Critique Loch Ness [2010]

Inverness, Ecosse, les brouillards matinaux se dispersent sous la persistance des quelques timides rayons de soleil. Tous les photographes amateurs savent que c’est le moment propice pour immortaliser sur pellicule le mystérieux monstre du Loch Ness. Le flair et un brin de chance seront des atouts primordiaux pour obtenir des photographies avantageuses du malicieux Nessie.

Une boîte sans fond…

Loch Ness attire le regard grâce à un graphisme original et réussi d’un artiste polonais méconnu, Piotr Socha dont vous pourrez découvrir l’univers en cliquant ici. L’ouverture de la boîte contraste avec l’impression positive délivrée par l’illustration de la couverture en donnant un sentiment de vide. On déploie un plateau de jeu modeste qui, dans un premier temps, ne semble d’une lisibilité optimale, avec une prolifération de symboles minuscules. Douze jolies figurines Photographe confirment toutefois une édition matérielle intéressante complétée de trente six tuiles Photos cartonnées et épaisses (toutes avec des illustrations distinctes de Piotr Socha), un gros dé bizarroïde à douze faces, un sac en tissu noir et le clou du spectacle, un charmant Nessie en trois parties. Red Glove, l’éditeur italien, charme complètement l’assistance par la beauté de son produit. De plus, un livret en cinq langues dont le français parachève l’ensemble et gomme le défaut assez commun de boîte trop grande pour son contenu.

Le matériel (photo éditeur)

Des règles pour de gentils monstres…

Les joueurs photographient Nessie sous toutes les coutures et cumulent un maximum de points.

Le tour d’un joueur consiste à choisir entre deux actions, déplacer Nessie et le prendre en photo, ou de mouvoir un de ses photographes.

Le plateau de jeu représente le Loch avec des cases et des traits qui symbolisent le chemin emprunté par Nessie. Si à la fin du déplacement de la créature déterminé en lançant un dé, un photographe se trouve à proximité immédiate (adjacent à une ou plusieurs parties du monstre), il le prend en photo. Ensuite, il pioche aléatoirement de une à trois tuiles (valant entre un et cinq points) et garde uniquement la tuile de plus grosse valeur.

La partie s’arrête quand toutes les tuiles Photo ont été remportées. Le joueur avec le plus de points devient le photographe officiel de Nessie pour la prochaine saison touristique.

Vite, il faut prendre la photo !

Un monstre gentiment familial…

Loch Ness, de l’auteur allemand Walter Obert, présente un graphisme adorable, en adéquation avec le public visé, les enfants et leurs parents. Toutefois, l’âge indiqué par l’éditeur italien, à partir de quatre ans, semble très fantaisiste. La petitesse des cases, la minutie pour déplacer Nessie (en trois parties) correctement, les icônes minuscules et même les mécanismes proposés comme le décompte final des points qui comporte une succession d’additions correspondent à la motricité fine et aux capacités intellectuelles acquises par des enfants d’environ sept / huit ans. Il est dommage qu’un éditeur informe de manière erronée le potentiel acheteur.

Mais Nessie, arrête de bouger !

Sinon, Loch Ness demeure un jeu simple que l’on aime pratiquer entre adultes et dans un cadre familial, avec des enfants âgés de sept ans au moins. On remarque une proportion importante de facteurs aléatoires, lancer le dé pour le déplacement du monstre, la pioche des tuiles Photo. Cependant, le matériel mignonnet et la durée des parties, environ une vingtaine de minutes compensent cette sensation de maîtrise minime, le but n’étant pas d’offrir un jeu aux vertus réflexives, mais divertissant et amusant. En cela, l’objectif est atteint de jolie manière.

Et bien voilà, elle est loupée à cause de toi, Nessie !

On apprécie de sortir au nez et à la barbe de ses concurrents des tuiles rémunératrices, comme on se gausse d’une main poisseuse avec des photos de piètre qualité, le rire et les sourires accompagnent chaque partie de Loch Ness, une performance notable. Les neurones n’interviennent que rarement mais la réflexion n’est pas totalement absente, avec des décisions sommaires à prendre comme positionner avantageusement ses photographes autour du Loch.

Si les règles de base se suffisent à elles-mêmes, les variantes proposées renforcent la qualité globale du jeu, avec une éventuelle prise de risque lors de la pioche des tuiles photo ou une meilleure mainmise sur le lancer de dé avec la possibilité de se défausser d’une tuile pour augmenter ou diminuer le potentiel de déplacement de notre amphibien préféré.

Voici quelques belles photos (celles avec le chiffre 5)