NIFFF Jour 4 : programme chargé
et des premiers coups de coeur...

Ce quatrième jour du NIFFF a été placé sous le signe de la pluie et du mauvais temps. Une première pour nous, car depuis les quelques années que nous couvrons ce festival, le beau temps et la chaleur ont toujours été de la partie. Du coup, entre deux films, plus possible de se poser pour boire une binouze ou d'aller se détendre devant le lac. Mince, du coup, on est obligé d'aller voir des films. Chienne de vie !

 


​C'est bien beau de parler des films qui sont dans le cadre de la compétition internationale, mais il y a aussi les autres, ils sont même nombreux. Dans le cas présent on va tout d'abord faire un petit tour sur la sélection New cinema from asia avec en premier lieu Yasmine des réalisateurs Siti Kamaluddin et Ching Chan Man.

Yasmine n'est pas qu'une fan du Tomb Raider avec Angeline Jolie (oui l'affiche du film est bien mise en évidence à l'écran), elle aime aussi le karaté et souhaite gagner le respect de ses collègues ainsi que le cœur d’Adi, le garçon de ses rêves qui se trouvent aussi être le champion du coin. Bien décidée à prendre son destin en main, la jeune femme veut participer à une compétition afin de prouver sa valeur et se trouver pour ça, un maître capable de lui apprendre les arts martiaux. Pour autant, en plus de devoir s'entrainer, elle va devoir aussi faire face à son paternel qui a tendance à tout mettre en oeuvre pour que cette dernière renonce à ses ambitions.

Attention, cette comédie d’arts martiaux apparaît de prime abord comme un film sans grande ambition, très proche de la naïveté d'un Karate Kid (ce qui n'est pas forcément un mal à nos yeux), un produit cinématographique remplit de bons sentiments, avec de l'humour et des combats filmés à l'ancienne qui n'en mettent pas forcément plein la vue (mais qui ont l'avantage de posséder quelques gestes crédibles et harmonieux). Mais là où Yasmine prend, toute sa valeur, c'est au regard de sa nationalité.Le fim n'est ainsi ni d'origine Hong Kongaise, ni de Thailandaise, encore moins de Corée ou même du Japon, mais de Brunei Darussalam, un petit État enclavé dans l’État malaisien de Sarawak et situé dans le nord de l’île de Bornéo, en Asie du Sud-Est. 

A Brunei, il semble qu'il ne soit pas très bien vu de ne pas respecter un mode de vie en adéquation avec les traditions malaises et musulmanes. En cela le personnage de Yasmine apparaît un peu comme une rebelle et tente de se manifester comme l'égale de l'homme, ou tout du moins de marquer sa différence parmi les autres. Du coup son apprentissage dans le film sera à la fois de s'affirmer, mais aussi de respecter les traditions de son pays et sa religion. En cela le film de Siti Kamaluddin et Ching Chan Man se fait écho d'une certaine situation politique et, bien que tapant un peu du doigt une certaine étroitesse d'esprit, s'avère particulièrement positif dans la morale qui se dégage.

De plus, la photographie, colorée, le dépaysement, la bonne humeur des acteurs, ainsi que la mise en scène soignée (bien que très académique) font que l'on suit l'aventure avec une certaine bonne humeur. S'il est vrai que Yasmine, pour le spectateur lambda, apparaitra comme un simple spectacle familial, les messages qu'il véhicule restent nobles et, replacés dans un certain contexte, le film apparaît d'autant plus sympathique. En tout cas, on ressort de la séance le coeur léger, et parfois ça fait un bien fou.

Richard B : 6/10

 


On continue avec le cinéma asiatique pour parler de Killers, qui, en dépit de sa nationalité, n'a pas été présenté dans le New cinéma from asia, mais dans les Ultra Movies. Il faudrait ne pas trop se fier à la belle apparence de Nomura Shuhei, car derrière de jolies phrases et un sourire aguicheur se cache un adepte de la webcam ou sinon un « youtuber » qui adore partager ses snuff-movies personnels. Parmis ses suiveurs, on trouve Bayu Aditya, brave gars dont la vie actuelle est loin d'être rose. Le jour où Bayu se fait braquer, il décide de se faire lui-même justice et de partager à son tour la vidéo sur le net. Cela va attirer l'attention de Nomura, qui verra en Bayu un padawan fortement prometteur.

Attention une nouvelle petite perle d'Asie débarque. Réalisé par Kimo Stamboel et Timo Tjahjanto, Killers est un film profondément ancré dans notre temps, ce qui ne le rend que plus inquiétant. En effet, à l'heure où les vidéos personnelles se démocratisent sur le web et où certains n'hésitent pas une seconde à se filmer torturer des animaux, à publier des vidéos d'une personne se faisant écraser, on finit par se dire qu'on pourrait très bien un jour être une victime d'un bonhomme en quête de notoriété et d'envies meurtrières. L'intelligence du scénario de Timo Tjahjanto, conduite par une idée originale de Takuji Ushiyama n'est pas que de raconter la descente aux enfers d'un homme qui va prendre goût au meurtre, mais bien une vision divergente de deux adeptes du meurtre qui auront néanmoins une conséquence identique. On découvre donc deux meurtriers qui aiment partager leurs atrocités sur internet et exploiter leurs pulsions : l'un profondément atteint par quelques traumatismes d'enfance qui le poussent sciemment à tuer de jolies demoiselles, l'autre par une envie de voir enfin justice se faire. Mais ça sera bien l'échange et le partage, tout comme la fascination que ces derniers exercent sur les internautes, qui interpellera le plus, à l'image d'un dernier plan qui marquera par son approche aussi froide que pessimiste et quelque peu ironique.

