Critique Age of Dinosaurs [2013]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le dimanche 10 novembre 2013 à 12h12

Dinocity

Dans les laboratoires ultrasecrets d’un studio de cinoch roumain, observée de derrière une vitre par un duo de scientifiques querelleurs (assisté de deux blondes aux décolletés plongeant pianotant au hasard sur des claviers d’ordinateurs), une équipe d’intellos japonais joue au docteur avec un dragon de Komodo. Dans la pièce, des diodes colorées inondent les lieux de rais multicolores, moniteurs et oscilloscopes animent la scène à grand renfort de bip!bip! et de courbes gracieuses.  C’est joli. On se croirait mater une version fauchée de Carnosaur (si, si, c’est possible !). Puis, grâce à la magie du cinéma et une piqûre intraveineuse emplie d’un mystérieux sérum (plus loin, on nous expliquera gravement qu’il s’agit d’ADN de dinosaure synthétisé), l’inoffensive réplique du reptile géant se transforme instantanément en un vélociraptor cornu. Seul problème, la bestiole, en plus d’être numérisée à la truelle, est de très mauvais poil (ou plutôt écaille, dans ce cas précis). Remarquez, c’est peut-être une conséquence de cause à effet. Ceci étant, sous les regards terrifiés d’un parterre nippon figé comme une harde de lièvre pris dans les phares d’une voiture (sauf l’un d’eux, mais cela va avoir son importance), la créature descend de sa couche (Oh, mon dieu, ils n’ont pas pensé à harnacher la bête! Les fous!) tout en prenant un air menaçant (tocs Jurassic Park: il tapote avec une de ses griffes sur le sol, il émet un caquètement inquiétant et les iris de ses yeux deviennent grands comme des soucoupes).

Suivant l’exemple des figurants japonais, le temps se fige - le bon moment pour aller chercher une bière au frigo. La tension est à son comble. Soudain, un hurlement. «Gazez-le!» vocifère  l’un des scientifiques querelleurs, bien en sécurité dans la salle attenante. Une bonne idée, du moins de l’avis du réalisateur, car cela lui permet de noyer la pauvreté de la scène sous un brouillard opaque et d’éviter des dépenses superflues en effets spéciaux. Au même moment, le seul japonais ne s’étant pas mis en mode «off» se rue vers la sortie. Il est simplement dommage que le seul occupant des lieux à pourvoir sauver sa peau soit myope comme une taupe. Au final, au lieu de trouver un refuge dans la pièce voisine… il s’éclate le pif contre la porte. Un acte éminemment comique qui aurait pu être anodin si, pissant le sang par son nez meurtri, le malheureux n’avait pas éveillé les appétits du dinosaure. Au final, quand la brume se dissipe, les scientifiques constatent que tous les membres de l’équipe japonaise ont été réduits en sushi. Le dinosaure, lui, pionce dans un coin. Le boss, apparemment, s’en fout, il veut rester dans délais car il a un deal avec une compagnie de biotechnologie. On lui devine même un  léger sourire sardonique au moment il prononce lentement «On continue».

L’action reprend quelques mois plus tard, dans les locaux de ladite compagnie. Là, un Treat Williams en légère surcharge pondérale, pompier au chômage, accompagné de sa fille tête à claques, assiste à une cérémonie qui se veut être spectaculaire. Le programme ne ment pas. La première surprise survient quand Ronny Cox, milliardaire humaniste qui, lui aussi, a dépensé sans compter, se dresse de son fauteuil roulant pour effectuer quelques pas de danse avec la blonde de service. Applaudissements nourris de l’assistance; car l’homme est connu pour être paraplégique! Mais quel est ce miracle? L’ADN de dinosaure, bien sûr! Incroyable, non? Explosion d’enthousiasme dans le public. Mais ce n’est pas tout car, bien que l’on ne voit pas trop les raisons qui puissent pousser cette éminente entreprise de recherches génétiques à faire dans l’évènementiel et le spectacle de foire, ses ingénieurs ont donné vie à des dinosaures. Un sacré paquet de dinosaures, qui telle une Jurassic Parade (ou Crétacé, on en va pas chipoter pour quelques millions d’années), défile derrière une vitre sous les regards éberlués d’un public enthousiaste.  Mais à trop jouer avec le feu, l’on finit par se brûler, non ? Avec les dinosaures, c’est pareil. Et quand tout ce beau monde se retrouve piégé en quarantaine dans le bâtiment avec des dizaines de monstres en liberté (parce que, bien sûr, la vitre n’a pas tenu), débute une partie de cache-cache mortel… Avant que les créatures antédiluviennes ne se répandent dans les rues de Los Angeles et fassent leurs courses dans un centre commercial.

