Critique My Soul To Take [2012]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le jeudi 27 janvier 2011 à 17h51

Mortel ennui

Le parcours artistique de Wes Craven me laisse, au fil des années de plus en plus en perplexe. J'avais découvert ce réalisateur très tôt, dans la deuxième moitié des années 70, à travers ces désormais grands classiques que sont La Dernière maison sur la gauche et La colline a des yeux. Des films qui l'introduisirent dans le cercle très privé des réalisateurs cultes. C'était mérité. A cette époque, je ne le nie pas, j'adorais le travail de cet homme, non seulement pour son sens de la provocation, mais aussi pour sa façon très réaliste de raconter des horribles histoires. Vouant alors une véritable admiration à Wes Craven, je ne fus donc pas surpris (mais ravi!) de la réussite des griffes de la nuit, une œuvre qui démontrait qu'en plus d'être un réalisateur viscéral, il pouvait aussi être un excellent conteur. Puis, lentement, au fur et à mesure que l'artiste se transformait en un homme d'affaire à la recherche d'une audience plus large - et plus lucrative -, mon intérêt pour sa filmographie s'étiola. Je ne suis plus sûr, aujourd'hui, que Wes Craven ait changé du jour au lendemain, victime de l'électrochoc Scream. En effet, même s'il est indéniable que ce métrage a changé la vie du cinéaste, des stigmates de son mal apparurent bien avant mais, à l'époque, ils ne furent considérés que comme des petites faiblesses passagères (La Ferme de la Terreur, La Créature du marais, L'Amie mortelle), d'autant plus qu'elles étaient rapidement occultées par de jolis retours en forme (L'Emprise des ténèbres, Shocker)... Jusqu'à ce que cette faiblesse chronique, aggravée par des fièvres putassières, finisse par se transformer en une véritable sclérose artistique.

Depuis 1995 et le lamentable La musique de mon coeur, Wes Craven tourne peu. Et l'on en est fort aise. On aimerait même qu'il arrête totalement. Définitivement. Qu'il se retire dans une lamaserie. Ou une station spatiale, peu importe. Entre ses essais mélo foireux, ses polars somnolents et ses tentatives de retour au genre, on a du mal à décider où il est le plus désolant. Le pire, c'est qu'il n'est guère plus avisé dans son métier de producteur, où il cautionne tout et n'importe quoi, du moment que cela peut mettre du beurre dans les épinards. Bref, Wes Craven, en trente ans, n'a pas perdu son inspiration par phénomène d'usure (cela arrive à quasiment tous les artistes et cela reste excusable, du moins ne remettant nullement en cause leur intégrité artistique), non, il s'est transformé en l'antithèse de ce qu'il était à ses débuts, une sorte de gérant de fast food cinématographique délivrant des lots de produits calibrés et sans aucune saveur. Le plus ironique là dedans, c'est que de nombreux cinéphiles refusent de voir la vérité en face. Même moi, devant le spectacle désolant de Cursed, j'avais tenté de lui trouver des circonstances atténuantes, me forçant à prendre comme argent comptant toutes les excuses mettant en avant un processus de production très difficile. Finalement, My Soul To Take est arrivé et m'a véritablement ouvert les yeux.

Scénarisé par Wes Craven, ce slasher à l'intrigue absolument stupide se pose comme une sorte de produit dérivé de Scream, avec son tueur masqué, ses victimes teenager et sa communauté d'adultes dissimulant un grand secret. Pour faire court et sans trop en dévoiler, disons que lors de leur seizième anniversaire,  tous les jeunes gens nés le même jour que celui où est mort un psychopathe local sont un à un assassinés. Le hic, c'est que le corps du fameux tueur n'a jamais été retrouvé et que, depuis, une légende urbaine courre sur le sujet. On retrouve donc dans My Soul To Take le sempiternel groupe d'adolescents exterminé par un mystérieux tueur au look de bogeyman. Evidemment, tout est fait pour que l'on n'ait vraiment aucune idée de l'identité du tueur. Pas un indice n'est fourni, hormis quelques plans équivoques délivrés avec une subtilité pachydermique et destinés à rendre tous les protagonistes suspects (si vous aimez les regards en coin, vous allez être gâté). Cependant, petit à petit, par élimination, l'étau finit forcément par se resserrer et l'on pourrait penser qu'il sera facile, à un moment ou un autre, d'identifier le coupable. Mais c'est compter sans la fourberie d'un Wes Craven qui, en glissant des éléments fantastiques dans l'intrigue, fout toute la logique de déduction (qui aurait été, sinon un exercice amusant, du moins un passe-temps) en l'air.



Le pire dans tout cela, c'est que Wes Craven ne prend même pas la peine de construire un récit intriguant. Ainsi, dés le début, on comprend qui sont réellement les personnages de Bug et Fang, ce qui désamorce totalement l'intérêt des séquences où l'un d'entre eux va découvrir une vérité que l'on connait déjà. En fait, le cinéaste cherche uniquement l'efficacité à travers une succession de twists que l'on croirait tirés d'un épisode de Scoobidoo et quelques séquences de suspense matérialisant les attaques du tueur - équipé d'une arme blanche, bien entendu. Le tout est de plus mis en image avec le moins de gore possible, histoire de pouvoir rendre sa bouse accessible aux fans de Colargol. L'ancien génie qui nous avait offert Les griffes de la nuit pousse même la fumisterie en nous imposant une succession de situations réchauffées, comme les scènes se déroulant dans la maison, qui sont des plagiats à peine modifiés de passages d'Halloween. La poursuite dans les bois, elle, nous renvoie à Vendredi 13 (on a a d'ailleurs également droit à un lac). Il est bon de noter que, contrairement à Scream (qui a au moins une valeur de quizz), ces récupérations se font sans aucune volonté cinéphile. Enfin, le tout baigne dans une ambiance de drama pour ados, avec ses rivalités entre sportifs et geeks et ses premiers émois amoureux. Le casting, forcément, doit se plier aux contraintes du genre, à savoir interpréter des futures victimes dotées de QI équivalents à celui d'une flaque d'eau. On retrouve donc la brune rebelle, le jeune héros, le fidèle pote, l'intello physiquement désavantagé (ici, il est aveugle), la pétasse blonde, l'athlète abruti, etc. Soit, la réalisation est propre (encore heureux!), mais c'est vraiment la seule chose positive que l'on peut tirer de cette œuvre soporifique.

La conclusion de à propos du Film : My Soul To Take [2012]

Auteur Nicolas L.
30

Au bout de dix minutes de métrage, j'ai essayé d'appréhender My Soul To Take comme s'il s'agissait d'une parodie involontaire. Mais même en suivant cette démarche je me suis terriblement ennuyé durant toute durée du film. Force est de le dire, Wes Craven nous propose là un sacré navet, une sorte de slasher aseptisé sans aucune originalité, au scénario faible, au casting endormi et à la réalisation fainéante et ultra policée. Une sorte de téléfilm à peine digne d'être diffusé sur une chaine câblée. Wes Craven a, semble-t-il, toucher le fond et cela n'augure rien de bon pour Scream 4.

On a aimé

  • Une réalisation propre

On a moins bien aimé

  • Un scénario inepte
  • Aucun suspense
  • Très chiche en effets gore
  • Un film de fumiste

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