Critique Terror Tract [2001]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le mercredi 30 juin 2010 à 18h16

Crise immobilière

Si le film à sketches fantastique est aujourd'hui un genre mineur essentiellement destiné au marché vidéo, il fut un temps (les années 60-70) où ces compilations de courts-métrages pouvaient être fréquemment rencontrées dans les salles obscures. A l'époque, de nombreux scénaristes de renom travaillaient de concert pour offrir aux studios des scripts étudiés pour le format court. Une autre solution, fréquemment usitée, était de piocher dans la masse de nouvelles écrites par les maîtres du genre, comme Howard Phillips Lovecraft, William H. Hodgson ou Edgar Allan Poe. Cependant, avec l'arrivée du format vidéo dans les foyers et la fermeture progressive des cinémas de quartier friands de séries B et de films d'exploitation, ce genre finit par se retrouver considéré (souvent à tort) comme un produit bas de gamme, tout juste bon à meubler les soirées pizza-bière entre potes. Un préjugé négatif entretenu, que dis-je, amplifié, par la mauvaise image de marque que porte comme un fardeau, en France, son cousin littéraire: le recueil de nouvelles.

C'est principalement pour cette raison que j'ai eu le plus grand mal à imposer à mes voisins de canapé le visionnage de Terror Tract, film à sketches datant de 2000 et réalisé par le duo Lance W. Dreesen et Clint Hutchison. Une tache d'autant plus difficile que le titre ne fait pas du tout appel à la mémoire collectif des geeks de mon entourage. Il est certain que si ce film s'était intitulé Les Contes de la crypte ou Creepshow, l'affaire aurait été nettement plus aisée. Pourtant, Terror Tract mérite sincèrement d'être vu. Composée de trois sketches assez longs (tous écrits par Hutchison), ayant pour fil rouge un employé d'agence immobilière faisant visiter à un couple de clients des maisons au passé dramatique, l'œuvre des deux cinéastes propose des sujets aussi variés que divertissants.

Le premier sketch parle d'adultère et d'un mari noyé qui (peut-être) ressurgit des flots pour se venger. L'ensemble est imprégné d'un petit aspect moralisateur - tout le monde sera puni! - un peu kitch mais amusant. Le coté fantastique y est certes moins explicite mais on ne peut s'empêcher de comparer cette histoire à l'excellent Something To Tide You Over, l'un des segments de Creepshow. Le deuxième sketch nous amène dans la résidence des Gatley, où l'arrivée d'un singe capucin va semer le trouble, puis la folie meurtrière (avec un égorgement du plus bel effet!). Là encore, étant donné que c'est un aimable petit singe qui est mis en vedette, on pense à Incidents de parcours, le film de George A. Romero, mais la comparaison s'arrête là, ce petit primate étant plus un Chucky quadrumane qu'un animal au tempérament trop exclusif. Enfin, la troisième histoire, la meilleure, ne pose pas vraiment son cadre une maison puisqu’elle met en scène la visite chez une psychiatre d'un jeune « medium » qui visualise par des flashs un sadique masqué assassinant des jolies femmes. Là, pour le coup, on flirte avec le giallo.

Il est bon de noter que si ces histoires mettent en forme des sujets différents, elles présentent toutefois un point commun; une sacrée dose d'humour noir ! Un second degré omniprésent, souvent très cruel, parfois même gore, qui amène une très appréciable atmosphère pulp et qui nous fait traiter les aspects peu crédibles des trois scripts avec la plus grande indulgence. Une volonté d'exploiter un traitement fun qui prend d'ailleurs toute sa dimension au cours d'une géniale conclusion, lorsque l'agent immobilier, désespéré de n'avoir pu opérer une vente dans la journée (il a pourtant tout mis en œuvre pour ne pas y parvenir) dévoile la nature de son employeur avant de péter un câble.

Techniquement, le film ne présente rien de révolutionnaire et se contente de reproduire le plus fidèlement possible le style académique utilisé dans les films à sketches de l'Amicus, tout en y glissant quelques éléments empruntés aux comic books - histoire de satisfaire les fans de Creepshow, Tales from the Crypt ou Darkside, les contes de la nuit noire (Grand prix d’Avoriaz en 1991). Il est certain, dans ces conditions, que les jeunes spectateurs vont trouver le rendu un peu patiné, pour ne pas dire daté. Pour ce qui est de l'interprétation, pas de grandes stars à signaler mais une sympathique brochette d'artistes fréquemment rencontrés dans les séries télévisées, comme Carmine Giovinazzo, l'un des acteurs récurrents de la série Les Experts : Manhattan ; John Ritter (qui interprètent l'agent immobilier), un comédien que l'on peut voir dans Les rois du Texas ou Brenda Srong, l’une des stars de Desperate Housewives.

La conclusion de à propos du Film : Terror Tract [2001]

Auteur Nicolas L.
60

Spectacle plutôt agréable que ce Terror Tract. Une bonne dose d'humour noir, des histoires pulp assez divertissante, des comédiens à l'aise dans leurs rôles, une réalisation "vintage" apte à satisfaire les cinéphiles, bref, des éléments qui font de ce petit film à sketches un spectacle finalement plus réussi que certains de ses illustres ainés (cf. le très moyen Creepshow II).

On a aimé

  • Trois histoires divertissantes
  • Beaucoup d’humour noir
  • Un casting de qualité
  • Une fin géniale

On a moins bien aimé

  • Des récits prévisibles
  • Un aspect vintage qui peut gêner

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