​Outre cette histoire conçue aux petits oignons, on est également fasciné aussi par une interprétation solide, amenant une crédibilité parfaite au déroulement du scénario. Ainsi malgré les multiples atrocités commises, Kazuki Kitamura et Oka Antara apportent une humanité à des personnages qui auraient très bien pu n'être perçus que comme des monstres et qui, de ce fait, crééent une empathie presque dérangeante. Il est également difficile de ne pas apprécier le film pour ses qualités esthétiques et sa tonalité auditive, puisque les choix des cadrages et de la lumière s'inscrivent certes dans l'efficacité des productions contemporaines en la matière, mais démontrent aussi d'une approche profondément inspirée, ou chaque chose semble trouver sa place (avec par exemple une utilisation prodigieuse du Air on the G string de Johann Sebastian Bach par Aria Prayogi qui renforce en tout point la force des images comme du propos de Killers, démontrant, si besoin il y avait encore, que la musique classique en termes d'impact émotionnel restera à jamais un des meilleurs outils).

Alors oui le rythme volontairement lent du film ou les meurtres filmés avec une certaine pudeur pourront décevoir quelques adeptes du genre bien rôdé à l'exercice. Ce serait oublier que la violence de Killers est plus réaliste que graphique, et que le ton de Killers est posé, réfléchi, naviguant dans une sorte de Psychose moderne et voyeuriste.

Richard B : 8,5/10
Vincent L. : 7/10

 


​Retour à la compétition internationale avec Housebound. Devant une sélection qui nous a jusqu'ici pas franchement emballé, nous commencions à redouter les nouvelles projections... Erreur, car ça y est, avec Housebound, nous avons enfin trouvé un potentiel challenger ! Dans tous les cas, il met une très nette distance qualificative avec les sept autres films que nous avons déjà vus. Après un braquage raté, Kylie Bucknell est contrainte à devoir retourner vivre chez sa maman avec interdiction de quitter la maison, et afin d'en être certain de cela, on lui met un joli bracelet au pied. IIl va suffire de peu de temps pour que Kylie pense que sa mère soit totalement dérangée. En effet, cette dernière aurait dans l'idée que la demeure soit hanté. Néanmoins, lorsqu’elle entend quelques bruits étranges durant la nuit et que d’étranges événements commencent à se produire, il faut bien remettre parfois son jugement en question...

housebound est encore un premier long-métrage (ils sont nombreux dans la compétition cette année), et, cette fois, le réalisateur néo-zélandais se prénomme Gerard Johnstone. On peut dire d'emblée que le réalisateur fait preuve d'énormément de maîtrise pour ce qui est de créer quelques tensions, de belles rigolades, mais aussi mener une histoire loin d'être avare en rebondissement. Son film, d'une certaine manière, pourrait être le digne héritier de Peter Jackson et de Jonathan King (Black Sheep), avec des débordements sanguignolants moindres mais un humour noir tout aussi décapant (sinon plus) et des personnages tout aussi dérangés. Le tout est en plus de plus tenu par un scénario solide qui sait jouer avec le spectateur.

Les acteurs sont eux aussi au top ! Certes Morgana O'Reilly n'est pas très connue dans nos contrées, mais elle sait parfaitement tenir son premier rôle, pouvant se montrer sympathique comme profondément détestable. Elle est aidée d'un bestiaire de seconds rôles tout autant formidable, à commencer par Rima Te Wiata, qui est exceptionnellement drôle dans le rôle d'une mère quelque peu déconnectée. On ne peut aussi ignorer la prestation de Millen Baird, génial en agent de sécurité qui se trouve à ses heures perdues passionnées par les cas de maison hantée. Bref, nous pourrions tout aussi bien mentionner le reste du casting tant il semble y avoir aucune fausse note.

En fait, il est très délicat pour nous de parler de Housebound sans vous gâcher quelque peu la découverte. Le mieux, ici, est limite de garder le maximum de fraicheur autour du film, en savoir le moins possible, éviter une bande-annonce et se laisser aller à la découverte. Dans tous les cas on espère que le film fera une bonne tournée des festivals, et on attend déjà avec impatience la sortie française, car Gerard Johnstone a fait un magnifique travail qui mérite d'être découvert de tous.

