Critique Magdalena, l'exorcisée [1974]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le jeudi 20 juin 2013 à 00h34

Quand viennent les mouches… Tombe ta culotte !

L'Exorciste, sorti dans les salles en 1973, est aujourd’hui entré dans l’imaginaire commun comme LE film de possession démoniaque et continue de terrifier des générations de spectateurs. Réalisé par William Friedkin, ce métrage qui met en image l’histoire d’une jeune adolescente possédé par le démon Pazuzu n’est pas le premier à traiter du sujet, mais la force brute de l’histoire (le démon n’a finalement aucun autre objectif que de faire le Mal) et le choix de son personnage central a fait oublié tous les précédents et, surtout, lancé une impressionnante vague de variantes, de qualités, il y vrai, très variables.

Magadalena, vom Teufel besessen (lit. Magdalena, possédée par le Diable), traduit chez nous par Magdalena la Sexorcisée (ouch!), se pose comme l’une des plus amusantes relectures de L’exorciste. Elle est l’œuvre de Walter Boos, un honnête artisan teuton qui, derrière une apparente innocence, a vécu une double vie professionnelle. En effet, s’il a principalement construit sa carrière à la télévision en qualité d'assistant-réalisateur - on lui doit ainsi moult épisodes de Derrick - il a également œuvré dans le domaine de la polissonnerie germanique avec des films aux noms évocateurs comme Collégiennes expertes (oui, mais, en quoi?), Chaleurs profondes, Les indécentes, l’auberge des petites polissonnes ou Les collégiennes en folie. Oui, les plus observateurs d’entre vous l’auront remarqué, Walter Boos (qui l’a sacrément roulé durant sa carrière), aime les collégiennes en jupes et aux culottes légères. Il le prouve d’ailleurs encore ici puisque Madgalena, vom Teufel besessen se déroule principalement dans un pensionnat de jeunes filles.

Le film débute par un mystérieux meurtre à la mise en scène théâtrale qui va mettre la police de la ville sur les dents : un mec crucifié et horriblement mutilé. Une mort mystérieuse qui lance une enquête (la trame la moins intéressante du film) et qui nous permet de découvrir que la police allemande suit à la lettre les préceptes de leur maitre, l’illustre inspecteur Derrick, qui se résument grossièrement à «rien ne sert de courir, il vaut mieux se taper une choucroute». Bref, entre deux bières et trois saucisses, ces policiers mollassons apprennent que l’une des dernières personnes ayant été vues en compagnie de la victime est sa petite fille, une certaine Magdalena Winter, une jeune étudiante logée dans le pensionnat religieux voisin. Mais difficile de croire que cette innocente enfant, sage et bien éduquée, puisse avoir un lien avec un crime aussi atroce. Les policiers en arrivent à la conclusion qu’ils sont sur une fausse piste. Et pourtant...

Car miss Winter est possédée (la faute à pépé le sataniste). Par une nuée de mouches lubriques pense-t-on tout d’abord, car toutes ses crises de violence et d’exhibitionnisme sont annoncées par des bourdonnements propres au vol de ces insectes. C’est pratique, dés le spectateur entend un bruitage de mouches, il sait que Magdalena va péter les plombs. Ses amies et ses professeurs pensent tout d’abord que Magdalena est victime de crises d’épilepsie, elle bave et elle gigote au sol. Classique, elle a juste besoin d’un peu de repos (c’est ce qu’en déduit, placide, la directrice de l’établissement). Mais, au fil des jours, les crises s’accentuent, Madgalena casse la vaisselle, faiy voler les meubles (son entourage n’est d’ailleurs guère impressionné), insulte tous les gens à portée de voix et, encore plus étrange, a une fâcheuse tendance à se dessaper en public et à se tripoter vigoureusement le minou. Puis, manipulatrice, Magdalena, quand vient la nuit, fugue et séduit les mâles pour les détruire psychologiquement ou les pousser à s’entretuer dans des duels de prétendants. On prend alors conscience qu’un homme ne peut résister à une foufoune (très fournie, nous sommes dans les années 70) et deux nichons siliconés (je répète, nous sommes dans les années 70, c’était donc assez rare) qui se trémoussent sous ses yeux. Les victimes s’accumulent. Les flics y perdent leur gothique.

