Critique Yor, le chasseur du futur [1983]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le samedi 18 décembre 2010 à 15h45

Le chasseur venu d’aYor

Yor est un blondinet glabre et body-buildé qui court dans l’arrière pays turc à la recherche de son passé. Armé de sa hache en mousse de latex, chaussé de ses bottes en poils synthétiques, ses attributs masculins dissimulés sous le slibard de Rahan (rappelez-vous ; le fils des âges farouches), il saute de rochers en rochers, franchit les rivières, traverse les plaines, arborant toujours le même sourire niais, jusqu’à ce qu’il rencontre Corinne Clery, qui a eu la mauvaise idée de quitter son fauteuil en osier (pour les étourdis, elle a dans les années 70 porté le prénom chantant d’Emmanuelle) pour la préhistoire uchronique. A ce moment, elle est en effet sous la menace d’un immense tricératops en caoutchouc monté sur rails et, sans l’intervention de Yor, aurait probablement finie dévorée par ce terrifiant herbivore. Et oui, malheureusement, dans les années 80, la mode n’était pas encore à l’épilation totale du maillot. Pensez-y, mesdames, avant de vous aventurer dans la brousse, cela peut vous sauver la vie, c’est Yor qui le dit !

Bref, accueilli comme un sauveur par la tribu de Ka-Laa (oui, c’est ici le nom de l’ex-James Bond girl), Yor se voit donner quelques indices sur ses origines. Le patriarche du village a en effet vu le pendentif qu’il porte au cou de la reine des hommes des montagnes, des troglodytes à l’hygiène dentaire douteuse, vêtus comme des bédouins et armés de tridents de flammes. Par Crom, quelle coïncidence ! Aussitôt dit, aussitôt fait, voilà notre héros parti pour ces lieux périlleux, accompagné de Ka-Laa et du vieux Pag (Alan Collins, de son vrai nom Luciano Pigozzi, un spécialiste du bis italien et meilleur acteur de ce film). Là, dans les montagnes, il va faire la connaissance d’Ena, apprendre qu’il vient des étoiles, et que sa race subit désormais le joug d’Overlord, un seigneur noir en mousse qui a créé une armée d’androïdes en toc.

C’est Red Brown qui interprète Yor. C’est bien simple : cet acteur dont le jeu se limite à deux expressions est aussi crédible en homme préhistorique que Sim en Godzilla. Les plus cinéphiles d’entre vous se souviendrons de son physique de jeune premier qu’il utilisait mieux dans Ssssnake: le cobra ou dans L'épée sauvage. Mais ils n’auront pas non plus oublié qu’il était absolument ridicule dans la peau du Captain America (à sa décharge, il n’était pas aidé par la qualité du film). Ici, il tente en vain d’imiter un Tarzan d’opérette et n’arrive finalement qu’à nous faire rire (ce qui est déjà pas mal, vous me direz), d’autant plus que toutes ses actions héroïques sont appuyées par la musique R.E.R. (rock-électro-ridicule) des frangins De Angelis évoquant un peu la bande originale de Flash Gordon (qui était l’œuvre de Queen, et déjà bien R.E.R.).

Le méchant se nomme Overlord. Pour le représenter, le réalisateur, Antonio Margheriti (qui signe ici, comme d’habitude, sous le nom d’Anthony M. Dawson) a hésité entre le look de nécromancien à la Dungeons & Dragons et celui de l’empereur Ming. Au final, il n’obtient qu’un machin à capuche, extrêmement cabot, qui lance des sorts moisis qui font boing ! boing ! et zip ! Mais, attention ! Il serait une erreur de le sous-estimer car ce vil scélérat dirige une redoutable légion d’androïdes. Bon, le seul problème est qu’il suffit d’appuyer sur un bouton pour les mettre tous hors service. Ce que la résistance ne va pas manquer de faire… et Overlord de se retrouver fort marri… et un brin ridiculisé. D’ailleurs, le comédien John Steiner a tellement honte d’interpréter un crétin pareil qu’il fait tout pour dissimuler son visage sous la capuche de sa panoplie de super villain.

Dans Yor, chasseur du futur, l’action est omniprésente, trépidante. Enfin, j’exagère un peu. Le héros va combattre deux monstres préhistoriques (on ne voit que la tête, le reste relève de votre capacité à l’imaginer) et des hordes de robots en tenues de cuir, portant des masques piqués dans une boutique de fans de Star Wars ; repousser des attaques de Néanderthal ; traverser la mer en pleine tempête d’évier ; faire du deltaplane en ptérodactyle ; explorer un immense complexe futuriste ; se retrouver sur une table d’opération et enfin piloter un vaisseau spatial Heller et manipuler des ordinateurs en carton (oui, car c’est dans ses gènes). Une tâche énorme, d’autant plus qu’il n’est pas aidé par la présence de deux cruches qui ne cessent de lui coller aux basques (en poils de yach).  Un aspect qui mérite d’ailleurs d’être développé.

La première, on l’a vu plus haut, c’est une Corinne Clery au brushing impeccable qui, ici, et on peut le regretter, n’enlève ni le haut ni le bas. Par contre, elle ne dit presque rien, et là c’est tant mieux. La deuxième, c’est Carole André, une autre comédienne française, qui s’était illustrée dans les années 70 avec son rôle de lady Marianne dans la sympathique série Sandokan. Très jolie brunette aux yeux bleus, au charme certain, elle aurait pu faire une belle carrière dans la Hammer si elle était née quelques années plus tôt. Dommage pour elle, elle doit se contenter de jouer la cruche de service dans un nanar où elle délivre deux lignes de dialogues et subit une mort pathétique. On a aussi droit à la présence d’un autre personnage féminin, à la durée éphémère : Rea. Membre d’une tribu balnéaire aux mœurs hippies, elle est interprétée par une inconnue (Ayshe Gul, d’après imdb) qui débite son texte comme un élève de CM1 appelé au tableau.

En récupérant l’histoire d’une célèbre bande dessinée italienne des années 70, Antonio Margheriti voulait sans doute proposer au public une sorte de divertissement bon enfant et aventureux. S’il n’échoue pas vraiment dans le fond (la démarche est bien ressentie), on ne peut pas vraiment en dire autant de la forme. Yor, chasseur du futur est un effet un film au look extrêmement kitch, affublé d’une réalisation fauchée qui laisse apparaitre toutes ses failles (les effets spéciaux sont ridicules) et plombé par un lamentable niveau d’interprétation. Evidemment, tous ces aspects amènent directement ce métrage dans le registre du nanar assez rigolo. Pour les amateurs.

La conclusion de à propos du Film : Yor, le chasseur du futur [1983]

Auteur Nicolas L.
30

En récupérant l’histoire d’une célèbre bande dessinée italienne des années 70, Antonio Margheriti, voulait sans doute proposer au public une sorte de divertissement bon enfant et aventureux. S’il n’échoue pas vraiment dans le fond (la démarche est bien ressentie), on ne peut pas vraiment en dire autant de la forme. Yor, chasseur du futur est un effet un film au look extrêmement kitch, affublé d’une réalisation fauchée qui laisse apparaitre toutes ses failles (les effets spéciaux sont ridicules) et plombé par un lamentable niveau d’interprétation. Evidemment, tous ces aspects amènent directement ce métrage dans le registre du nanar assez rigolo. Pour les amateurs.

On a aimé

  • Une ambiance bon enfant
  • Pour les amateurs de nanars kitchs

On a moins bien aimé

  • Une réalisation cheap
  • Des effets spéciaux ridicules
  • Une interprétation poussive

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