Critique Delivery [2009]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le mercredi 4 novembre 2009 à 15h31

La revanche du pizzaiolo

Montgomery Goth est la parfaite matérialisation du concept de loser. Obèse, l'intellect limité, ce pauvre garçon orphelin ( son père cocu a descendu sa mère avant de s'exploser la tête devant le voisinage) et solitaire remplit difficilement les obligations de son emploi de livreur de pizza. Rejeté de tous, il partage sa triste existence entre des journées où il essuie quolibets et humiliations et des nuits au sommeil agité, peuplées de fantasmes sexuels et de terrifiants cauchemars. Jusqu'au jour où son destin va l'amener à croiser celui d'une jolie jeune femme, Bibi, qui va deviner l'homme tendre et sensible enfoui sous cette enveloppe ingrate.

Avec Delivery, on ne peut pas dire que Jose Zambrano Cassella ait porté son choix sur un récit original et surprenant. Non, l'histoire de Montgomery Goth suit le même canevas que bon nombre d'autres slashers et thriller horrifiques, où un paria introverti, à force de subir privations et sévices psychologiques, finit par sombrer dans la folie meurtrière. Pris de démence, l'ex-supplicié se débarasse alors de manière violente, souvent graphiquement poussée, de tous ses tortionnaires, en général des crétins, aussi bêtes que méchants.

L'interet de Delivery repose donc essentiellement sur le traitement qui lui est appliqué. Un traitement que le réalisateur a délibérément choisi posé, à la limite du drama social. Pendant plus d'une heure, l'on assiste donc aux malheurs, non pas d'Alfred, mais de Monty, maltraité par un employeur infect qui s'impose également comme son tuteur, méprisé par ses collègues et n'inspirant à la clientèle que dégout ou moqueries. Le tout est construit sur un rythme (mais sans la richesse de fond, bien évidemment) évoquant plus les critiques sociales d'Amos Kolek que les slashers actuels. Cassella n'oublie pas non plus de glisser quelques pointes d'un humour noir qui va gagner en importance lorsque le récit va basculer dans l'horreur.

On voit donc ainsi Monty devenir le jouet de jeunes pétasses portées sur les papouilles saphiques, l'objet de moquerie des gosses du quartier et la cible de la cupidité d'une gérante de fourrière. Puis vient l'élément déclencheur: sous la pression de son frère (un collègue de Montgomery), Bibi finit par repousser le pauvre garçon amoureux. La goutte d'eau qui fait déborder le vase, d'autant plus qu'il a désormais goutté aux plaisirs charnels et qu'il en redemande. Montgomery Goth, fils d'une ivrogne nymphomane et d'un pizzaiolo suicidaire, saisit alors couteau, perceuse et batterie electrique et part dans sa croisade sanguinaire et vengeresse.

Les meurtres, s'ils ne sont pas très nombreux, sont plutôt amusants et bien mis en scène. J'aime particulièrement la séquence la plus loufoque, où Monty electrifie le gazon devant la maison des pétasses qui, bien entendu, ne vont pas hésiter à s'y aventurer nus pieds. Celle de la fabrication de la pizza aux organes humains (ceux du gérant assassiné quelques instants plus tot), bien craspec, vaut également le coup d'oeil.

Jose Zambrano Cassella a également eu le nez fin en confiant le rôle principal à Matt Nelson, un acteur manquant d'expérience. Le comédien est donc souvent crispé, parfois amorphe, donc en parfaite harmonie avec ce personnage timide et maladroit. Même quand il craque pour devenir un tueur impitoyable, il garde ce degré de mollesse qui fait que l'on reconnait dans le personnage un homme brisé et sans ambition. Il est à noter que le reste du casting fournit une prestation d'ensemble d'un niveau bien supérieur à celui rencontré habituellement dans les low budgets (Delivery a bénéficié d'un budget ridicule de $6,000).

La conclusion de à propos du Film (Direct to Vidéo) : Delivery [2009]

Auteur Nicolas L.
45

Avec Delivery, Jose Zambrano Cassella fait beaucoup mieux que nous offrir une série Z de plus. Son film est fauché mais soigné, assez bien maitrisé techniquement et il dégage sa propre atmosphère. Il était difficile de faire beaucoup mieux avec $6,000. Par contre, il aurait pu travailler un peu plus le scénario, absolument pas original, ni surprenant. Un petit film, certes, mais finalement assez sympathique.

On a aimé

  • Un travail soigné, au regard du budget
  • Une atmosphère bien entretenue
  • un brin d'humour noir
  • La performance de Matt Nelson

On a moins bien aimé

  • Un thème usé jusqu'à la corde
  • Un scénario guère surprenant
  • Réalisation fauchée

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