Critique Orc Wars [2014]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le lundi 3 mars 2014 à 00h07

« A nous, sales petits enfoirés malodorants! »

Dans le ciel de Némis, l’un des Neuf Royaumes (petite référence à Yggdrasil et à la mythologie nordique ou simple hasard? Impossible à dire), les astres entrent en conjonction. Un portail va s’ouvrir. Sur le fait d’une colline, un prêtre Orc hurle des invocations devant une immense foule de dix guerriers.

Porphyre! La crasse immonde de Némis!
Vermine putride de Felmanek!
Démon déchu de l’Enfer!
Nous t’offrons notre allégeance sans faille
Adoube de ta main notre chasse de ce soir
Et exauce nos prières!
Porphyre! Porphyre!

Pas la peine de gueuler, prêtre. Tourne-toi. Porphyre, il est juste derrière toi.

Et c’est sous la bénédiction, non pas d’un caillou comme pourrait le laisser penser son patronyme, mais d’une wyvern démoniaque se revendiquant dragon, que les Orcs asservis par les Soeurs Immortelles de Vurgersnarts (pas si immortelles que ça, en fait, on pourra s’en rendre facilement compte), sortes de vieilles sorcières enrubannées dans de vieux draps et glissant dix bons centimètres au dessus du sol, partent sur le sentier de la guerre. Commandés par les lieutenants Mâchoire (Adam Johnson) et Morsure (Isaac C. Singleton Jr.), la troupe (the M&M’s army, quoi), traverse en grognant le vortex reliant Némis à notre monde d’Edenock, avec pour missions d’éliminer le Sorcier, Sentinelle du Vortex, et de récupérer la princesse Aleya (Masiela Lusha), dernière de la lignée des Elfes. Un sacré programme. Cependant, et cela ils l’ignorent encore, cette fameuse Sentinelle n’est pas du genre à se laisser emmerder par une armée de cosplayers fans du Seigneur des Anneaux, aussi motivés soient-ils. Les Orcs vont donc tomber sur un os. Et un gros. Du genre fémur de brontosaure.

Tout d’abord, il faut savoir que cette nouvelle Sentinelle (la précédente est héroïquement morte d’une crise cardiaque), ce John Norton (Rusty Joiner), il n’avait rien demandé. Tout ce que désirait ce soldat vétéran dépressif était de s’installer dans un bled perdu pour y ruminer sa mélancolie dans un vieux rocking-chair. Seul, et en paix, comme un poor lonesome cowboy. Même les avances de Katie (Clare Niederpruem), la jolie employée de  l’agence immobilière qui l’a conduit ici, ont laissé de marbre ce militaire au physique de chippendale. C’est dire. Alors, imaginez sa déception en voyant débouler dans le coin une blonde apeurée au physique étrange («Qu’avez-vous aux oreilles?" lui demande, lors de leur première rencontre, un John Norton décidemment très observateur) poursuivie par une horde de grosses brutes aux démarches simiesques, belliqueuses et vociférantes. Pétri de bonnes intentions, Norton a d’abord tenté de les raisonner, du style « Messieurs, vous êtes sur une propriété privée, vous n’avez rien à faire ici. Veuillez vous en aller s'il vous plait».  Mais quand la réponse des Orcs l’a envoyé au tapis via un bon crochet du gauche, John Norton a compris que ces visiteurs mal embouchés n’ont que de très vagues notions de la diplomatie.

Il faut aussi dire que ces Orcs sont très motivés car la sorcière leur met la pression. Et ils sont heureux d’avoir enfin trouvé la vraie sentinelle. La première rencontre avait été, en effet, synonyme de déception, à savoir un trio de chasseurs encore plus cons qu’eux. Les Trois Stooges, en version redneck. «Es-tu le Sorcier? Avait demandé Morsure à l’un d’eux (oui, parce que ces Orcs pratiquent le Commun de la Perfide Albion). «Euh... Non, j’ai été adopté. Vous faites une reconstitution de la Guerre Civile, c’est ça?» répondit alors celui répondant au nom de Scooter (Maclain Nelson). Même l’Orc est en resté comme deux ronds de flan                                                                                                                                                           Notons que ce Scooter sera d’ailleurs sauvé par l’intervention d’Aleya. Les deux autres, guère plus futés, auront moins de chance, et devront s’essayer à de rustiques techniques de coloscopies. Bref, tout ça pour dire que les Orcs sont contents d’avoir réussi à débusquer la Sentinelle du Vortex. Par contre, fidèles aux idées que l’on se fait communément de leur race, ils affichent tous des profils de débiles dégénérés.

