers la Transylvanie, qu’un château abrite une lignée de vampires. Décidés à éliminer ces démoniaques créatures de la nuit, les deux héros n’arrivent, par leurs maladresses, qu’à éveiller les soupçons de ces monstres sanguinaires.
Le film débute par l’arrivée en traîneau des voyageurs dans le relais de poste, sur une musique envoûtante et enlevée, dans un paysage magnifique noyé de neige, dont la blancheur ressort encore plus vivement, car relevée par une superbe photographie. Ainsi, dés le début, le décor est donc bien planté ; nous sommes en plein gothisme impressionniste, dans la lignée des films de Herzog ou de l’Universal des années 30.
Le ton imposé est cependant subtilement différent, de par la musique bien sur, mais aussi par l’attitude des personnages lorsqu’ils entrent dans l’auberge et que l’on aperçoit toutes ces gousses d’ail. On plonge alors avec délice dans la comédie de situation. Les gags sont nombreux, les personnages jouent de manière très théâtrale, et pourtant la photographie et le rythme du film restent dramatiques. Ce qui, en définitive, va créer ce climat unique et original qui va durer tout le métrage, et le transformer en chef d’œuvre.
Lorsque Sarah, la jeune fille, est enlevée par les vampires, que les deux ‘’héros’’ décident d’aller la récupérer, et qu’ils se rendent au château, le spectacle entre en plein dans une ambiance d’un onirisme déroutant. Le château, complètement vide le jour, ne vit qu’au son des crissements des pas des personnages dans la neige, et de cette petite musique qui pénètre dans notre esprit. Il s’installe un climat de sérénité voire de langueur, puis, soudainement, les deux ahuris rompent cette tranquillité avec leurs facéties, éveillant en nous un sourire - où un rire - sincère et revigorant.
La nuit, bien sur, le climat change, devient plus pesant. Les gags sont toujours là, mais la dramatique est cependant plus forte, et le mélange des deux fait que l’on passe de purs moments d’angoisse à des crises de fou rire bienvenus. La séquence du bal est d’ailleurs un monument à la gloire de la construction d’une scène. Les héros se mêlent aux invités du bal (tous des vampires évidemment) qui se déroule dans la grande salle du château. Polanski nous donne de fausse piste en nous émerveillant avec ces décors magnifiques et ces superbes toilettes, puis par un habile jeu de caméra, il nous amène dans la plus totale désinvolture (le jeu décalé des acteurs y contribue) au gag, implacable ; les héros arrivent comme par hasard devant une glace et ils s’aperçoivent qu’il n’y a que leurs personnes qui y sont reflétés.
Evidemment, toute cette mécanique ne serait pas aussi efficace si la direction d’acteur n’était pas aussi parfaite, et complètement hors norme. L’interprétation voulue par le réalisateur se rapproche du burlesque des années 20, du moins pour les gentils de l’histoire. Roman Polanski, qui interprète le rôle d’Alfred nous rappelle fortement le romantisme innocent d’un Harold Lloyd, et le professeur Abronsius, sosie halluciné de Einstein, suit la piste des savants fous si fréquents dans les films d’avant guerre. Ils faut d’ailleurs saluer leurs excellentes prestations.
Les vampires sont traités de manière plus sérieuse, l’humour leur est étranger, et finalement dangereux pour leur survie, car leurs adversaires s’en tirent toujours par une pirouette fantaisiste. Le rôle de Sarah (Sharon Tate) est également dénué de drôlerie, la magnifique actrice représente l’innocence, la vie et la beauté ; des valeurs que Polanski (son mari dans le privé) choisit de ne pas ridiculiser, ce qui rend le personnage encore plus ‘’divin’’. Ce choix nous renvoie encore aux films burlesques muets des années Chaplin, Lloyd ou Keaton, dans lesquels ces amoureux transis bravaient maladroitement mille dangers pour les beaux yeux de l’élu de leur cœur.

La conclusion de à propos du Film : Le Bal des Vampires [1967]

Auteur Nicolas L.
100

Au final, Le bal des vampires est un film délicieusement romantique et très drôle. Polanski, pourtant encore très jeune, fait à cette occasion une brillante démonstration de son savoir-faire (de réalisateur mais aussi de comédien) et de sa finesse d’esprit, évitant de tomber dans l’habituelle surenchère comique des parodies de film d’horreur dans le style Abbott & Costello, en général insupportable. Et il signe là une des meilleures comédies horrifiques de l’histoire du cinéma.

On a aimé

  • Un traitement très original
  • Une musique envoûtante
  • La beauté de Sharon Tate
  • Très drôle

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