Critique Boss Quest [2019]

Avis critique rédigé par Gaetan G. le mercredi 15 janvier 2020 à 14h00

Les jeux d’enflure, y’a que ça de vrai

Difficile de définir les raisons objectives d’un coup de cœur. Est-ce que c’est parce qu’on accroche avec l’ambiance, ou est-ce dû à des mécaniques qui « parlent » dès les premiers tours de jeu ? Pour moi, Boss Quest a été un peu tout cela à la fois…

Le titre, que j’ai  découvert un peu par hasard au détour d’une allée du FIJ 2019, m’a conquis dès les premières parties. Ce premier ressenti ne s’est pas démenti par la suite, bien que je l’aie littéralement poncé avec plus de 90 parties au compteur depuis février dernier.

Cette précision – importante – étant faite, laissez-moi vous faire découvrir cette petite pépite ludique, et pourquoi pas vous convaincre qu’elle mérite de finir dans votre ludothèque !

Un matos correct malgré quelques soucis de finition

Boss Quest fait partie de la famille des titres « petit format, petit budget » disponibles aux alentours des 20€. Et comme souvent dans cette gamme de prix, il parvient à offrir un joli contenu malgré son budget serré:

La boîte est bien épaisse, avec un vernis sélectif flatteur à l’œil qui donne à l’ensemble un vrai petit côté classieux. Le jeu contient des cartes grand format pour les monstres et certains éléments du jeu, le reste du matériel étant constitué de cartes au format standard et de quelques éléments en carton.

A première vue, ces grandes cartes peuvent paraître superfétatoires, mais en pratique elles permettent d’occuper l’espace une fois sur la table de jeu. Attention, hein : on reste bien sur un jeu de carte, pas besoin d’une table de bucheron pour jouer dans de bonnes conditions, mais on n’a pas non plus l’impression d’avoir affaire à un jeu de carte mis en boîte et vendu au prix fort.

La direction artistique est minimaliste, ce qui est plutôt une bonne chose pour un jeu de carte qui doit privilégier la lisibilité à la surenchère de détails. Les illustrations, par exemple, sont réduites à leur plus simple expression : il y a en tout et pour tout une seule illustration par valeur, soit 7 images pour toute la pile de cartes. On aurait apprécié quelques variantes sur les armes, d’autant que les clins d’œil de l’illustrateur (l’épée de Cloud, la hache de Golden Axe, la poêle à frire de Fortnite ou le pied de biche de HL3) font mouche. Mais après tout, l’essentiel est là : on identifie d’un coup d’œil la valeur de chaque arme, y compris chez le joueur situé de l’autre côté de la table.

En revanche, la palette de couleur choisie n’est pas forcément géniale… Il existe 5 couleurs de cartes différentes (bleu, violet, rouge, jaune et vert). Le jaune est bien souvent complètement illisible, notamment sous un éclairage chaud comme les ampoules halogènes. De même, les couleurs rouges et violettes ont tendance à se confondre un peu si la pièce n'est pas bien éclairée.

Second problème, la qualité des cartes me semble également très moyenne. C’est d’autant plus étonnant que le prototype a mangé plus de 80 parties à lui tout seul sans bouger d’un poil (hormis la boîte, qui tient par l’opération du Saint-Esprit et du rouleau de scotch). A ma grande surprise, les cartes de la version finale me semblent moins résistantes, il y a déjà plusieurs cartes abîmées en quelques semaines d’utilisation. De ce fait, l’utilisation de protèges cartes sur le deck d’arme est vigoureusement recommandé.

Niveau manuel, pas grand-chose à (mé)dire : tout est propre, clair et carré comme on est en droit de l’attendre. Certains jeux nécessitent de faire une repasse sur les règles à chaque fois qu’on ouvre la boîte, mais Boss Quest n’en fait pas partie. C’est comme le vélo, m’voyez : une fois que vous avez fait une partie, vous n’ouvrirez normalement plus le livre de règle. Le titre fournit une aide de jeu par personne qui suffit à résoudre les diverses questions que l’on peut se poser en cours de jeu. Le manuel est disponible en ligne, au cas où vous posez la question. Pour cela, direction le site du distributeur.

