Critique Open Graves

Avis critique rédigé par Nicolas L. le jeudi 30 septembre 2010 à 23h29

La libellule est une sorcière

Dans une boutique ésotérique, un type louche en fauteuil roulant, accompagnée d'une femme guère plus affable, vous offre, sans raison, un jeu espagnol datant du 15ème siècle. Vous voyez, le genre de gros truc en bois sculpté qui doit surement rapporter une fortune vendu sur Ebay. Cependant, comme vous êtes un surfeur un peu débile - ou un photographe de models obsédé -, vous êtes un peu con. Cela ne vous étonne donc pas plus que ça et vous repartez de la boutique, sans demander d'explication... et sans faire remarquer au réalisateur qu'il n'est pas normal qu'un jeu espagnol datant de la période de l'Inquisition ait ses instructions et ses cartes à jouer rédigées en anglais moderne. Bon, le soir, au Pays Basques, il pleut. Comme vous avez déjà baisé, que vous n'aimez pas la lecture, que la batterie de votre Nintendo DS est à plat, vous décidez alors d'organiser une soirée ludique, Vous sortez alors le Mamba et... non, bande d'obsédés, cela n'a rien à voir avec l'attribut sexuel de l'un des comédiens, le casting est de toute manière essentiellement composé de caucasiens ! Mais vous avez un peu raison, car quelque part, Open Graves parle de gros serpent... et aussi de libellules. 

 Le Mamba n'est rien de plus qu'un jeu de l'oie débile où certaines cases vous obligent à tirer une carte dans une pioche. Ces cartes sont uniquement de deux types; "vous allez mourir comme ça" (les cartes Vae Victis, tiens, du latin maintenant!) et la cartes à la con. Avec les cartes à la con, vous ne risquez rien, vous restez comme un con sur la case et vous passez votre tour. Avec les cartes "vous allez mourir comme ça", vous êtes éliminés du jeu et vous pouvez faire ce que vous voulez, vous allez crever. C'est un peu comme dans les Destination Finale, tout ce qui est autour de vous va contribuer à causer votre perte, allant même jusqu'à tricher en utilisant des moyens surnaturels (apparition de serpents, vieillissement accéléré, etc.). Le seul truc subtil dans ce jeu, c'est que les modus operandi de ces "meurtres" sont prédits sous forme d'énigme (c'est le seul aspect ludique du truc, en fait). Donc, quand on vous dit que vous allez mourir sous les baisers de l'innocence, ne croyez pas que vous allez expirer sous une pile de jeunes adolescentes en explosion hormonale au sortir d'un concert de Justin Bieber, non, vous allez simplement être bouffé par des crabes.

Donc, les protagonistes meurent les uns après les autres, dans l'ordre correspondant à celui de leur élimination durant la partie - qui est restée inachevée (un détail qui a son importance). En même temps, la poignée de survivants (qui s'effeuille telle une marguerite sous les doigts d'une jeune romantique) tente de trouver une solution pour stopper la malédiction. Après avoir tentés de détruire le jeu, en vain (« Mon dieu, arrête, Jason, tu as le nez qui saigne !), ils essaient de retrouver le vil individu qui leur a refilé ce truc ensorcelé. Il est à noter que tous ces jeunes gens se connaissent bien, à l'exception d'Erica (Eliza Dushku) une jolie brunette qui vient d'entrer dans le groupe et qui - c'est tellement évident que l'on pourrait lui coller une étiquette "fille louche" aux fesses - a quelque chose à voir avec cette histoire de jeu de plateau conçu par une sorcière. Puis se greffe à l'histoire un flic dépressif qui veut utiliser les pouvoirs du plateau pour ramener sa femme et sa gosse à la vie. Oui, car j'ai oublié de vous dire : il faut savoir que la vainqueur de la partie reçoit un présent en récompense (ben oui, quand même !). Il lui suffit d'en faire le vœu et de placer son pion dans le bon emplacement disponible sur le plateau (s'il se trompe, lui aussi meurt dans d'atroces souffrances, c'est con, hein?) et ensuite d'arriver à refiler le jeu à un crétin, du style étudiant surfeur américain. 

 Présenté comme cela, Open Graves pourrait passer pour une amusante série B à base d'artefact maudit, une sorte de slasher avec serial killer surnaturel et invisible. Avec un peu d'imagination, on pourrait même penser avoir une sorte de Jumanji (ou un Zathura) sanglants et polisson ou un Evil Bong, en moins fumeux. Bref, bref un gentil divertissement ou un délire à la Charles Band. Ben non, pas du tout, Open Graves est avant tout une série B assez chiante, avec des teenagers joués par des trentenaires qui passent leur temps à faire du surf et s'amuser dans des Beach Party. En fait, tout est tellement prévisible dans Open Graves, tout est si peu original (que cela soit dans la réalisation ou dans l'écriture) que cela en est presque déprimant. Certes, du point de vue technique, le travail d'Álvaro de Armiñán ne présente pas de gros défauts mais l'ensemble est si académique et formaté qu'il en devient terriblement ennuyeux. Ce constat est d'autant plus évident que le film ne brille pas par son nombre de séquences d'action et que les vraies séquences horrifiques (assez réussies et bien gore, sauf les inserts CGI, calamiteux) se comptent sur les doigts d'une main.

Pour ce qui est de l'interprétation, Open Graves met en vedette Eliza Dushku et Mike Vogel, deux acteurs d'expérience qui essayent de donner de la crédibilité à des personnages qui sont bien plus jeunes qu'eux. Une tache d'autant plus difficile qu'ils ne sont pas aidés par le manque de profondeur de leurs rôles. Erica, par exemple, fronce les sourcils en permanence et traine ses jolies petites fesses derrière Jason durant une bonne partie du film, sans avoir aucune influence sur le déroulement de l'intrigue, avant de révéler, au cours d'un final prévisible, sa véritable identité. Enfin, pour ce qui est du reste du casting, on remarque surtout Gary Piquer, dans la peau d'un inspecteur de police un peu barge qui évoque (le physique de l'acteur y est pour beaucoup) Harvey Keitel dans Bad Lieutenant.

 

La conclusion de à propos du Film : Open Graves

Auteur Nicolas L.
35

Sorte de Final Destination ibérique au final fantasmagorique, Open Graves présente les mêmes défauts que ses modèles, les surprises en moins car les morts violentes sont annoncées par avance. Au final, on a donc un film formaté pour le marché teenager, à la réalisation correcte mais sans aucune originalité et au rythme plombé par d’interminables séquences dialoguées mettant en scène des personnages qui sonnent aussi creux que des calebasses vides. Heureusement, quelques effets gore réussis empêchent le film de sombrer totalement dans la nullité.

On a aimé

  • Réalisation correcte
  • Quelques effets gore réussis

On a moins bien aimé

  • Scénario pauvre et prévisible
  • Des incohérences
  • Manque totale d’originalité
  • Personnages creux
  • Des longueurs CGI pourris

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