Critique La Lignée #1 [2009]

Avis critique rédigé par Manu B. le dimanche 21 novembre 2010 à 14h27

Resident vampire

"- Il était une fois un géant, dit la grand-mère d'Abraham Setrakian.
Les yeux du jeune Abraham brillèrent. Soudain son bortsch lui parut plus appétissant; en tout cas, il avait moins le goût d'ail. Abraham était un petit garçon pâle, maigrichon, maladif. Bien décidée à l'engraisser, sa grand-mère restait assise face à lui pendant qu'il mangeait sa soupe dans son bol en bois, mais elle le distrayait en lui racontant une histoire.
Une bubbeh meiseh, un conte de grand-mère. Un conte de fée. Une légende..."


Ephraïm Goodweather est avec son fils Zack pour un week-end qu'ils étaient censés passer tous les deux lorsqu'on l'appelle pour un cas d'urgence assez préoccupant. Eph et sa partenaire Nora Martinez, membres de la cellule CDC qui intervient lors de risques sanitaires et de pandémies, doivent intervenir à l'aéroport  JFK de New York où l'avion qui vient d'atterrir sur la piste ne répond plus. De l'extérieur, l'impression de se trouver face à un cercueil est palpable.
Lorsque Nora et Eph pénètrent dans la carlingue, l'impression se confirme: tous les passagers sauf quatre sont morts. Une étrange prémonition naît dans l'esprit de Goodweather, laquelle se raffermit le lendemain lorsqu'il apprend que les corps stockés à la morgue disparaissent pendant la nuit...

Chuck Hogan est l'auteur de thrillers et Guillermo Del Toro est le réalisateur des films Le Labyrinthe de Pan, des Hellboy et Hellboy 2, de Mimic et des futurs Bilbo le Hobbit et des Montagnes hallucinées. On le découvre ici auteur à quatre mains en duo avec Chuck Hogan. Ils signent avec La Lignée le premier volet d'une trilogie vampirique, publié aux éditions Presses de la cité et réédité chez Pocket. Pas sûr qu'ils révolutionnent le genre.

Le scénariste d'Hellboy 2 (pas une histoire exceptionnelle en soi) qui croule sous les projets avec entre autres le futur Bilbo le Hobbit s'improvise donc auteur. Du coup, c'est avec curiosité que l'on entreprend la lecture de cette histoire de vampires.
Si le début s'inspire des plus grands auteurs de littérature fantastique (on pourrait y voir le Stephen King des débuts - Salem, Les TommyKnockers - et salente et légendaire mise en place, puis y discerner du Dan Simmons - L'Echiquier du Mal - lorsqu'on comprend que quelques élus se partagent le monde), la deuxième partie tire son inspiration du cinéma (28 jours plus tard, Aliens et Resident Evil où Alice et Ripley se complaisent à casser du mort-vivant et autres joyeusetés).

C'est à cause de cette cassure narrative que l'histoire perd une partie de son intérêt. A dire vrai, si la deuxième partie n'est pas mauvaise en soi, on a vraiment le sentiment d'avoir changé de média, l'impression d'avoir posé son roman pour se faire une partie de Doom-like.
Les amateurs d'action s'ennuieront jusqu'à la moitié, au moment même où les amateurs de frissons n'y trouveront plus aucun intérêt. A vouloir contenter deux types de publics différents, le risque est de perdre sur les deux fronts.
Si la construction est un peu bancale, en dépit de flashbacks plutôt intéressants, le choix stéréotypé des personnages n'arrange rien. Dans le contexte de la famille éclatée par un divorce forcément douloureux (il faudrait une bonne fois pour toutes bannir ce pseudo thème mélodramatique), le groupe résistant à la vague vampirique comprend son lot de poncifs: le vieux professeur (du type Gandalf ou Dumbledore), le scientifique pur jus et le loup solitaire (ici un dératiseur reconverti en chasseur de vampires pour l'occasion).
Bref, tous les ingrédients d'un roman stéréotypé sont réunis ici.

Etonamment, cela n'empêche pas d'être capté par l'histoire. Passé le sentiment de frustration initial, le lecteur se laisse guider dans le courant de l'intrigue avec plaisir. Guidé et néanmoins taraudé par quelques questions: comment les vampires peuvent-ils se multiplier s'ils doivent se répandre sur l'intégralité de la planète ? Les héros vont-ils trouver l'arme ultime qui mettra un terme aux projets du "Maître" ? Les Aînés vont-ils se liguer avec les survivants pour s'opposer à la vague déferlante ?
Les réponses à ces questions ne laissent aucun doute sur leur nature mais on espère quand même un rebondissement. D'autant qu'entre temps, les amateurs de combat urbain, d'exploration dans les égoutssombres et dangereux (ceux qui ont vu Mimic ne seront pas dépaysés) seront comblés. Ce livre est pour eux. 

Comme on soupçonne les auteurs d'être en mode rodage (et à la limite du deuxième degré), on est curieux de lire la suite, La Chute, qui peut réserver un rebondissement majeur et se révéler plus maîtrisé. Sait-on jamais ?

La conclusion de à propos du Roman : La Lignée #1 [2009]

Auteur Manu B.
65

La Lignée s'inscrit dans les romans modernes de vampires où le romantisme et la superstition ont été remplacés par la science et les enjeux éco-financiers. Si les thèmes n'ont rien de nouveau, l'ensemble se révèle agréable à lire. Ce scénario romancé n'attend plus qu'une adaptation au cinéma ou sur diverses plates-formes pour gamers de survival dont on imagine déjà l'ambiance tendue.

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