Plus simple, tu meurs

Le principe de base est cliché au possible : la princesse ou le prince ont été enlevés ! Pour les délivrer, il va falloir récupérer un certain nombre de clefs en possession de divers grand-méchants. Inutile de dire qu’ils ne les restitueront pas même si on demande gentiment, et qu’il va falloir négocier façon Steven Seagall.

Chaque manche représente justement l’affrontement contre un de ces boss. Chaque joueur commence la manche avec deux cartes devant lui, une face cachée et une face visible. Chaque carte comporte un chiffre entre 1 et 7, je joueur commence donc avec une force d’attaque comprise entre 2 et 14. Le boss, quant à lui, dispose d’un nombre de point de vies variable compris entre 15 et 22 : il va donc le plus souvent falloir s’équiper un peu avant de partir au combat.

A son tour, un joueur a deux possibilités. Il peut tout d’abord demander autant de cartes « armes » qu’il souhaite. Ces dernières seront placées face visible et leur(s) valeur(s) viendront s’ajouter à sa force d’attaque L’objectif sera d’arriver le plus près possible de la force d’attaque du monstre mais sans la dépasser, exactement comme au Blackjack.

Une fois que le joueur estime qu’il est suffisamment équipé, il peut partir au combat. Il doit alors choisir un des pouvoirs encore disponibles sur la table de jeu, soit pour appliquer son effet soit pour le défausser. Au début de chaque manche, il y a un pouvoir visible par joueur, plus un pouvoir mystère disposé dont l’effet n’est pas connu. Dans le cas de ce dernier, il faut choisir si on l’applique son effet ou si on le défausse avant de le révéler : c’est donc une carte que l’on réserve en général aux cas désespérés.

Ces pouvoirs amènent une petite touche de stratégie et d’aléatoire bienvenue. Certains vont venir modifier la force du boss d’autre celles du joueur, d’autres peuvent éjecter les joueurs qui n’ont pas d’arme d’une couleur particulière. Les effets sont variés, tout en restant dans le simple à appréhender. Le souci, c’est que leurs effets sont cumulatifs : bonne chance pour anticiper la valeur qui permettra de gagner quand il y a 3 ou 4 cartes susceptibles de modifier à la hausse ou à la baisse la force d’attaque du monstre.

Une fois que tout le monde est parti au combat, chacun dévoile sa carte face cachée et le plus proche du total de point de vie du boss prend une clef. En cas d’ex-aequo, chacun prend une clef et en cas de tout-pile, on prend 2 clefs au lieu d’une. Si quelqu’un a dépassé, il perd une vie.

La partie s’arrête lorsqu’un joueur arrive à totaliser ses 5 clefs ou perd son troisième et dernier point de vie. Et voilà, vous savez tout.

J’aime quand un plan se déroule sans accroc

Niveau stratégie, tout va être affaire de gestion du risque, un peu à l’image du Blackjack dont Boss Quest s’inspire. En général, vous aurez intérêt à aller lentement lorsqu’il y aura simultanément beaucoup de cartes permettant de modifier la vie du Boss. Le fait d’attendre vous donnera l’opportunité de coller au plus près au total final. En revanche, vous aurez intérêt à prendre beaucoup de carte d’un coup si certains pouvoirs vous embêtent et que vous voulez les retirer (du genre obligation d’une couleur que vous n’avez pas) ou si vous voulez mettre la pression sur vos petits camarades par exemple en utilisant le pouvoir qui déclenche la fin du tour.

On va être clair : jusqu’à 4, il est encore un peu près possible de planifier sa stratégie. A 5 ou 6, même les plans les mieux ficelés ont tendance à partir en sucrette en raison de la multiplicité des effets qui vont s’appliquer. Dans cette configuration, le hasard est beaucoup plus présent et il faut éviter d’être trop gourmand. Les chevaliers auront souvent meilleur compte d’attendre avant de partir au combat, au minimum pour que les choses se dégrossissent.