Ainsi, bien que cela fasse des éons que les Orcs profitent de chaque conjoncture planétaire, pour aller faire chier la Sentinelle gardant le vortex de notre monde, ces créatures stupides persistent à se comporter comme si elles ne connaissaient pas les capacités destructrices des armes à feu. Elles continuent donc à se faire plomber comme des lapins, alignées sans chercher à se mettre à couvert, en gesticulant comme pour attirer les balles. Au final, ne manquant pas de ressources dans le domaine militaire (elle dispose même d’un vieil half-track), la Sentinelle du Vortex  pulvérise les records de body counter établis jadis par les gros bras hollywoodiens des années 80. De plus, John Norton n’est pas seul. Il est entouré de ses amis. Bon, ok, ils sont un peu bizarres mais on aurait tort de se fier aux apparences. Il suffit, pour s’en rendre compte, de voir le shaman Plume Blanche (Wesley John), projection amérindienne de Yoda (c’est le guide spirituel de John Norton), conduire le half-track en pleine bataille alors qu’il est... aveugle! Oui, aveugle ! Juste guidé par la voix de Scooter - il s’est réfugié auprès de la Sentinelle du Vortex après avoir échappé aux Orcs. Il y a également Katie, la fille de l’agence immobilière. Une dingue des armes à feu, une émule de Melissa Bachman, aussi à l’aise avec un M-82 qu’un vétéran de l’opération Tempête du désert, transformée en exterminatrice par la destruction accidentelle de sa voiture de fonction.

Mais les Orcs persistent. Ils attaquent même avec une miniature de catapulte à l’échelle 1/58ème. Ils tentent tout pour satisfaire leur reine, qui a des plans bien établis concernant le sort de la princesse. «Ils trouveront la fille et lui arracheront ses vêtements, ils graveront leurs noms sur sa chair d’où coulera (oui, car l’Orc n’est pas un as de la grammaire) des rivières de sang. Ensuite, ils lui trancheront les veines des pieds et la feront monter sur une couronne de poignards jusqu’à ce que la plus petite goutte de son précieux liquide vital ait quitté son corps!» C’est ce qu’avoue Morsure, capturé temporairement (oui, les agents des Forces Spéciales ne sont pas des Navy Seals, ils ne sont pas experts en noeuds marins) par John Norton et soumis à la torture de la gégène 9v.  Au final, n’arrivant pas à leurs fins par des moyens classiques, ils font appel à leur dieu: Porphyre le Dragon! Oui, rappelez-vous ! La vermine putride de Felmanek!

Je ne vous dévoilerai rien du combat épique entre le monstre ailé et les héros, pas plus que je ne dévoilerai l’issue de cette guerre inter dimensionnelle (et l’idée de génie de Morsure, qui voit d’un coup son QI grimper de 60 à 80).  Je rajouterai juste que Kohl Glass, le réalisateur, a tout fait pour que son œuvre soit aussi débile de la première minute à la dernière. Le spectacle n’en est toutefois pas si insupportable. En effet, lorsque le téléaste accepte de jouer la carte de la grosse blague potache, le film fonctionne même assez bien. En ces occasions, on découvre un John Norton assez proche du personnage d’Ash Williams, héros de la trilogie Evil Dead. Et, par un phénomène de domino, l’attitude ridicule des Orcs apparaît comme faisant partie intégrante d’une énorme comédie geek. Malheureusement, cet hymne à l’autodéfense et au second amendement (« Ils ont amené leur guerre chez moi, alors, je serai prêt à les recevoir », dit à un moment John Norton) ne conserve jamais très longtemps cet aspect comique. Et le spectacle devient chiant.

Par contre, techniquement, Orc Wars est loin d’être un produit honteux. Les maquillages et prothèses des Orcs sont corrects, notamment ceux de Morsure et Mâchoire. Le concept design et l’animation du dragon sont assez convaincants, même si pour un dragon, Porphyre est un peu trop petit. Enfin, à aucun moment, l’on a droit à des mouvements de caméra erratiques ou des défaillances dans le registre de la photographie. Les problèmes du film viennent donc principalement, en plus de son scénario totalement débile et de ses dialogues à deux balles, d’un montage incohérent lors des séquences de combat (on saute du coq à l’âne; les personnages se retrouvent téléportés au gré des évènements) et d’un manque total d’originalité lors de sa mise en scène, qui fait qu’à aucun moment l’on a la sensation d’assister à autre chose qu’un vulgaire téléfilm. Cela manque donc cruellement d’ambition et d’inventivité.

La conclusion de à propos du Film (Direct to Vidéo) : Orc Wars [2014]

Auteur Nicolas L.
35

Dommage que Kohl Glass n’ait pas plus appuyé les aspects potaches et geeks de son œuvre. Car, dans ces moments, Orc Wars est vraiment drôle. Malheureusement, le cinéaste n’a pas réussi à persister (ou voulu le faire) dans cette démarche parodique. Le film, avec son scénario stupide, ses dialogues débiles et sa réalisation sans génie, est donc au final un spectacle chiant, doté de quelques fulgurances burlesques.

On a aimé

  • Quelques passages bien drôles
    Une réalisation propre

On a moins bien aimé

  • Un scénario débile
    Des dialogues stupides
    Une réalisation sans intérêt
    Un aspect potache pas assez poussé

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