Critique J'ai épousé un monstre [1960]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le mercredi 10 septembre 2008 à 13h04

Mon mari a une tête de poulpe...

Marge (l'excellente Gloria Talbot) est la plus heureuse des jeunes femmes. Elle s'apprète en effet à épouser Bill Farrell, un élégant et attentionné agent d'assurance. Mais ce qu'elle ne sait pas encore, c'est que Bill a changé. Cela s'est passé une nuit, alors que son fiancé rentrait d'une soirée, au coeur d'un bois isolé. Et pour Marge, l'enfer domestique ne fait que commencer...
Le scénario de J'ai épousé un monstre reprend les thématiques de La Guerre des Mondes et de L'Invasion des Profanateurs tout en mettant en avant sa propre symbolique. En effet, en se plaçant sous le point de vue d'une jeune femme au foyer américaine et en abandonnant les habituelles mobilisations militaires appuyées par des réunions de scientifiques pédants, Gene Fowler Jr. (plus connu pour ses westerns que pour ses films de SF) amène à son métrage un cachet à la fois plus intimiste et plus réaliste, et nous parle avant tout du couple. Le film pose en effet un regard métaphorique sur la bonne société américaine des années 50, celle présentant un aspect extérieur ultra-lisse, pas forcément en phase avec la réalité; celle qui se déroule derrière les murs de ces petites maisons de banlieue, symbole de l'idyllique American Way of Life.


Bill peut en effet être facilement assimilé à ces hommes qui, une fois mariés et dans l'intimité, sous le couvert de la vie privée, changent complètement de comportement vis-à-vis de leurs dociles épouses. Des épouses qui, dans les années 50, n'avaient en effet pas encore grand chose à dire, ni à contester (du moins, sans risquer de subir l'opprobre publique). J'ai épousé un monstre se veut donc un film féministe et présente d'ailleurs un rôle féminin plus travaillé que dans les pluparts des séries B de l'époque. Marge est une loin d'être une potiche, elle cherche à comprendre, se rend chez le medeçin sans l'aval de son mari (guère courant à l'époque), et lutte contre sa peur pour suivre, en pleine nuit, son époux en villégiature. c'est à moment qu'elle découvrira "l'horrible vérité".
La réalisation, très classique, est efficace. Conscient des limites techniques imposées par un budget étriqué, Gene Fowler Jr. préfère travailler l'atmosphère de son film pour le rendre angoissant et inquiétant, à défaut d'être démonstratif. Pour cela, il s'inspire des méthodes de travail d'Orson Welles et des réalisateurs de films noirs, jouant sur l'élément "conspiration" du script et n'hésitant pas à cadrer en plan très serrés les différents protagonistes, dont ces extra-terrestres qui laissent transparaitre leurs véritables visages sous les éclairs des orages (un peu d'imagerie gothique qui colle parfaitement à cette photographie noir et blanc).
Bien sûr, J'ai épousé un monstre reste un B-movie des fifties, avec tout ce que cela implique. La psychologie des aliens demeure par exemple assez rustre et expéditive (il suffit de suivre la piste des animaux familiers crevés pour les débusquer) et leur comportement barbare ne s'accorde guère avec leur niveau technologique. Bref, à la question: "mais pourquoi sont-ils si méchants?", Fowler réponds simplement:"parce que!" Certains clichés sont également présents, comme cette "fille de mauvaise vie" qui subira le sort "qu'elle mérite" (si l'on suit les preceptes de la bonne conscience américaine).
Au niveau des effets spéciaux, les aliens (de simples costumes enfilés par des figurants) sont très moches, notamment les masques, carrément ridicules. Un peu décevant de la part d'un spécialiste comme Wally Westmore. Par contre, le film est rempli d'effets visuels mis au point par John P. Fulton. Hors, si les transparences sur les visages s'avèrent assez médiocres (toujours à cause de la laideur des faciés aliens), les effets de "brouillard" sont plutôt réussis.

La conclusion de à propos du Film : J'ai épousé un monstre [1960]

Auteur Nicolas L.
60

Avec J'ai épousé un monstre, Gene Fowler Jr. s'essaye à la SF pour le compte de la Paramount. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il s'en sort pas mal. Abandonnant les habituels pistes de la menace rouge avec ces déballages de forces armées, de conseils de scientifiques et de jounalistes héroïques, le cinéaste nous propose un drama intimiste mettant en avant un rôle féminin. Il en résulte, malgré des effets spéciaux très inégaux, une série B plus intéressante que la moyenne et encore très agréable à voir aujourd'hui.

On a aimé

  • Un scénario intéressant
  • Gloria Talbot, une excellente actrice au service de la SF
  • Une réalisation sage mais efficace

On a moins bien aimé

  • Des aliens aux profils psychologiques étroits
  • Des effets spéciaux très inégaux

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