Vous aimez la coopération et le fair-play ? Dommage…

Vous l’avez probablement compris à ce stade : Boss Quest appartient indiscutablement à la grande et belle famille des jeux de péripapétipute. Vous aurez beau avoir tout pile le nombre de points de vie du boss, ce n’est pas pour ça que vous allez gagner. Il se trouvera bien quelqu’un pour vous piquer une carte, pour vous refiler un vieux 7 moisis qui va vous faire dépasser, ou pour imposer une condition sur les armes que vous n’avez pas. Bref, ce n’est pas forcément le fair-play qui dominera lors de vos différentes parties.

De fait, Boss Quest provoquera des crises d’urticaire chez ceux qui aiment faire leur petit truc dans leur coin. Ici, on passe son temps à planter ses petits camarades et à faire dérailler les plans savants que les autres ont mis sur pied, mais dans la joie et la bonne humeur s’il vous plaît.

De la même manière, le jeu ne parlera pas forcément aux planificateurs compulsifs qui auront parfois l’impression de subir la partie plutôt que de la conduire. L’adaptabilité et la prise de risque dominent clairement les débats.

Mais pour tous les autres, honnêtement, Boss Quest est une petite pépite qu’il serait vraiment dommage de rater. J’ai rarement vu un titre avec une telle accessibilité et une telle facilité de mise en place. Quand je veux présenter Boss Quest, j’ouvre la boite et j’introduis rapidement les enjeux pendant que je sors les différents éléments. J’explique les pouvoirs présents sur la table, et uniquement ceux-là, et je demande au premier joueur s’il veut piocher une ou plusieurs cartes. La première minute est laborieuse, ensuite ça roule tout seul. A la fin de la première manche, je conclus d’un « maintenant vous avez compris, la première donne ne compte jamais donc on reprend à zéro ». Vous en connaissez beaucoup, vous, des titres où l’on commence à s’amuser en 30 secondes, explication des règles comprise ?

Il y a bien eu quelques réfractaires au concept, mais Boss Quest a permis de réunir autour de la table des gens au profils très variés : tonton Gérard qui cuve ses 3 pastis et sa bouteille de pinard du repas dominical, des joueurs experts à la recherche d’un titre un peu plus simple pour finir la soirée, et même de parfaits amateurs n’ayant jamais approché un jeu de société. C’est un des rares titres que j’emmène absolument partout, parce que je sais que je pourrai toujours le proposer.

Alors oui, c’est vrai, le gameplay ne casse pas trois pattes à un canard : c’est un Blackjack gentiment pimpé et re-thématisé. Mais alors ? C’est un titre fun, en plus d’être facile à sortir. On se marre bien autour de la table, qu’on soit parfaitement concentré, un peu fatigué, beaucoup trop alcoolisé ou pas très familier avec les jeux de carte.

A ce sujet, la boîte propose quelques variantes à intégrer aux parties pour échanger de la simplicité contre de la profondeur stratégique. En général, je n’intègre que la variante sur les potions (ce sont des armes dont le chiffre peut varier) car le mieux est l’ennemi du bien et la formule de base se suffit à elle-même. Et encore une fois, la simplicité et l’accessibilité sont vraiment au cœur de l’expérience de jeu.

Et pour moi, c’est juste la définition de ce que doit être un bon jeu de société : une occasion de créer du lien entre des personnes, en leur permettant de passer un bon moment dont elles vont se rappeler. What Else ?

Le résumé du tôlier

Public cible : tout le monde
Boss Quest est un jeu universel, adapté à tous les publics. A la frontière entre le jeu de carte et le jeu de société, il est idéal pour amener des joueurs plus séniors autour de la table.

