Critique La Prisonnière #1 [2013]

Avis critique rédigé par Richard B. le dimanche 19 mai 2013 à 08h55

Quand l'art a le pouvoir de prendre vie ...

« Quelque part en des contrées lointaines et des temps reculés... »
Une petite église située à l'intérieur d'un paisible village se trouve investie avec violence par Sire Galohan de Galkiddek et son armée. Galohan semble particulièrement intéressé par une statue censée représenter la Vierge, mais dont les traits seraient surtout la réplique exacte de sa tendre Eloée, tragiquement disparue. Galohan, devant une nouvelle fois faire face à ce souvenir, devient fou de rage et décapite le prêtre. Alcantor, l’alchimiste personnel de Galohan, reproche à ce dernier de s'être emporté un peu trop vite, car il aurait été bon de connaître le nom de l'artiste qui a conçu cette sculpture. Car, avec cette œuvre façonnée dans un matériau bien spécifique et sculptée aussi parfaitement, Alcantor pense avoir les moyens de faire revenir la défunte du royaume des morts.

Extrait Galkiddeck

Frank Giroud (Le Décalogue, Louis la Guigne, L’Expert, Quintett, Secrets...), déjà scénariste d'une multitude de bandes dessinées, ne s'était pas encore essayé au récit moyenâgeux et, plus encore, doté d'une orientation fantastique. Si l'auteur aurait tendance à avouer un manque de culture en la matière (en particulier en ce qui concerne l'heroic fantasy), il y amène tous les ingrédients propres à ce genre : amour, loyauté, honneur, magie, kidnapping, légende, barbarie... mais Giroud surpasse même la pléiade de titres existant dans le domaine en y apportant une sorte de crédibilité historique et des personnages solides aux intentions complexes. L'histoire d'amour pourrait très bien faire écho à Dracula (du moins celui de Coppola), avec l'histoire de ce guerrier sombrant dans la folie sanglante suite à la mort de celle qu'il aimait et qui serait prêt à toutes les atrocités pour retrouver cet amour perdu. Ensuite, certains autres aspects pourraient évoquer « La chair et le sang » de Paul Verhoeven - bien que Giroud ne connaisse pas ce film, il y partage quelques visions communes du moyen âge – ainsi dans Galkiddek on découvre une femme prise en otage qui, si dans un premier temps fait tout pour s'échapper, va opter pour la voie d’une apparente conciliation, afin de mieux se venger par la suite (on devra toutefois attendre les albums suivants pour s’en assurer). Alcantor, l’alchimiste, est lui-même très intéressant, car sous la plume de Giroud, ce personnage ne se contente pas de jouer le magicien ou l’apprenti phytothérapeutes, mais se dévoile comme un être complexe qui pourrait tout aussi bien être proche de la folie, un habile tacticien aux desseins qui pourraient très bien surprendre ou, encore, un être réellement doté de pouvoir surnaturel. L'élément fantastique tourne donc autour de ce personnage, mais l’incertitude demeure quand à ses réels pouvoirs. C’est donc une histoire prometteuse que nous conte Giroud et même si l’on est captivé par l’intrigue, on a du mal à saisir réellement où veut nous amener le scénariste. Finalement, à l'issue de ces 48 pages, on a découvert tout un tas de personnages et d'enjeux, mais on ne sait pas encore si cette série dépassera l'épopée traditionnelle et le classicisme pour nous amener au-delà. Pour l'instant, Giroud a su reprendre le meilleur de l'essence moyenâgeuse, il reste donc à voir comment il va développer tout ça.

Extrait Galkiddeck

Galkiddeck outre ses promesses scénaristiques, profite aussi des talents du dessinateur italien – vu le résultat, illustrateur de grand talent, devrions-nous plutôt dire – de Paolo Grella (qui a travaillé aussi sur Le Manuscrit interdit chez le même éditeur). Intégralement dessiné et colorisé à la main, on retrouve le côté organique des albums d'époque, mais avec une qualité d'impression qui est de nos jours, bien sûre,  nettement supérieure. Les ambiances de couleurs, les expressions qu'arrive à donner Paolo Grella à ses personnages et les multiples variations de cadres font que l'album est un pur bonheur à regarder, plus encore à une époque où le travail numérique devient prédominant. Et même si on trouve des travaux d’exception faits avec l’ordinateur, retrouver cette fraîcheur du travail manuel, de plus si bien exécuté, confère indéniablement une personnalité qui n'est pas le moindre des atouts lorsque plusieurs albums se trouvent étalés juste à côté.

La conclusion de à propos de la Bande Dessinée : La Prisonnière #1 [2013]

Auteur Richard B.
80

Attachant par ses personnages aux constructions complexes, prometteur de par son approche scénaristique et son dessin plein de vie, cette fresque médiévale captive formellement mais, surtout, intrigue. Giroud va-t-il arriver à sortir sa série de la masse des produits exploitant le registre de l'heroic fantasy ? Le récit va-t-il prendre une tournure inattendue ? Bref, si l'installation du décor et des personnages est amplement réussie, reste à savoir maintenant si l'intrigue en elle-même tiendra ses promesses, voire même si elle arrivera à nous surprendre. Il est encore difficile de déterminer la voie que va emprunter Giroud.

On a aimé

  • Me dessin de Paolo Grella.
  • Un titre prometteur.
  • Des personnages interessants.

On a moins bien aimé

  • Pour l'instant l'intrigue de fond reste assez classique.

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