Le cinéma numérique
Chronique pleine de zéros et de uns

Récemment s'est passée une petite révolution dans le monde du cinéma et du numérique, le premier film entièrement tourné en caméra numérique et diffusé au grand public dans des salles équipées. Ce film c'est Star Wars Episode 3 La Revanche des Sith.
George Lucas est un fervent partisan du cinéma numérique. Il a plusieurs fois incité voire même forcé la main aux exploitants de salles pour passer au Dolby Digital EX (6.1) et désormais au projecteur numérique. Quel est l'avantage, me direz-vous? Le cinéma a déjà une grande image, un bon son, que va apporter le numérique?
Le numérique au cinéma a pas mal d'avantages. On pourrait tous les expliquer mais le plus convaincant est encore d'aller s'en rendre compte par soi-même dans une salle numérique. Ayant fait cette expérience - que je conseille vivement, surtout pour un film comme Star Wars où le résultat est saisissant - je peux en parler en connaissance de cause, et pas seulement en me fiant aux capacités techniques.
Premièrement, ce n'est pas la peine d'être connaisseur ou technicien pour reconnaître la netteté et la qualité d'image. Dès les premières images, on a comme un choc tellement la différence avec une bobine est énorme. La définition est bien supérieure à du 35mm, c'est la première constatation. Ensuite, au bout de quelques minutes, on se dit que l'image est très agréable à regarder. La raison est qu'il n'y a plus ce grain, ces petits artefacts blancs et noirs qui parsèment la pellicule traditionnelle. Ce grain ne pose pas de problème au visionnage d'un film traditionnel, mais l'absence de grain est remarquable et bien reposante, permettant une immersion totale dans le film. De plus, les couleurs et surtout les contrastes sont parfaitement respectés. Sur une pellicule, cela fonctionne à peu près comme avec la photo, c'est un procédé chimique qui réagit à la lumière. Une surexposition fait mieux ressortir les détails sombres mais brûle la bande tandis qu'une sous-exposition masque complètement les couleurs sombres. Vous ne pouvez pas gérer une exposition partielle pour des parties de l'image et devez donc faire des choix et des compromis. Le numérique ne pose pas de problème car il utilise non plus une image globale mais des millions de pixels indépendants. L'exemple d'un champ étoilé est parfait pour illustrer la différence de rendu. Avec la bobine traditionnelle, vous devez surexposer l'image pour voir les minuscules étoiles, mais leurs contours sont alors "brûlés" et flous sans avoir trop de contraste. Avec le numérique, vous avez un champ étoilé super détaillé, des étoiles fines et un contraste extrême. Le résultat est visible sur d'autres scènes plus complexes et dès qu'une grande différence de contraste et d'exposition se côtoient dans l'image (recoins sombres, fond étoilés derrière des explosions, contre-jours, etc.) Enfin, le dernier avantage visible réside dans le sous-titrage des versions originales. En effet, les sous-titres ne sont plus "gravés" sur la pellicule - avec parfois un effet de contour flou (surexposition) ou de titrage blanc sur fond blanc - mais ré incrustés numériquement, avec un petit effet d'ombrage qui améliore leur lecture, en plus d'obtenir le même gain de définition sur l'image. Leur localisation en plusieurs langues doit du coup en être simplifiée, une seule copie peut être fournie avec des sous-titres différents.
Pour le réalisateur, le numérique lui facilite la vie. Les effets spéciaux peuvent être traités directement sans développement et la visualisation du rendu des scènes et immédiate. Il y a donc gain de temps et d'argent. Le matériel de prise de vue en numérique commence à se démocratiser mais reste encore assez cher, il n'est donc pas rare de voir ce matériel loué pour des séquences complexes qui devront être retouchées numériquement. Pour le gérant d'une salle de cinéma, le surcoût du numérique est aussi un problème. La majorité des films arrivent sur bobine, un cinéma qui n'aurait qu'un projecteur numérique ne serait pas rentable. C'est donc un investissement supplémentaire qui ne pourra être rentabilisé qu'à long terme, soit par la sortie de plus de films en numérique, soit par une petite augmentation du prix des places. Reste à savoir si le spectateur est prêt à payer plus cher pour un gain de qualité visuelle ? Ce sont - à n'en pas douter - les bons films et notamment ceux qui proposeront un visuel attractif qui permettra le développement du numérique.
Le cinéma numérique est une avancée indéniable et permettra d'accroître la satisfaction en baissant - à terme - les coûts de production et d'exploitation. Seulement, tant que ces nouveaux procédés ne seront pas arrivés à maturation, le numérique restera un peu cher et élitiste dans toutes les branches de la création à la diffusion. Espérons que cette maturation arrivera vite car le résultat est vraiment saisissant.
Quelques chiffres sur le cinéma numérique

  • 12 salles en France (4 salles du groupe Kinepolis, à Nimes, St julien les Metz, Mulhouse et Thionville, puis sur les Champs Elysées, au Gaumont Marignan et au Drugstore Publicis)
  • Plus de 100 films déjà diffusés en numérique depuis Star Wars Episode 1
  • Des résolutions d'image allant de 1400x1050 à 2048x1080
    En savoir plus sur le cinéma numérique » Digital-Cinema.org (FR) » International Digital Film Forum (FR) » CST : Commission supèrieure technique du cinéma (FR) » Digital Projection: constructeur de projecteur numérique (EN) » XDC/EVS : constructeur de serveurs pour le cinéma numérique (EN)

    Auteur : David Q.
    Publié le vendredi 24 juin 2005 à 10h58
  • Commentaires sur l'article

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      Le cinema DV est une realite. Voir www.aleas.fr rubrique cinema par MM. C'est un cinema economique avant tout !!! Le cinema commercial erige son monopole ou privilege. Le cinema paillette est alimente sous perfusion subventionnelle. Il encaisse aussi du pognon pour limiter des delocalisations de tournages. Et le cinema DV ?? Lui, il recoit pas un rond.
      marcou, le 20 mars 2007 20h47

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