Nombre de joueur : 3 à 6
A 3 ou 4, on peut encore un peu près anticiper le résultat de la manche. A 5 ou 6, la multiplicité des effets donne un côté beaucoup hasardeux à l’ensemble. Boss quest en devient moins stratégique mais finalement presque plus marrant. Personnellement je préfère quand il y a beaucoup de monde.

Durée de partie : 5 minutes par donne, 20 minutes par partie
On est sur du titre court, d’autant plus court que la mise en place ne prend que quelques minutes

Interaction : 100% compétitif, très puputte
Clairement, on n’est pas là pour se faire des bisous. Les interactions sont au centre du jeu, puisque les différents pouvoirs sont là pour pénaliser vos adversaires ou les éjecter de la manche.

Rejouabilité : Excellente
Le principe de base est simple au possible mais comme ses cousins le black jack, le tarot ou la coinche, il n’empêche que le titre reste toujours aussi agréable de partie en partie.

Courbe de progression : faible
Comptez 1 minute pour expliquer les règles, une donne pour comprendre comme ça marche et rouler jeunesse (comme dirait notre président, jamais avare d’une expression périmée depuis 30 ou 40 ans). Certes, on fait (un peu) évoluer sa stratégie au fil des parties, mais la courbe de progression est aussi plate que l’électro-encéphalogramme de Nabila.

La conclusion de à propos du Jeu de société : Boss Quest [2019]

Auteur Gaetan G.
90

Dans l’absolu, Boss Quest est une revisite du Black Jack sur laquelle on aurait greffé un thème médiéval-fantastique calibré pour plaire au plus grand nombre, ainsi que quelques pouvoirs additionnels afin de donner un vernis « jeu de société » à l’ensemble. Mais attention, car on ne parle pas de pouvoirs gentils. Plutôt des trucs bien puputtes capable d’éjecter un adversaire de la manche ou de changer la valeur à atteindre en cours de route, parce que c’est bien plus drôle comme ça.

Et la simplicité paie… Vous allez peut-être trouver que je le survends, mais Boss Quest est la quintessence de ce que je recherche personnellement dans un jeu de société familial. C’est tout d’abord un titre ultra-accessible, capable de parler au tonton qui ne jure que par son poker comme au petit cousin accro à Fortnite.

Les parties se mettent en place quasi instantanément, y compris avec de nouveaux joueurs. Il suffit de dire « on se fait un petit Boss Quest ? », d’ouvrir la boîte, de distribuer 2 cartes à chacun, de mettre quelques pouvoirs au milieu de la table et c’est parti. Allez, j’exagère : comptez une minute supplémentaire pour présenter l’univers et les grandes lignes du système de jeu, et cette fois c’est la bonne. Le reste se découvre au fil de l’eau, la première donne étant suffisante pour être autonome.

C’est un titre indémodable, enfin, du genre qu’on aura toujours du plaisir à ressortir dans 5 ou 10 ans car son concept simplissime n’aura pas bougé d’un iota. Bref, Boss Quest est un titre efficace et sans fioritures qui se concentre sur l’essentiel : la simplicité, l’accessibilité et le fun, tout simplement.

Cela ne signifie pas qu’il soit exempt de défauts, notez. Le gameplay, par exemple, ne casse pas trois pattes à un canard. De plus, la multiplicité des pouvoirs fait qu’il est parfois difficile de planifier quoi que ce soit, surtout lorsqu’on dépasse 4 personnes autour de la table. On peut également regretter quelques soucis de lisibilité lié à un choix de couleurs pas toujours judicieux. Mais pour le reste, foncez : le titre mérite clairement de figurer dans toute ludothèque qui se respecte.

On a aimé

  • Petit prix
  • On s’amuse à chercher les références sur les illustrations des cartes
  • Système de jeu simplissime
  • Facile à sortir avec n’importe qui

On a moins bien aimé

  • Cartes peu solides, protège-cartes recommandés
  • La couleur jaune, peu lisible
  • A la base, on parle quand même d’une revisite du Blackjack
  • 1 illustration par valeur de carte, on aurait aimé quelques variantes.

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