Rod Serling and The Twilight Zone > Bienvenue dans la "Quatrième Dimension"

En forme d'introduction

Loin, très loin de la débauche d'effets spéciaux et du déluge pyrotechnique qui caractérise notre cinéma actuel, il y avait une petite série TV en noir et blanc qui, modestement, avait entrepris de jouer au chat et à la souris avec l'imaginaire, tout simplement d'inclure l'indicible, le merveilleux aussi bien que l'inquiétant dans la banalité de notre quotidien: La Quatrième Dimension.
Avant tout, soyons clairs : la série que nous avons l'habitude de nommer Quatrième Dimension devrait en fait être appelée Cinquième Dimension (les faits donnant raison à la chaîne défunte « La Cinq » qui décida de la baptiser ainsi), car c'est non seulement la seule évoquée au générique, mais il est communément admis depuis Einstein que la quatrième dimension est le temps. Un point de détail certes, mais surtout une précision visant à respecter le choix d'un homme pour qui la Twilight Zone allait devenir une véritable terre de libertés, un exutoire sonore, visuel et surtout mental aux interdits de la télé des sixties !


Le 2 octobre 1959, sur un écran de télévision devenu noir apparaît un fond d'étoiles. Une voix off - celle de Rod Serling lui-même - délivre le texte de présentation qui deviendra aussi fameux que l'émission :
« Il existe une dimension au-delà de ce qui est connu de l'Homme ; c'est une Dimension aussi vaste que l'Univers et aussi éternelle que l'Infini : elle est à la croisée de l'ombre et de la lumière, de la science et de la superstition, elle est le point de rencontre des ténèbres crées par les peurs ancestrales de l'Homme et de la lumière de son savoir, c'est la dimension de l'imagination, un domaine que nous avons baptisé... The Twilight Zone ! »
Du centre de l'univers, les mots Twilight Zone surgissent et s'effacent. Une silhouette solitaire fait alors son apparition. Elle déambule dans un paysage fantastique, onirique, comme si elle en était le maître... Le maître ? Mais IL est le maître de la Twilight Zone, Rod Serling, notre hôte, notre guide, le narrateur qui va nous présenter les histoires qui vont suivre.

Rod Serling : Un génie ?


Rod Serling, est né dans l'Etat de New York, à Syracuse, le 25 décembre 1924. Fils d'un boucher, le jeune Rod connaît une enfance dominée par la passion des sports. Devenant boxeur amateur, il gagne la plupart de ses matches, acquérant au passage un profil qui restera caractéristique.
Durant la deuxième guerre mondiale, Serling est parachutiste. Son goût de l'aventure, et son courage, lui valent d'être décoré de la médaille des Purple Hearts. Le contact de la guerre, et de ses atrocités, vont éveiller en Rod Serling un désir, une envie qu'il ne peut faire disparaître par le seul jeu des exercices physiques. Dès lors, sa carrière littéraire se prépare.
Étudiant à l'université d'Antioch après la guerre, Rod Serling se met à écrire, couchant sur le papier les méandres de l'esprit humain, se purgeant, en quelque sorte, des années de guerre. Le marché en expansion, pour les jeunes écrivains de l'époque, est celui de la radio, et c'est cette voie que Rod Serling décide d'emprunter.
Les premiers résultats ne sont pas conformes à ses espérances : plus de quarante de ses scénarii sont rejetés. Finalement, Rod Serling réussit à placer ses textes auprès d'une station de Cincinnati, mais ses histoires, riches en fantaisies, et ses personnages hautement introspectifs, se heurtent - déjà !- aux censeurs et aux directeurs de chaînes... Ceci va être le point de départ d'une longue carrière, brillante certes mais frustrée par le combat éternel de Serling, s'évertuant à faire accepter ses idées, ses thèmes, et ses façons de les traiter.
Il rencontre sa femme Carol en 1946 et l'épouse, deux ans plus tard, mettant ainsi sa réputation de séducteur au placard. Un mariage qui lui apportera une sécurité émotionnelle et renforcera sa créativité.
En 1949, il obtient le second prix d'un concours de scripts radiophoniques puis il se fait la main avec des documentaires sonores sur l'histoire des villes, avant d'entrer dans l'univers télévisuel, en 1951. En tant que free-lance, il est l'auteur de nombreux scripts pour des fictions régulières comme le Hallmark Hall Of Fame, Suspense ou Studio One.
Le succès ne tarde pas à venir, en janvier 1955, sa première pièce télévisée, Patterns, une histoire d'intrigues au sein d'une grande compagnie, est acclamée par la critique et gagne un Emmy Award. Le premier d’une longue liste d’Emmys que Rod Serling va recevoir au cours de sa carrière. « Une minute après le début de la diffusion de Patterns, avouait-il, le téléphone s'est mis à sonner, et ne s'est jamais arrêté depuis! » Remportant un succès considérable, la dramatique est reprogrammée le mois suivant à la demande du public, et apporte à Rod le respect de la profession (vingt-trois propositions de contrat en deux semaines !). Un an plus tard, on en tire un film sous la direction de Fielder Cook, déjà responsable de la réalisation télé.
En 1956, sa deuxième pièce, Requiem for a Heavy Weight gagne non seulement un autre Emmy, mais aussi le premier Peabody Award jamais conféré à un écrivain. En 1956, Rod Serling travaille sur différents scripts pour Playhouse 90, une série truffée de stars aussi bien du côté des réalisateurs que des acteurs (Boris Karloff, Charlton Heston, Vincent Price et bien d'autres...)
Rod Serling supporte de moins en moins les tabous poussiéreux et la censure de la télévision américaine. Dans ces scripts, il essaie d'attirer l’attention aussi souvent qu'il le peut sur divers problèmes de société, mais il est à chaque fois obligé de les édulcorer pour les faire accepter, car tout thème sujet à controverse est impitoyablement balayé. Tout parallèle avec une situation politique ou sociale est proscrit ainsi que la moindre critique portant sur des individus ou des lobbies puissants.
Ultime tabou : Les sponsors, qui apportent la manne céleste. Leur pouvoir décisionnaire est colossal au point (anecdote authentique) de gommer à l'image le building Chrysler lorsqu'il apparaît par la fenêtre dans un programme sponsorisé par Ford. Pratique courante : Nombre d'idées ou de répliques sont retouchées ou supprimées pour faire plaisir aux sponsors.
Auteur infatigable, prolifique, mais aussi soucieux de qualité, Rod Serling va trouver un moyen de contourner l'obstacle : La science-fiction. Par ce biais, il peut en effet aborder entre les lignes des thèmes délicats comme les conflits raciaux ou les inégalités sociales.
The Comedian, sa troisième pièce, remporte également un Emmy, faisant de Rod Serling l'auteur ayant gagné le plus d'Emmys dans l'histoire de la télévision américaine (six en tout, dont trois pour Twilight Zone et Night Gallery).
Un jour de 1957, il exhume un vieux script écrit peu après ses études, le remodèle et le soumet à la chaîne CBS sous le titre The Twilight Zone : The Time Element. Il ne sait pas encore à quel point ce scénario va devenir pour lui synonyme de liberté d'expression. Enterré par CBS, le script sera finalement acheté par le producteur de Playhouse 90 pour devenir un épisode de ce programme. L'histoire : Un individu convaincu d'avoir remonté le temps essaie de prévenir les autorités de l'époque de l'attaque de Pearl Harbour.
Vu l'accueil chaleureux réservé à l'épisode par le public, on décide sur-le-champ d'en tirer une série à part entière : The Twilight Zone. Un titre que Serling croyait avoir inventé, mais il découvrira plus tard que ce terme désigne en aéronautique l'instant où un pilote, pendant l'atterrissage, ne distingue plus l'horizon...

