Critique Wolfman [2010]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le samedi 29 mai 2010 à 11h53

La compagnie du loup

Depuis Le Loup-Garou, grand classique de l'Universal réalisé en 1941 par George Waggner, le mythe du loup-garou compte comme l'un des thèmes les plus récurrents exploité par le Septième Art. Adapté jusqu'à l'excès dans les années 50 et 60 avec bon nombre de versions anglo-saxonnes mais aussi espagnoles et mexicaines, usé jusqu'à la corde, victime d'une pléthore de déviances médiocres et/ou irrévérencieuses (pastiches et comédies diverses), on pensait le genre agonissant avant que les maîtres des effets spéciaux des années 80 (Rick Baker, Rob Bottin, Christopher Tucker) ne lui amènent un nouveau souffle. Peu d'entre eux, cependant, osèrent mettre en forme un véritable remake du film originel de l'Universal.

Comme l'on n'est jamais servi aussi bien que par soi-même, c'est le prestigieux studio en personne qui lance l'idée d'un remake courant 2008, à travers une véritable initiative de renaissance de ses franchises fantastiques. La réalisation, après quelques errances, est confiée à Joe Johnston. Un choix étonnant que ce réalisateur considéré simplement comme un honnête yes-man mais certainement pas un artiste possédant un véritable univers gothique. Encore plus surprenant, la désignation du latino Benicio Del Toro (excellent acteur au demeurant) pour y interpréter le "so british" Larry, le personnage principal incarné dans la version original par Lon Chaney Jr.. Plus logique apparait enfin le choix d’Anthony Hopkins pour reprendre le rôle de Claude Rains, impressionnant sous les traits de sir John Talbot. Bref, le projet laissait songeur bon nombre de fans.

Pour cette relecture, les scénaristes Andrew Kevin Walker et David Self ont conservé l'essentiel du script de Curt Siodmak. The Wolfman raconte donc l'histoire d'un jeune homme qui retourne sur la domaine de Blackmoor pour participer aux recherches de son frère mystérieusement disparu. Là, il va nouveau se heurter à son père, un hobereau autoritaire et secret, pour finalement découvrir avec horreur que sa famille est victime d'une terrible malédiction. On assiste cependant à un allégement de l'aspect mélodramatique (normal, nous ne sommes plus dans les années 40) et, un peu plus dommage, à une mise en retrait de la souffrance psychologique de Larry - homme cartésien refusant de prendre conscience de sa lycanthropie - au profit de plus de spectaculaire.

Ainsi armé d'un scénario doté de bases solides, Joe Johnston avait donc de bon arguments pour construire un spectacle intéressant, pour peu qu'il parvienne à doter son film d'une véritable âme gothique. Et force est d'admettre que le cinéaste surprend ici son monde et fait même taire ses détracteurs en nous offrant une œuvre aux excellentes qualités techniques et possédant une véritable atmosphère (la musique de Danny Elfman, pourtant dans un premier temps jetée à la poubelle, n'est certainement pas étrangère à cette sensation). L'ensemble n'est pas artistiquement remarquable, certes, Joe Johnston collant bien trop au cahier des charges imposé par une production visant un produit grand public, mais reste toujours agréable à suivre et, encore plus étonnant, riche en séquences fortes. Le gore, très présent, fait ressortir de manière crue l'aspect charnel du mythe du loup-garou, un aspect graphique compensant une retenue dans la métaphore sexuelle - en effet, contrairement aux œuvres des années 80 ou le loup-garou est symbole de magnétisme et de force sexuelle, ici, il s'agit plus de puissance hégémonique et de domination. Les mauvais coucheurs vont cependant reprocher au film son manque de délire baroque, sa timidité dans l'approche du mythe, et on ne pourra réellement pas leur donner tort, Joe Johnston n'est pas Tim Burton et n'a aucune prétention arty. Il s'est contenté d'offrir au public un aimable et modeste hommage aux grands classiques de l'Universal.

A coté de cela, les maquillages (résultat du travail des collaborateurs de Rick Baker) et les métamorphoses sont formidables (tout en étant très sophistiquées, elles se posent comme un hommage au travail de Jack P. Pierce), les effets gore très nombreux et de qualité et les décors vraiment convaincants. De plus, les acteurs apparaissent comme totalement concernés par leur rôle. En effet, si l'on peut reprocher à Anthony Hopkins d'en faire parfois un peu trop (il est d’ailleurs coutumier du fait, le cabotinage étant son péché mignon), son jeu excessif est parfaitement compensé par un Benicio del Toro tout en retenu, un Hugo Weaving impressionnant et une Emily Blunt formidable, délicieuse de délicatesse et de candeur et totalement en accord avec l'esprit victorien cultivé par la réalisation de Joe Johnston.

La conclusion de à propos du Film : Wolfman [2010]

Auteur Nicolas L.
65

Wolfman se pose plus comme un sincère hommage aux grands classiques de l’Universal que comme l’expression d’une expérimentation artistique. Joe Johnston, conscient de ses limites et désireux de coller au mieux à l’imagerie gothique bien connue des fans, nous propose ici un film fantastique efficace et à la bonne tenue technique, notamment dans ses effets gore. Le casting, assez séduisant, est le petit plus qui permet au métrage de se poser définitivement comme un agréable divertissement au parfum vintage.

On a aimé

  • Un bel hommage au classique de l’univers
  • Belle photographie, bons effets spéciaux
  • Emily Blunt, délicieuse de délicatesse
  • L’aspect gore, une bonne surprise

On a moins bien aimé

  • Une réalisation sans génie
  • Anthony Hopkins, parfois too much
  • L’aspect psychanalytique du mythe un peu effacé

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