Un brin aveugles (pour ne pas dire cons), assez loin d’imaginer la véritable cause du mal qui habite Magdalena, ses proches se sentent impuissants et font appel à différents professionnels. Ainsi, après qu’une expérience scientifique consistant en la pose d’un plat de spaghettis en métal sur la tête de la jeune femme ait fait chou blanc, ils se tournent vers un psychiatre qui envisage sur elle une hypnothérapie. Voyant dans cette tentative le risque d’être démasqué, le démon force alors Magdalena à séduire d’autres hommes qui, manipulés, seraient à même de supprimer cet opportun. Bon, le stratagème ne va pas marcher et tout va finir par un exorcisme vraiment très décevant où l’on apprend que Magdalena était possédé par un démon-serpent (diantre, et les mouches alors ?), mais tous ces événements nous donnent l’occasion de voir Magdalena se dévoiler en enchainant les poses les plus osées.

Vous l’avez compris. En ajoutant quelques années à son personnage central, Walter Boos a pu amener l’aspect choquant et obscène de L’exorciste, aux effets purement horrifiques, vers un érotisme à la violence toute relative. Cependant, contrairement à tous ces pornos qui surfaient alors sur la réussite du film de Friedkin (The Devil Inside Her, Exorcisme et messes noires), Magdalena la Sexorcisée s’appuie sur un scénario original qui mêle des éléments de nunsploitation et de pur thriller allemand. Le métrage ne dépasse d’ailleurs jamais le stade de l’érotisme et l’amateur de craspec en sera pour ses frais. Plutôt jolie, la méconnue Dagmar Hedrich s’en sort plutôt bien dans le registre dramatique et parvient à faire impression quand elle change brusquement de comportement, d’autant plus méritoire qu’elle n’est guère aidée par des effets spéciaux très perfectibles, voire inexistants. Elle est bien assistée par un casting très expérimenté, comme Werner Bruhns (le professeur Falk) ou Michael Hinz (le docteur Stone) qui ont à leur actif de nombreux épisodes de séries télé (comme Tatort ou Le club des Cinq), mais, hélas, eux comme les autres, ne parviennent pas toujours à nous faire avaler les nombreuses incohérences du script, comme la naïveté de leurs personnages devant l’attitude de Magdalena.

Techniquement, c’est mou. Très mou. Sauf quand Walter Boos, pris d’une soudaine crise de montage cut, enchaine à l’arrache les champs contre champs qui donne au métrage des inattendus (mais rigolo) effets stroboscopique. Sinon, on évolue dans le registre classique du film de possession. Des zooms en veux-tu, en voilà, sur des visages déformés par la démence ; des tables qui volent comme si elles étaient accrochées a des fils invisibles (ce qui est évidemment le cas) ; un gentil curé qui subit les pires outrages par une possédée très culottée (je veux bien confesser, mais avec ma chatte !). Mais pas de gore. Et encore moins de sexe, car Magdalena se contente d’allumer le feu, comme dirait un célèbre rockeur septuagénaire. Deux absences très décevantes, car un peu plus osé, Magdalena la Sexorcisée aurait pu dépasser le modeste statut de nanar erotico-satanique. Ce qu’il est assurément.

La conclusion de à propos du Film : Magdalena, l'exorcisée [1974]

Auteur Nicolas L.
40

Petite curiosité erotico-horrifique venue d’outre-Rhin, inspirée par L’exorciste, Magdalena la Sexorcisée possède comme atouts un scénario qui va bien au-delà du vulgaire copié-collé, un érotisme kitch sympathique et une réalisation qui fait souvent basculer ce film de sexploitation dans le nanar divertissant. Quand les allemands se lancent dans le satanisme coquin, c’est un peu Derrick et la foufoune damnée.

On a aimé

  • Un nanar rigolo
  • Un érotisme kitch
  • Un scénario mêlant les genres

On a moins bien aimé

  • Un festival d’incohérences
  • Une réalisation bancale
  • Un rythme… euh… aucun rythme, en fait

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