Critique Tokyo Zombie [2008]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le lundi 20 avril 2009 à 15h49

Sushi of the Dead

Le Dark Fuji est une montagne artificielle composée de détritus. Un immense tas d'ordures où les citoyens de Tokyo se débarrassent de tout ce qui les encombre; déchets ménagers, mobiliers divers... et autres "immondices" de nature bien moins légale.
Un  "beau" jour, sans que l'on ne sache réellement pourquoi, les centaines de cadavres ensevelis sous la terre sombre du Dark Fuji surgissent du sol. Des centaines de zombies affamés qui descendent des flancs de cette ignoble montagne pour envahir les rues de la capitale nippone...

Tokyo Zombie raconte l'histoire de Fujio et Mitsuo, deux fumistes qui se retrouvent confrontés à une invasion de morts-vivants. Dés l'ouverture, Sakichi Satô, le réalisateur (ex-scénariste de Takashi Miike, il a écrit notamment le script Ichi the Killer), en nous présentant un duo de sympathiques tire-au-flanc occupant ses heures embauchées dans des duels de Ju-Jitsu - annonce la couleur de son film, qui est celle de la comédie horrifique. On évolue ainsi au sein d'un univers burlesque qui est très proche de celui de Shaun of the Dead, tant au point de vue de la construction des personnages que de celui de la mise en forme de leurs mésaventures.
Du moins durant la première moitié du métrage.

Car cette énième comédie construite autour du thème "zombiesque" peut en fait être séparée en deux parties bien distinctes. La première est un pur buddy movie à l'humour slapstick dans lequel, tels des Abbot et Costello asiatiques, maître Fujio et son disciple Mitsuo - malgré une accumulation de gaffes qui devraient logiquement leur coûter la vie - parviennent à fuir les zombies. La deuxième partie - qui se déroule cinq ans après la première - est plus "dramatique", se concentre plus sur le personnage du "simplet" Mitsuo et est fortement inspirée par le Land of the dead de George A. Romero. On y trouve ainsi une communauté de nantis qui, protégés des morts-vivants par un colossal mur, vit aux crochets d'une foule d'esclaves et de miséreux et qui se divertit en assistant à de mortels combats d'arène.

Il est cependant important de noter que, malgré un ton plus sérieux dans sa deuxième partie, Tokyo Zombie reste en permanence une comédie potache avec un humour cultivant l'absurde (typique du V-Cinema) et le pipi-caca-prout. Il convient donc d'être initié à ce type de cinéma sous peine de rester un peu perplexe devant ce déballage d'enfantillages et le jeu "excessif" des comédiens. Et même si l'on connait bien - et si l'on apprécie - cette particularité culturelle, je dois bien admettre qu'ici sa répétitivité finit par être un brin lassante et - en raison d'un absence de fond dans le scénario - pas toujours aussi efficace qu'espérée. Il est aussi à noter que certaines blagues, portant sur la pédophilie et l'homosexualité, seront jugées par bon nombre de spectateurs occidentaux comme d'un goût plus que douteux.
Alors, amis de l'élégance et de la subtilité, vous voilà prévenu!

Cependant, Tokyo Zombie, malgré sa faiblesse dramatique, son absence de second niveau de lecture et ses dérapages homophobes comporte quand même un sacré bon nombre de bonnes idées et de passages croustillants (le twist de la vieille zombie édentée, le zombie borgne dans l'arène, les pauvres qui alimentent en électricité les logements des riches, le voyou accroc au yaourt à boire, etc...). Ainsi, au final, si les gags ne fonctionnent pas toujours, ils sont si nombreux que l'amateur trouvera obligatoirement de quoi le satisfaire. De plus, le film est parfaitement bien servi par deux stars du cinéma nippon (Tadanobu Asano et Shô Aikawa) qui, grimés de manière ridicule, se sont selon toute évidence bien amusés tout en nous présentant des remarquables performances dans le registre du burlesque. Un enthousiasme qui se trouve être finalement très communicatif.

Autre soucis: le film pèche aussi par des effets spéciaux calamiteux que le réalisateur tente de maquiller par des artifices un peu grossiers, construits sous la forme de gags graphiques. Cela marche parfois assez bien (comme lors de la séquence de fin, vraiment très drôle) mais, personnellement, j'aurai aimé que Sakichi Satô fasse montre d'un peu plus de conscience professionnelle, notamment dans le registre des maquillages de zombies. En effet, la plupart d'entre eux ne sont que des figurants titubants au visage recouvert d'un fond de teint grisâtre. Dans le domaine du V-Cinema fauché, on a quand même vu nettement mieux. Un budget étriqué n'excuse pas tout!  Heureusement, la réalisation, techniquement maîtrisée, et le montage, bien rythmé, compensent un peu cette pauvreté dans le domaine des FX.

La conclusion de à propos du Film : Tokyo Zombie [2008]

Auteur Nicolas L.
65

Sorte de Shaun of the Dead nippon, Tokyo Zombie se penche à mettre en forme une histoire délirante et burlesque assez semblable tout en n'arrivant pas (loin de là) au niveau de son modèle. Pour y parvenir, il aurait fallu que le scénario du métrage de Sakichi Satô présente ce petit coté critique et cette intelligence qui font la force et la richesse narrative du film de Edgar Wright. Au final, appauvri structurellement, Tokyo Zombie reste une sympathique comédie loufoque - parfois doté, il est vrai, d'un humour un peu trop déplacé - servie par de bons comédiens et bien fournie en passages très amusants.

On a aimé

  • Un humour délirant
  • Réalisation et montage
  • De bonnes idées
  • Une interprétation de qualité

On a moins bien aimé

  • Des gags qui ne fonctionnent pas toujours
  • Un scénario un peu creux
  • Des FX calamiteux

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