Critique Kings plate [2010]

Avis critique rédigé par Amaury L. le mardi 27 mars 2012 à 16h55

Échecs à la carte...

Les gobelins ont appris à réfléchir... Maintenant ils attaquent l'adversaire en établissant des stratégies et des tactiques guerrières étonnantes. Même les trolls ne foncent plus tête baissée dans la mêlée... Drôle de monde !

Les échecs en petite boîte...

Kings plate contient soixante cartes au graphisme épuré, une ombre symbolise les différentes unités militaires sur un simple fond blanc. Chaque carte présente une créature fantastique classique, gobelin, sorcier, harpie, homme-lézard et beaucoup d'autres. Afin de personnaliser chaque bestiole, des étoiles indiquent sa puissance au combat, entre une et trois, et sa méthode de déplacement qui reprend celle des pièces dans les Échecs. Parfois, un effet spécial (un mot en anglais) accompagne l'ensemble. Douze cartes Règles en japonais complètent ce jeu au faible encombrement. Les illustrations minimalistes ne procurent pas une envie irrépressible de connaître comment Kings plate fonctionne.

Une traduction de traduction, c'est l'échec !

Lire une règle en japonais est un exercice que très peu sont capables de réaliser. Afin de solutionner cet obstacle quasi insurmontable, certaines âmes généreuses traduisent en anglais ou en français afin d'élargir le public potentiel.

La règle française disponible sur Internet est une traduction de celle en anglais et malheureusement, l'une comme l'autre souffrent d'approximations importantes. Kings plate est un jeu de capture mais les règles anglaises comme françaises ne donnent aucune indication concrète sur la procédure exacte.

Kings plate permet de jouer à cinq jeux différents Kings chess, Kings war, Kings decoy, Kings poker et Kings rummy.

- Kings chess :

But du jeu : mettre échec et mat le roi adverse.

Sur un terrain de jeu de quatre sur quatre, chaque joueur dispose son Roi sur un coin opposé. On pioche quatre cartes de la réserve (toutes les cartes sont mélangées ensemble). A son tour, on place une nouvelle carte près de son roi ou on déplace une carte.

On capture par substitution en prenant la place de la carte comme aux échecs et le joueur récupère cette dernière et la place dans sa main. Elle devient la propriété du joueur. Des cartes possèdent des effets spéciaux (augmente la valeur du roi ou des autres cartes, bloque une carte...). On continue tant qu'un Roi n'est pas échec et mat.

 

- Kings war :

But du jeu : capturer un maximum de cartes adverses.

On reprend les mêmes règles que Kings chess. Le jeu se joue de deux à quatre. La partie dure trois manches. Une manche s'arrête quand un Roi est capturé. Tous les joueurs disposent, une à une, les cinq cartes piochées autour de la case centrale (terrain de cinq sur cinq). Quand un joueur capture une carte, il la pose devant soi. Au terme des trois manches (trois rois capturés), la partie s'arrête et le joueur avec le plus de prises gagne.

 

- Kings decoy :

But du jeu : capturer le roi adverse ou faire atteindre à son Roi la dernière ligne adverse.

Sur un terrain de sept par trois, chaque joueur choisit dix cartes (les mêmes pour les deux). On cache son Roi et quatre cartes Soldat. Les cinq restantes sont placées dessus, face visible. A son tour, on déplace une carte ou on retourne une carte face cachée. On capture par substitution. La partie s'arrête quand un Roi est capturé ou atteint la dernière ligne adverse.

 

- Kings poker :

But du jeu : gagner un maximum de colonnes.

A son tour, un joueur pioche une carte de la réserve entièrement mélangée. Il tente de réaliser des combinaisons (celles du Poker) en réalisant quatre colonnes de trois cartes. Chaque colonne est comparée à celles des adversaires et la plus forte l'emporte.

 

- Kings rummy :

But du jeu : marquer un maximum de points

Les joueurs essaient de réaliser une combinaison de quatre cartes la plus élevée possible. Chacun part avec un capital de cinquante points. A son tour, un joueur décide d'acheter une carte de la réserve ou de la défausse d'un adversaire, il paie un point ou cinq points qui sont mis en jeu. Dès qu'un joueur obtient une combinaison valide, il met un terme à la manche et gagne les points mis en jeu plus des bonus (selon les cartes tenues en main, les siennes et celles des adversaires).

A noter que toutes les règles souffrent de nombreuses imprécisions.

La boîte (taille réelle)

 

Un jeu peut en cacher un autre...