L'aventure commence !

Avant de vous présenter chaque saison, et à titre anecdotique, voici les cultissimes petits textes d’introduction de chaque épisode. Ils y’en a eu plusieurs différents tant dans la version française qu’en V.O.


Apprêtez vous à entrer dans une nouvelle Dimension, qui ne se conçoit pas seulement en terme d’Espace, mais où les portes entrebaîllées du Temps peuvent se refermer sur vous à tout jamais… La Quatrième Dimension !
Au delà des classiques notions d’Espaces, où l’homme projette ses pas, il est une dimension où peuvent se glisser par les innombrables portes du temps, ses désirs les plus fous. Une Zone où l’imagination vagabonde entre la science et la superstition, le réel et le fantastique, la crudité des faits et la matérialisation des fantasmes. Pénétrez avec nous dans cette zone entre chien et loup, par le biais… de La Quatrième Dimension !
Nous sommes transportés dans une autre Dimension. Une Dimension faite non seulement de paysages et de sons, mais surtout d’Esprit. Un voyage dans une contrée sans fin dont les frontières sont notre imagination. Un voyage au bout des ténèbres où il n’y a qu’une destination : La Quatrième Dimension !
Nous sommes transportés dans une autre Dimension. Une Dimension inconnue de l’Homme. Une Dimension faite non seulement de paysages et de sons, mais surtout d’Esprit. Une Dimension sans espace, ni temps, mais infinie. C’est un voyage dans une contrée dont la seule frontières est notre imagination. Un voyage dans les ténèbres. Un voyage au bout de la peur, aux tréfonds de nous-même. Un voyage dans la Quatrième Dimension !
Au delà des classiques Dimensions où l’Homme projette ses pas, il en est une par où s’échappe ses désirs les plus fous. Un champ d’hypothèses entre le réel et le fantastique. Pénétrez dans cette zone où vagabonde l’imagination, via… La Quatrième Dimension !
Un voyage ! Le voyage vers l’inconnu, dans des contrées jamais explorées. Un voyage dans des lieux où l’imagination est dépassée. Notre destination : La Quatrième Dimension !
Au delà des Dimensions classiques où l’Homme projette ses pas, il en est une où s’échappe ses pensées les plus folles. C’est une Dimension aussi vaste que l’Espace, aussi démesurée que le Temps. Un reflet changeant entre l’ombre et la lumière. Un champ d’hypothèses entre la science et la superstition. Un terrain glissant entre l’abîme de nos frayeurs et la cime de nos connaissances. Sublimant l’imagination, faisant éclater l’irrationnel, nous l’appelleront simplement : La Quatrième Dimension !
Vous allez pénétrer dans une autre Dimension, élargir votre cadre de vie habituel et déboucher dans une zone où la réalité peut à tout instant basculer dans le Fantastique. Attention ! Vous entrez dans la Quatrième Dimension !