Avant d’être un réalisateur, Joseph J. Lawson est surtout un spécialiste des effets spéciaux visuels qui a pratiquement construit toute sa filmographie chez The Asylum. C’est dire qu’il connaît bien les exigences et les moyens d’une maison qui a bâti son catalogue à grand renfort de nanars. Pur produit d’exploitation, Age of Dinosaurs est un mockbuster qui ne déroge pas à la règle établie. Construit sur un scénario qui exploite le thème de l’apprenti sorcier en recyclant tous les clichés du genre, ce film évoque à la fois la série des Carnosaur, King Kong et, bien sur, Jurassic Park et tous ses ersatz fauchés (dont nombre, d’ailleurs, ont été produits par la compagnie de David Michael Latt). Avec les moyens du bord, assez consciencieux (ses dinosaures numérisés font parfois impression), Joseph J. Lawson tente de construire un thriller mais il ne fait que s’engluer dans la matière molle d’un script grossier qui se contente de recycler les classiques du genre. On a ainsi droit à la scène à peine modifiée de la cuisine de Jurassic Park (là, la jeune fille se cache dans un… four à micro-onde !), la présentation des monstres à la mode King Kong, une sorte de remake moisi de Godzilla quand l’une des  créatures sème la panique dans les rues, une digression de la séquence du centre commercial d’Evolution. On y trouve même un plan piqué à Alien 3 ! En fait, cette alchimie aurait pu composer un spectacle référentiel assez fun (les séquences de combat entre l’armée et les dinosaures sont somme toute bien dynamiques) mais en optant pour un traitement sérieux (contrairement à son précédent film, le très amusant SS Troopers), le téléaste pèche par prétention et ne parvient à nous faire sourire qu’avec l’importance du body count, la stupidité de certaines scènes (la séquence d’ouverture du laboratoire n’est qu’un exemple), l’incohérence du scénario (si le héros parvient à sauver sa fille insupportable, quid de tous les monstres évadés dans Los Angeles ?), le comportement stupide des protagonistes (comme les journalistes qui filment les dinosaures à moins de dix mètres) et des effets spéciaux inégaux (de gros problèmes de proportions dans les inserts numériques).

Coté interprétation, Treat Williams fait un peu pitié. Il est loin l’aventurier dynamique et cool d’Un cri dans l’océan ! Bouffi, le regard torve, il traîne sa grosse carcasse devant la caméra. Pourtant, ce type au comportement bonhomme parvient, avec les moyens du bord (planche, pelle, extincteur, hache, fusil à pompe…), à latter du dinosaure en boucle… contrairement aux hommes du SWAT, qui, eux, arrosent les monstres à l’arme automatique sans que cela ait le moindre effet sur eux. Sa fille, une merdeuse absolument insupportable qui passe son temps à se mettre dans les pires situations, est interprétée par Jillian Rose Reed (la série Awkward). Si la comédienne voulait agacer, c’est réussi. Par contre, le papy Ronny Cox, dans un rôle assez proche de celui du John Hammond de Jurassic Park, s’en sort plutôt bien. Enfin, triste nouvelle : Age of Dinosaurs déroge à l’une des règles de The Asylum : ici, pas de bimbo pot de colle, ni de femme forte.

La conclusion de à propos du Téléfilm : Age of Dinosaurs [2013]

Auteur Nicolas L.
35

Avec Age of Dinosaurs, Joseph J. Lawson (l’auteur du très fun Nazis At the Center of the Earth) déçoit. Il a essayé ici de construire un mockbuster sérieux mais, faute de moyens et de talent, il n’obtient qu’une œuvre minable qui n’est intéressante que par le ridicule de certaines séquences (du moins, si l’on est amateur de nanars). Treat Williams, totalement hors de forme, en ajoute une couche dans le domaine de la médiocrité. A noter que la qualité des effets spéciaux (bien qu’inégaux) se situent un peu au dessus de ce que The Asylum a l’habitude de nous infliger.

On a aimé

  • Un récit involontarement drole
  • Des effets spéciaux parfois réussis
  • Des scènes d'action assez dynamiques
  •  

On a moins bien aimé

  • Un scénario sans originalité
  • Festival d'incohérences et de comportements stupides
  • Des images CGI inégales
  • Un Treat Williams pathétique
  • Des personnages sans interet

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