Autant de jeux contenus dans une aussi petite boîte, l'auteur japonais Hiroki Kaneko réalise une performance conceptuelle remarquable. De plus, l'ensemble des réalisations comporte des qualités intéressantes. Malgré des règles insupportables d'imprécisions, Kings plate propose un assortiment ludique positif. L'auteur s'est largement inspiré de grands classiques pour « fabriquer » sa petite boîte à bonheur. On retrouve des similitudes avec les Échecs, le Rummy et le Poker. Mécaniquement, le créateur ajoute quelques ingrédients personnels pour ne pas tomber dans la copie de ces glorieux ancêtres.

Pour commencer à utiliser cette soixantaine de cartes, Kings decoy est parfait avec ses règles courtes et bien pensées. Les deux possibilités de victoire permettent l'introduction d 'éléments de stratégie et de bluff. On s'initie avec les différentes symboliques pour les déplacements des pièces et le mécanisme de capture employé dans trois des jeux proposés dans Kings plate. Sans renverser des montagnes, on apprécie l'élégance, la rapidité des parties, l'accessibilité de l'ensemble sans tomber dans le simpliste. On regrette presque que Kings decoy manque de profondeur, de recherches supplémentaires pour enrichir la base initiale afin que celui-ci devienne un jeu infiniment plus varié, plus pertinent tant le squelette mécanique utilisé charme par sa finesse et son intelligence.

Kings poker et Kings rummy ne sont pas les plus inspirés car le hasard domine le sort des parties de manière conséquente. Au mieux, on tente d'optimiser le tirage de sa carte sans vraiment connaître le futur. L'expression « au petit bonheur la chance » symbolise parfaitement le ressenti des participants lors des parties. Les jeux ne sont pas mauvais mais ils manquent cruellement de consistance par rapport aux trois autres. Pour un public familial, un jeu de cartes traditionnel convient davantage en évitant les confusions liés à une surcharge informative des cartes. D'ailleurs, l'auteur aurait été inspiré d'alléger les annotations des cartes afin de privilégier un confort visuel dans la pratique de Kings chess et Kings war et d'occulter ses deux jeux anecdotiques et trop distincts mécaniquement.

Kings chess s'inspire des échecs en ajoutant une touche fantastique avec des personnages qui enclenchent un effet lors de leur apparition sur le plateau. D'ailleurs, l'absence physique d'un tablier provoque une gêne notable lors des parties pour visualiser correctement les déplacements des cartes. La fabrication (voir la photo ci-dessous) d'un petit plateau demeure une obligation si on souhaite savourer pleinement ces Échecs revisités. Beaucoup plus chaotique que son aïeul ludique, Kings chess est une alternative habillée pour une éventuelle initiation ou casser le mythe. On tire des cartes Unités aléatoirement et autant dire que les déséquilibres se remarquent dès les premiers coups. Avec certains tirages, on connaît l'issue de la confrontation dès le début tant le rapport de force semble inégal. Certains pouvoirs confèrent un avantage énorme (l'adversaire doit pour capturer une carte déplacer deux unités sur la cible visée) et empêchent un duel juste et impartial. Cependant, une partie dure environ quinze minutes, donc jouer en manches gomme partiellement ce défaut. Avec de l'expérience, on apprend à s'adapter à son tirage et à concevoir les stratégies en conséquence. Finalement, Kings chess demeure une adaptation personnelle des échecs séduisante.

Quant à Kings war, il ressemble au Djambi ou échecs de Machiavel avec des alliances et des trahisons permanentes. Reprenant la plupart des principes de Kings chess, il permet de jouer jusqu'à quatre joueurs avec cette petite boîte intrigante.


La conclusion de à propos du Jeu de cartes : Kings plate [2010]

Auteur Amaury L.
70

Cette boîte à outils ludiques étonne par sa diversité et son faible encombrement. Hiroki Kaneko s'est largement inspiré de classiques comme les échecs ou le poker, revisités à sa façon. Le hasard et le chaos parsèment les différentes règles proposées sans toutefois assombrir la pratique, surtout pour Kings chess ou kings decoy, séduisants dans leur déroulement. Kings poker et kings rummy demeurent en retrait et manquent de profondeur, l'aléatoire prenant le pas sur tout le reste. Toutefois, l'énorme défaut de Kings plate se situe dans la rédaction ou la traduction de ces règles en français, imprécises, parfois incompréhensibles. Un plat du roi à « recuisiner » !

On a aimé

  • Kings chess.
  • Kings decoy.
  • 5 jeux en un.
  • Bonne adaptation de classiques (échecs surtout).

On a moins bien aimé

  • Kings poker.
  • Kings rummy.
  • La mauvaise traduction anglaise ou française.
  • Les illustrations.

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