Richard B. : 8/10

 


En même temps que Housebound était diffusé le nouveau film du trop rare John McNaughton : The Harvest. Le réalisateur de Henry : Portrait d'un serial-killer, Mad Dog and Glory et Sexcrimes revient avec ce long-métrage situé à mi-chemin entre le drame et le thriller (on est d'ailleurs étonné de voir un film comme celui-ci dans la programmation d'un festival fantastique mais bon...). Maryanne vient de perdre ses parents. Elle s'installe chez ses grands-parents pour démarrer une nouvelle vie, loin de l'ancienne et des drames qui l'ont secoué. Elle se lie rapidement d'amitié avec Andy, un voisin atteint d'une maladie dégénérative. Mais la famille d'Andy voit d'un très mauvais oeil cette amitié naissante...

The Harvest est clairement l'un des meilleurs films de ce festival, peut-être même le meilleur ! Et on en dira pas plus sur le scénario qui sait réserver son lot de surprises, de changement de genre, de modification de points de vue et d'éclairage, d'apport d'éléments de compréhensions nouveaux. Le script est riche, l'histoire intéressante, les thématiques passionnantes et le traitement est efficace de bout en bout, tant dans l'émotion de la partie dramatique que dans la tension liée au thriller. A bientôt 65 ans, McNaughton prouve qu'il sait faire, et fait une nouvelle fois preuve de beaucoup d'habilité pour lier le fond et la forme au sein d'un tout plein de sens.

Pour des spectateurs de notre génération, The Harvest a également le bon gout de la nostalgie, celle du temps où on pouvait faire des films adultes avec des enfants dans les rôles principaux. En effet, bien que jouée par deux jeunes adolescents, le film sait être tout à tour drôle, poignant, cruel, cynique... En cela, le film s'adresse à un large public (peut être pas des enfants, mais dès l'adolescence, on peut apprécier le film) qu'il sait ne pas prendre pour un ramassis de tarés. Et ça, aujourd'hui, c'est très, très rafraîchissant ! Certes, on pourrait trouver les tenants et aboutissants de cette histoire un peu faciles (ce qui est le cas, ne nous mentons pas), mais au final, le tout est si prenant que l'on finit tout de même par entrer dedans bien volontiers.

On notera enfin que le film est servi par des acteurs exceptionnels. Les deux jeunes Natasha Calis et Charlie Tahan assurent dans leurs rôles respectifs, Peter Fonda tiens un petit rôle bien sympathique, mais ce sont surtout les performances incroyables de Samantha Morton et de Michael Shannon que l'on retiendra. La première, en mère possessive, est profondément détestable de bout en bout (même si le réalisateur parvient à nous faire ressentir de l'empathie pour elle, une gageure !), le deuxième, en mari effacé et soumis, livre un jeu tout en retenu en tout point parfait !

Vincent L. : 7,5/10

 


​Après que la branloute subie par le Brésil hier soir nous a fait manquer Eat (mais ce n'est pas de notre faute, ce sont les collègue de Cinemafantastique.net qui nous ont forcé !), nous sommes allée en séance de minuit voir Wolfcop. Une nouvelle fois, l'ambiance de cette séance était au top, la salle était survoltée et, force est de l'admettre, ce sont bien les cris et les applaudissements du publics qui nous ont permis de ne pas (trop) nous endormir devant cette purge qu'est Wolfcop. Alors là, vous allez me dire, vu le titre, on aurait pu s'en douter. Oui. En effet, après les castors zombies de Zombeavers (la critique sur le site très bientôt), nous nous étions dit qu'avec un titre comme ça, ça devait être franchement fun et qu'on allait bien rire en séance de minuit. Au final, il y a bien le titre, oui, mais c'est tout. Parce qu'à un moment donné, il faudra bien se rendre compte qu'un titre et un vague concept (ici le mythe du loup-garou traité façon Le justicier), ça ne fait pas un film (comme Zombeavers, oui).

A Woodheaven, le shérif-adjoint Lou Garou (oui, oui, en français dans le texte) a quelques problèmes d'alcool, de discipline, de travail, bref, de vie. Tout bascule le jour où Lou se réveille après un étrange rituel, un pentacle gravé sur le torse. Son corps, modifié par un rituel ancestral, est destiné à se transformer en loup-garou à chaque pleine lune. Un nouveau super-héros va donc pouvoir protéger les rues de Woodheaven. A la lecture de ce résumé, vous allez vous dire que c'est light. Au contraire, c'est même plutôt délayé, car Wolfcop ne raconte pas grand chose, ne parvenant jamais à sortir de son maigre concept de base : Dirty Harry... en plus poilu.

Voilà, vous savez tout. Le reste n'est qu'un enchainement de péripéties téléphonées, de gags faciles, d'effets normaux,... Bien sur, comme on est dans une production à petit budget (enfin, un million de dollars quand même, on aura vu beaucoup mieux avec bien moins), c'est visuellement dégueulasse, la bande-son est low-cost, les acteurs sont, au mieux, peu convancants. Ajoutons, enfin, que les quelques gags bien lourdeaux qui viennent émailler ce triste spectacle (parce que c'est une comédie, ne l'oublions pas) peinent à faire sourire. Bref, Wolfcop aurait surement aimé être un bon grindhouse, mais il n'est qu'un grindhouse de plus.

Richard B : 3,5/10
Vincent L. : 2/10

Auteur : Richard B.
Publié le mercredi 9 juillet 2014 à 14h00

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